Research Studies/Études & Recherche : — [Studies - Multiple Instrument Works / Œuvres à Instruments Multiples ou Égaux] —
MY NAME IS (STEVE REICH)quatrième partie / Part 4 |
Presentation(Edit)
MY NAME IS
Steve Reich
1967.
Durée approximative | — 7 à 15 minutes | |
Dates de composition | — 1967 | |
Création | — novembre 1967 - (Nov. 1967), New York, School or Visual Arts (Arthur (“Art” Bixler) Murphy et Steve Reich), Fall Gallery performances (or concerts) — août 1968 - (Aug. 1968), Sacramento, State College Art Gallery, University of Colorado, part of theatrical event Over Evident Falls (William T. Wiley et Steve Reich) — septembre 1968 - (Sept. 1968), San Francisco, Hansen-Fuller Gallery — 6 janvier 1981 - (Jan. 6, 1981), version My Name Is : Ensemble Portrait, Whitney Museum, Manhattan NYC (Steve Reich and Musicians), - Whitney Museum (programme 1981) (pdf) | |
Dispositif : | — pour 3 magnétophones enregistreurs ou plus, interprètes et public (ou sons fixés sur support) —— Three or more tape recorders, performers, and audience | |
Éditeur : | Boosey & Hawkes — — indication : for 1 or more performers, computer with multi track audio software, and audience — [info (Boosey & Hawkes)] |
Description(Edit)
In the Spring of 1967, Reich took part in an exhibition in Philadelphia consisting of small editions of prints and reproducible sculptures, which were then offered for sale at a reasonable price. For this, Reich made a piece using cheap cartridge cassette machines. This was based on a tape of the voices of various artists contributors to the show saying ‘Buy art !’ or ‘Buy art, buy art !’ ; Andy Warhol was among whom he persuaded to record for him. He then made three identical copies of a cartridge containing an ordered version of these snippets, and let them run simultaneously, played back on separate machines in different locations within a space. The cassette machines soon ran wildly out of synchronisation, and the result — entitled, rather inevitably, Buy Art, Buy Art — was an uncontrolled phasing process, producing ‘a tacky overlay of the whole show’. Also in 1967, Reich composed a somewhat similar piece entitled My Name Is which, unlike Buy Art, Buy Art, he notated as a score. In this, members of the audience are invited to speak their own first names into a microphone, preceded by the words ‘My name is’ ; the resulting recordings are made into loops and phased against each other in a more rigorous fashion that in Buy Art, Buy Art. At the première, in November 1967 at the School of Visual Arts in New York, one of the obliging members of the public was Marcel Duchamp. — (Keith Potter, "Four Musical Minimalists: La Monte Young, Terry Riley, Steve Reich, Philip Glass") | My Name Is est une œuvre du compositeur américain Steve Reich écrite en 1967 pour bande(s) magnétique(s). Cette pièce pour bande magnétique fut écrite en 1967, et fait suite à Buy Art, Buy Art, une courte pièce expérimentale fruit d'une commande d'une galeriste de Philadelphie (Audrey Sable), dont Reich adapte le procédé et le formalise en en faisant la transcription musicale. My Name Is est constitué d'enregistrements des prénoms des personnes du public, dits par eux-mêmes et précédés de 'Mon nom est', qui sont ensuite remixés, mis en boucles, et déphasés les uns par rapport aux autres. La première mondiale fut donnée en novembre 1967 à la School of Visual Arts de New York avec Arthur Murphy et Marcel Duchamp dans le public. Voici une description de l'œuvre : Au printemps 1967, Steve Reich participa à Philadelphie à une exposition de petites éditions imprimées et de petites sculptures reproductibles qui étaient mis en vente à des prix très raisonnables. Steve Reich réalisa une œuvre avec des magnétophones à cassette portables. Sur la cassette lue par les magnétophones, il enregistra les voix des différents artistes qui participaient à l'exposition disant ‘Buy art !’ (Achetez de l'art !) ou ‘Buy art, buy art !’ (Achetez de l'art, achetez de l'art !) ; Andy Warhol a été un des artistes contributeurs qui a accepté d'enregistrer sa voix. Il fit trois copies identiques de la cassette contenant ces enregistrements ordonnés et mis bout à bout, et les fit lire simultanément par les appareils. Très vite les lecteurs se sont désynchronisés les uns par rapport aux autres, et le résultat — intitulé inévitablement Buy Art, Buy Art — se rapprochait d'un processus de déphasage, mais là incontrôlé, produisant également une sorte de superposition avec l'exposition elle-même, comme un rapport littéral voire tautologique, en utilisant la liste des artistes participants [On peut aussi faire référence à d'autres pièces ou dispositifs de la même époque faisant appel aux contributions d'artistes ou à des aspects tautologiques (les noms) d'événements ou d'expositions : Louise Lawler, Birdcalls (1972) ; l'exposition Art by Telephone (1969) au Museum of Contemporary Art Chicago ; ou encore les projets contributifs de Maurizio Nannucci avec Zona Archives (1974)]. À la suite, en 1967, Steve Reich composa une œuvre assez proche en partant du même processus et qu'il appela My Name Is (Mon Nom Est), qu'il, à l'opposé de Buy Art, Buy Art, écrivit comme une partition. Dans celle-ci, les auditeurs du public (l'audience) étaient invités à dire et à enregistrer leurs prénoms à l'aide d'un microphone et d'un magnétophone, précédés des mots 'My name is' ; les enregistrements faits étaient ensuite mis en boucle et phasés/déphasés les uns par rapport aux autres, d'une manière beaucoup plus rigoureuse que dans Buy Art, Buy Art. Lors de la première, en novembre 1967 à School of Visual Arts à New York, l'un des membres du public était, entre autres, Marcel Duchamp. — (d'après Keith Potter, "Four Musical Minimalists: La Monte Young, Terry Riley, Steve Reich, Philip Glass") |
My Name Is (indications Steve Reich)(Edit)
Steve Reich, In Writings on Music, 1965-2000, Paul Hilier Ed., Oxford University Press, (2002), pp. 29-30 Steve Reich, CEAC, Convocation Hall, Toronto, 1976 | My Name Is (1967) My Name Is n’existe qu’en tant que partition-texte ; cette œuvre n’a jamais été publiée. Elle a été réalisée en 1967 pour contrer ce qui est appelé en musique le live electronics — John Cage, Karlheinz Stockhausen, etc. —, et l’intention principale était qu’au lieu de lire une ou des bandes magnétiques dans une salle noire, il s’agissait de tourner les boutons des appareils dans une salle pour une fois complètement éclairée. Ainsi quelqu’un de l’ensemble se tenait à l’entrée de la salle à l’arrivée du public et demandait à chacun des spectateurs : Pouvez-vous dire s’il vous plaît, mon nom est — et ensuite votre prénom. Donc vous enregistrez au fur et à mesure : Mon nom est X. Mon nom est Y. Ensuite vous prenez l’enregistrement de tous les spectateurs pour l’amener en coulisses durant la première partie du concert, et vous choisissez ce qui vous semble le plus intéressant mélodiquement parlant et vous faites trois copies identiques, sur cassettes, des noms enregistrés en boucle de chacun des spectateurs (une cassette = un spectateur). Après l’entracte, vous prenez trois lecteurs cassettes (monophoniques) équipés de haut-parleurs internes (lo-fi, pas hi-fi, ce qui convient mieux à cette œuvre), que vous installez sur une table et vous faites lire sur le premier lecteur un premier X, que vous agencez (rythmiquement et en décalage) avec un second X sur le second lecteur, puis avec un troisième X sur le dernier magnétophone. Apparaîtront des décalages et des déphasages qui seront où ils seront. Ainsi, après une minute plus ou moins, vous baisserez progressivement un X tout en mettant en lecture un Y en le faisant monter progressivement : donc vous aurez deux X et un Y, et ensuite, par la même opération, deux Y et un X, et puis trois Y - et ainsi de suite jusqu’à ce que vous arriviez jusqu’au dernier nom enregistré. Musicalement, vous aurez à accepter ce qui arrive quelque que soient les décalages produits. Psychologiquement, le résultat peut être intéressant parce qu’habituellement on dit son nom d’une manière plutôt désinvolte, voire ordinaire, sans apprêt, dans un lieu de passage comme un hall d’une salle de concert. Après avoir suivi la première partie du concert et du programme, le public est à présent assis calmement pour aborder la seconde partie, et ainsi la perception qu’ils peuvent avoir d’un tel moment (l’entracte, puis l’attente) les renvoient à eux-mêmes et à la façon dont un état va changer en un autre. Aussi entendre son nom de cette manière, [comme matériau joué dans une pièce musicale], tend à rendre les auditeurs plus attentifs — c’est un peu comme faire un croquis de gens à l’entrée de la salle — et il était préconisé que lors du même concert soient jouées des œuvres comme Pendulum Music. — (d'après Steve Reich) |
Performances(Edit)
— 1970 - UC Berkeley University Museum(Edit)
RADIO programme — KPFA-FM, Berkeley, CA ---- (KPFA english version).
My Name Is : starts at 17:58 — duration 6:08
A participatory piece with the audience ; in advance recorded voices are looped and so transcending the ordinary statement "my name is" into an abstract sound patchwork, discovering the rhythmic and melodic aspect of the human voice ; and in 1970 using solely tape loops, no synthesizer or sampler. A reflection also about identity - who am I, the name, or the personality expressed in my voice ?
— — — une œuvre faisant participer le public des auditeurs ; des voix enregistrées en avance par le public sont mises en boucle, magnifiant l'expression très ordinaire mon nom est en une mosaïque sonore abstraite, laissant découvrir tous les aspects rythmiques et mélodiques présents dans le parler quotidien ; et seulement en utilisant des boucles de bandes magnétiques, sans synthétiseur ni échantillonneur, et ceci en 1970. Il s'agit aussi d'une réflexion sur l'identité - qui suis-je ? est-ce que nom nom, ou ma personnalité, s'expriment au travers de ma voix ?
Steve Reich at UC Berkeley University Museum November 7, 1970 A live performance of four early works by Steve Reich: Four Organs, My Name Is, Piano Phase, and Phase Patterns. This performance marked an important moment in San Francisco Bay Area new music history with the triumphant return to the East Bay by Reich. The resonant acoustics of the University of California at Berkeley Museum’s concrete interior were especially appropriate for Four Organs, with its long additive sustained chords over a maraca pulse — The performers were Steve Reich, Steve Chambers, Warner Jepson, Art Murphy, and John Gibson. The capacity crowd occupied every conceivable area of the interior space, including walkway ramps suspended over gallery spaces. It was an electrifying evening ! — [Source] |
Un concert de quatre œuvres de début de carrière de Steve Reich : Four Organs, My Name Is, Piano Phase, et Phase Patterns. Ce concert a été un moment important dans l'histoire de la musique nouvelle dans la Baie de San Francisco avec le retour en triomphe de Steve Reich revenant de New York. L'acoustique large et résonante de la salle en béton du Museum de l'University of California at Berkeley a été mise au service de l'interprétation de Four Organs, une œuvre comprenant des accords longs de sons soutenus et qui s'additionnent les uns aux autres, accompagnés par les pulsations jouées au maracas — Les interprètes de ce concert étaient Steve Reich, Steve Chambers, Warner Jepson, Art Murphy, et John Gibson. La foule des auditeurs en grand nombre occupaient tous les recoins et espaces imaginables de la salle qui se trouva ainsi bien remplie, y compris les rampes des passerelles suspendues au-dessus des espaces de la galerie. Ce fut une soirée électrisante ! — [Source] |
(Recently released on Modern Silence label, 2016 |
— 2013 - Daniel Padden, Glasgow(Edit)
Steve Reich's 'My Name Is' performed by Daniel Padden from Daniel Padden on Vimeo, posted on 9 May 2014.
Daniel Padden performs My Name Is at The Glad Cafe, Glasgow on November 29th 2013. As people come into the concert venue someone records their names, and then goes away and edits the names onto tape loops on 3 separate tape recorders, in time to play these names back later in the concert.'' —— Daniel Padden (membre du groupe Volcano The Bear et fondateur du One Ensemble à Glasgow) interprète 'My Name Is' à The Glad Cafe à Glasgow le 29 Novembre 2013. À l'entrée du concert, un complice enregistre les noms de chaque spectateur puis réalise des séries de montages pour chaque nom sur des cassettes pour qu'elles soient lues et jouées par trois lecteurs magnétophones à cassette durant le concert. |
1974-1975 - Version My Name Is : Video(Edit)
(In Essay : Videotape and a Composer ; In Steve Reich, "Writings on Music, 1965-2000", Edited by Paul Hillier, Oxford University Press, 2002)
—— My Name Is (video) est simplement la version vidéo de ma pièce éponyme de 1967 pour trois ou plus magnétophones. Dans la version vidéo, les visages de trois ou plus hommes, femmes, ou enfants, sont vidéotés en gros plan, disant "My name is …" et leur prénom. Chaque My Name Is est ainsi réalisé et mis en boucle et dupliqué plusieurs fois sur une autre cassette ou support audio-vidéo sur une à deux minutes. Ensuite le support complété par les trois ou plus personnes disant "My name is …" est ensuite lu sur trois ou plus lecteurs séparés sur trois ou plus différents moniteurs en simultané, toutes les lecteurs commençant exactement en même temps. Les boucles identiques image et son sont joués sur les trois ou plus moniteurs et, à cause des différences minimes de vitesse de lecture entre les lecteurs, des imperfections des bandes vidéo, etc., les lectures commencent légèrement à se décaler ou se déphaser les unes par rapport aux autres, produisant ainsi des rondes ou des canons audiovisuels. Portraits est identique dans la procédure de réalisation et dans sa forme, mais légèrement différent quant au contenu. Dans cette œuvre, trois ou plus de personnes sont vidéotés en gros plan disant des mots [de leur choix] ou faisant des sons qui [pour eux] peuvent donner un aperçu à la fois direct et intuitif de qui ils sont. Une remarque décontractée ou banale accompagnée d'un geste singulier ou [modulée avec] une mélodie vocale habituelle pourrait délivrer par le son et l’image un bref portrait (une à trois secondes ou plus). Chaque enregistrement vidéo, assez court donc, est mis en boucle et [la série constituée] est lue sur trois ou plus moniteurs, comme décrit dans My Name Is. Là aussi, de légères différences et décalages dans les vitesses de lecture, des minimes différences de qualité, etc. produiront peu à peu des articulations de déphasage. — (Steve Reich, In Writings on Music, 1965-2000) |
1981 - Version My Name Is : Ensemble Portrait(Edit)
A version of the piece, using the names of the performers in Steve Reich and Musicians instead of members of the audience, was premièred under the title My Name Is : Ensemble Portrait at the Whitney Museum on 6 January 1981 [by the ensemble Steve Reich and Musicians : Nurit Tilles, Virgil Blackwell, Mort Silver, Shem Guibbory, Ruth Siegler, Chris Finckel, voices] ; this demonstrates the composer’s continuing search for ways of using recorded speech material in live performance situations, which is led eventually to Different Trains and The Cave. — (Keith Potter, "Four Musical Minimalists: La Monte Young, Terry Riley, Steve Reich, Philip Glass") In New York Magazine 12 Jan. 1981, p.76 — Whitney Museum (programme 1981) (pdf) — Sound recording of the concert at Whitney Museum 1981 (mp3) —— The first evening featured Steve Reich and Musicians, playing four pieces by the innovative Reich. He was at his most innovative in My Name Is: Ensemble Portrait — Octet, given its world premiere as a "work in progress." Eight musicians file across the stage, saying their names into a microphone. Then the stage empties and the piece begins — a massive collage of sound, constructed from the eight names as recorded and manipulated on an eight-track tape machine. Normally, composer Reich eschews electronics, except for amplication. He prefers the natural modulations and fluctuations of humanly generated sound. "My Name Is" is a throwback to his brilliant tape experiment Come Out of several years ago. Here again he takes ordinary syllables and mixes them into a sonic melange that is nearly unrecognizable as speech, operating on entirely different principles. The result is invigorating, audacious, and hard to "understand" on first hearing. But no doubt it will be back, as Reich's work continues to grow in popularity. — David Sterritt, Here's a museum where sounds as well as sights are flourishing, CS Monitor, January 21, 1981 — [Source (CS Monitor)] —— "My Name Is" was the name of the world premiere of a new work by Steve Reich, performed with his repertory players in the first of the three concerts of this year's Composers' Showcase at the Whitney Museum of American Art Tuesday night; it is a work in progress related to a similar piece dating from 1967. The performers in Mr. Reich's Octet passed by a microphone on stage and introduced themselves: My name is Ed. My name is Nurit. My name is Shem. My name is Bob. My name is Mort. My name is Virgil. My name is Chris. My name is Ruth. These voices were then heard on eight tracks of tape, looped and overlaid so they repeated, chattered, drifted and pulsed. My name is Ed became zed or ze-zed, ze-zed. As the various loops caught edges of consonances or open vowels in inarticulate repetition, there were sounds resembling maracas or the blurbbing noises made if one flips one's lips while humming. The result was as entrancing as it was in the jazzy Octet (1979), the purely rhythmic Drumming: Part I (1971) and the slow harmonic shifts of the Variations for Winds, Strings and Keyboards (1979), also on the program. Such surface charms have attracted an enormous popular following, unusual for either the avantgarde or the serious musical tradition. But the most intriguing aspect to My Name Is was the way it effectively destroyed the ordinary sense of words. Language was used not for its meaning, but for its morphemes and rhythms. Mr. Reich does the same with musical phrases: they become mere sounds, repeated and overlaid. They do not, then, ever achieve the range of intellectual or emotional expression open to musical or verbal speech. The subtleties of language are replaced with seductive hypnotic languor. This would not bother Mr. Reich in the least and there is much to be said for and about his works. But the problem he is attempting to solve with his detachment of sense from sound is a serious one. — EDWARD ROTHSTEIN, CONCERTS: 3 EVENINGS IN THE 'COMPOSERS' SHOWCASE' AT THE WHITNEY MUSEUM, The New York Times, January 11, 1981 — [Source (New York Times)] Steve Reich and Musicians Reich’s interest in video extends back to 1975, the year after he met Beryl Korot. In a September 1975 essay, “Videotape and a Composer,” Reich describes how videotape might be useful to a composer, and in so doing introduces ideas that would first come to fruition in The Cave. He claimed, “For videotape compositions the most interesting image is that of the human body and face, close up ; and the most interesting sound is that of human speech.” Reich proposed both a videotape version of his 1967 tape work My Name Is and a piece called Portraits, in which “three or more people are videotaped close up saying words or making sounds that give some direct intuitive insight into who they are.” — [Steve Reich, “Videotape and a Composer (1975),” in Writings on Music, 82–84]. [Source : Ryan Scott Ebright, ECHOES OF THE AVANT-GARDE IN AMERICAN MINIMALIST OPERA, A dissertation submitted to the faculty at the University of North Carolina at Chapel Hill in partial fulfillment of the requirements for the degree of Doctor of Philosophy in the Department of Music, Chapel Hill, (2014), p105] | Une version de cette œuvre, utilisant les noms des interprètes de l'ensemble Steve Reich and Musicians à la place des noms des spectateurs, a été créée sous le titre My Name Is : Ensemble Portrait au Whitney Museum à Manhattan à New York le 6 janvier 1981 ; ceci montre comment le compositeur a toujours cherché et exploré des façons inédites d'utiliser la voix enregistrée comme un matériau musical dans des œuvres performées en concert, jusqu'aux prolongements postérieurs qu'il développa dans Different Trains (pour quatuor à cordes et bande magnétique, 1988) et The Cave (opéra multimédia, avec Beryl Korot, 1990-1993). — (d'après Keith Potter, "Four Musical Minimalists: La Monte Young, Terry Riley, Steve Reich, Philip Glass") — Daniel Caux à propos de My Name Is : Ensemble Portrait au Festival d'Automne en 1981 à Paris : "Les premières recherches de Steve Reich ont porté sur une manipulation de la parole enregistrée : un déphasage progressif de boucles de bande magnétique, et aussi une tentative d'élongation sonore respectant la hauteur tonale, le timbre de la voix, et l'intelligibilité de la prononciation (My Name Is, 1967). Il a choisi ensuite de faire interpréter sa musique par des instrumentistes, lui-même jouant du clavier ou de la percussion." — [Source (Festival d'Automne 1981)] — Whitney Museum / Composer's Showcase (programme 1981) (pdf) —— Lors de la première soirée [au Whitney Museum] l'ensemble Steve Reich and Musicians ont joué quatre œuvres du compositeur qui reste toujours innovant. Le point culminant de cet événement a été My Name Is: Ensemble Portrait — Octet, donné en création mondiale tout en restant un "work in progress" aux dires du compositeur. Les huit musiciens ont traversé successivement la scène s'arrêtant pour énoncer chacun leur nom dans un microphone. La scène s'est ensuite vidée et l'œuvre a débuté — un collage sonore massif construit à partir des huit noms des musiciens qui avaient été enregistrés et montés sur un magnétophone à huit pistes. Habituellement Steve Reich évite l'électronique à part pour l'utiliser dans des systèmes d'amplification. Il préfère les modulations et fluctuations naturelles d'une musique jouée et générée par les actions humaines. "My Name Is" est un retour sur une de ses œuvres les plus brillantes d'il y a quelques années : Come Out. Là aussi il utilise les syllabes du langage ordinaire et les mixent par des opérations et des principes différents, dans une matière sonore qui devient méconnaissable en tant que langage. Le résultat est plutôt revigorant, audacieux, et difficile à «comprendre» d'emblée lors de la première écoute. Mais sans aucun doute Steve Reich est de retour, tout comme la reconnaissance de son travail de qui ne cesse de croître en popularité. — David Sterritt, Here's a museum where sounds as well as sights are flourishing, CS Monitor, January 21, 1981 — [Source (CS Monitor)] —— "My Name Is" est le nom de l'œuvre donnée en création mondiale mardi soir dernier [au Whitney Museum] par son ensemble de musiciens interprètes lors du premier des trois concerts de la série annuelle Composers' Showcase au Whitney Museum of American Art ; c'est une œuvre in progress issue d'une autre œuvre similaire de 1967. Les interprètes d' Octet de Steve Reich passaient chacun devant un microphone sur scène et se présentaient : My name is Ed. My name is Nurit. My name is Shem. My name is Bob. My name is Mort. My name is Virgil. My name is Chris. My name is Ruth. Leurs voix étaient ensuite entendues et diffusées à partir d'un magnétophone huit pistes, mises en boucles et superposées, ainsi les différents voix étaient répétées, agencées et mises en dialogue, créant des décalages et des pulsations. My name is Ed devint zed or ze-zed, ze-zed. Comme les différentes boucles faisaient ressortir les occurrences percussives des consonnes et les frottements des voyelles dans les répétitions hors d'une articulation possible, des sons apparurent ressemblant à des maracas ou des bruits de beleubeleubeleu comme les doigts tapotant les lèvres tout en fredonnant. Le résultat tenait lieu d'introduction aux œuvres suivantes du programme, le jazzy Octet (1979), le purement rythmique Drumming: Part I (1971) et les glissements lents harmoniques des Variations for Winds, Strings and Keyboards (1979). De tels charmes annoncés avaient attiré un public nombreux et inhabituel pour un concert de musique d'avant-garde ou de musique classique. Mais l'aspect le plus intrigant de My Name Is reste la façon dont une œuvre musicale désagrège le sens ordinaire des mots du langage. Celui-ci est convoqué dans cette œuvre non pas pour des questions de signification mais pour des jeux de morphèmes et de rythmes. Steve Reich fait de même dans ses autres œuvres musicales : elles deviennent des musiques de sons répétés et superposés. Elles ne peuvent jamais atteindre la gamme d'expression intellectuelle ou émotionnelle ouverte à la parole musicale ou verbale. Les subtilités du langage sont remplacées par des langueurs hypnotiques et séduisantes. — EDWARD ROTHSTEIN, CONCERTS: 3 EVENINGS IN THE 'COMPOSERS' SHOWCASE' AT THE WHITNEY MUSEUM, The New York Times, January 11, 1981 — [Source (New York Times)] |
My Name is : Ensemble Portrait — version Mein Name Ist, by Atelier Schola Cantorum Stuttgart, 21 June 1981 (Steve Reich)
— Source : [Ircam] — (Immatériaux > Immatériaux 4 - Voix / 3 juin 1985 / Centre Pompidou - Grande Salle)
2006 - My Name Is Daniel Pearl(Edit)
—— En 2006, dans les Daniel Variations pour voix et ensemble (2 soprano solo, 2 ténor solo, deux clarinettes, quatre vibraphones, contrebasse, percussions, tam-tam, quatre pianos et quatuor à cordes), œuvre composée en hommage au journaliste américain correspondant du Wall Street Journal Daniel Pearl capturé et tué par des fondamentalistes islamistes au Pakistan en 2002 qui fut forcé de faire une déclaration sur vidéo avant d'être immédiatement décapité, Steve Reich intègre dans le second mouvement de cette œuvre : My name is Daniel Pearl, chanté par les deux ténors, (début à 6:00 dans la vidéo ci-dessous) et qui sont les derniers mots de Daniel Pearl dans la vidéo transmise par ses exécuteurs : ce deuxième mouvement est particulièrement représentatif de la volonté de Reich d’élaborer un style répétitif au service d’une cause politique. Intitulé My name is Daniel Pearl, il fait explicitement allusion au journaliste. L’unique texte utilisé, répété inlassablement tel un mantra, correspond au début de la phrase que celui-ci a prononcée dans l’enregistrement vidéo réalisé par les ravisseurs juste avant sa décapitation : My name is Daniel Pearl ; I’m a Jewish American from Encino, California (selon Patrick Revol, Daniel Variations de Steve Reich, une musique répétitive engagée, In Musurgia, 2014/4 (Volume XXI). |
NOVUS NY ensemble with conductor Julian Wachner. Recorded September 27, 2012. Twelve in 12 mini-festival. Trinity Wall Street, New York. | — — In 2006, Steve Reich composed a piece inspired by the life and interests of Daniel Pearl, the journalist who was brutally murdered by terrorists in 2002. Daniel Pearl, the South Asia Bureau Chief for The Wall Street Journal, was kidnapped and subsequently beheaded in January 2002 by a group of Pakistani terrorists later linked to the September 11 attacks. Conceived after a conversation between Pearl's father and Reich and commissioned in part by the Daniel Pearl Foundation, "which is dedicated to cross-cultural understanding and music," Daniel Variations is the latest in a long line of Reich pieces to combine massed voices and meticulous instrumentation. Of course, Reich is far from the first modern composer to tackle the monumental questions of the day: Hindemith in Neues vom Tage, a satire of 1920s Weimar life, and Kurt Weill in Die Bürgschaft, both tackled social issues. Daniel Variations' first innovation comes from the fact that Pearl himself was a musician, playing the violin and mandolin. Sections one and three use lines from a conversation between Nebuchadnezzar the Great-- a Babylonian ruler who, according to Jewish and Christian texts, destroyed Jerusalem-- and Daniel, who became his adviser. Quotes from Pearl serve as Reich's fodder for the piece's triumphant even sections, two and four: Reich employees the same instruments, but he lets the violin lead many of the turns as a tribute to Pearl's own enthusiasms. This time, four major chords bounce off of one another, countering the darkness of their counterparts, even as the chorale sings one of the final sentences Pearl spoke before being beheaded on video: "My name is Daniel Pearl." — (according to Grayson Currin, In Pitchfork, [review of the Nonesuch cd Daniel Variations|http://pitchfork.com/reviews/albums/12053-daniel-variations/], 2008) |
—— Autre version du deuxième mouvement par le London Sinfonietta et le Los Angeles Master Chorale, enregistré en 2007 pour le cd sorti sur le label Nonesuch.
———— Alternative version of the second movement performed by the London Sinfonietta and the Los Angeles Master Chorale, recorded in 2007 for the cd released on Nonesuch label.
Notes on verbal score / Partition Graphique(Edit)
A verbal score tells you how to make the music in language, rather than in musical notation. There may be some musical symbols in a verbal score, maybe a graphic, but you are being told how to make the music via language, not musical notes in musical staves to be played by specific musical instruments or voices (though the verbal score also can tell you what instruments should be played). — Daniel Goode, Conceptual, Verbal, and Graphic Scores, (adapted from the liner notes to “Philip Corner: Extreme Positions”, 2002), 2011 [read paper] Verbal notation has emerged since the 1950s as a prominent medium in the field of experimental music, as well as in related areas of arts practice involving performance and object making. Works created with this type of notation are often referred to by their authors as event scores, prose scores, text scores or instruction scores. Word Events features over 170 scores, many printed here for the first time, representing the works of more than 50 practitioners including George Brecht, John Cage, Cornelius Cardew, Pauline Oliveros, Yoko Ono, Michael Pisaro, Karlheinz Stockhausen, Jennifer Walshe and La Monte Young. — John Lely, James Saunders, Word Events - Perspectives on Verbal Notation, 2012 [read paper] | —— La partition graphique et ses déclinaisons (partition texte, partition verbale, etc.) occupent dans l’histoire de la musique savante occidentale une place tout à fait singulière. Elles apparaissent quasi simultanément, dans le champ de la musique contemporaine, aux états-Unis avec l’école de New-York (Earle Brown, John Cage, Morton Feldman, David Tudor et Christian Wolff) et en Europe – de manière plus disparate – avec entre autres Sylvano Bussotti en Italie, Karlheinz Stockhausen et Dieter Schnebel en Allemagne, Cornelius Cardew en Angleterre ou encore Costin Miereanu en France. [...] La partition graphique [...] opère tout à fait différemment [qu'une partition traditionnelle] : elle n’est pas censée illustrer une proposition musicale explicite [; néanmoins, précisons simplement que l’écriture musicale consiste toujours en cette expérience singulière qui tente de représenter visuellement un phénomène sonore]. Le graphisme [ou un énoncé textuel] est ici convoqué dans son ambiguïté en tant qu’unité sémantique, il est l’énoncé même. Les codes et symboles universaux de l’écriture musicale côtoient ou cèdent alors leur place à un vocabulaire inédit non-normatif. C’est en ce sens que la partition graphique apparaît, dans les années cinquante, comme rupture dans la transcription d’une musique à faire. [...] La plupart des partitions graphiques s’accompagnent d’un mode d’emploi qui permettra aux musiciens de déchiffrer et d’interpréter un corpus dans le sens d’une intention première. Ces notices engagent un discours là où, à première vue et en rupture avec la tradition, règne une opacité poétique. [...] Il s’agit dès lors et à travers le signe « d’échapper à la directivité de la lecture pour atteindre un déchiffrage à dimensions multiples » (Bosseur, 1993). — (Matthieu Saladin, "La partition graphique et ses usages dans la scène improvisée", Volume !, 3 : 1 | 2004, 31-57) |
—— Donner une définition que ce qui est ou serait une partition graphique est particulièrement difficile. Même s’il s’agit d’un objet matériel, les formes qu’il peut prendre et l’utilisation qui en est fait le rend inapte à entrer dans le moule d’une définition. Bien souvent, de graphique, nombre d’entre eux n’ont aucune prétention à être autre chose qu’un stimulus à la production musicale, « un catalyseur pour le jeu musical » (Bouissou, Goubault, Bosseur, 2005, p.235), sans prétention d’esthétique visuelle ; d’une certaine manière, un rôle basiquement « fonctionnel ». Des propositions diverses sont apparues qui visaient à provoquer chez l’interprète une participation active à la création à partir de sa propre subjectivité, lui offrant ainsi un maximum d’initiative. Il ne serait plus dépendant du texte d’une œuvre préétablie, mais l’acteur d’un processus de création et non d’une œuvre déterminée à l’avance. Il est intéressant de voir le glissement qu’opère Cardew de sa propre vision de l’indétermination lorsqu’il se réapproprie la définition de Cage : ce dernier parle de « pièces qui sont indéterminées au regard de leur performance », là où Cardew va introduire dans ce mot la notion d’activité constructrice du joueur dans la formation de la pièce. Ces propositions peuvent être faites sous forme d’instructions verbales, plus ou moins séquentielles et/ou poétiques (Textkomposition, comme les « Intuitive Musik » de Stockhausen mais aussi certaines formes chorégraphiques qui « dictent » la musique) et […] les formes graphiques, qu’elles soient de simples tracés jusqu’à des objets plastiques. Ces pictogrammes prennent des formes extrêmement variées non seulement d’un compositeur à l’autre mais également d’une pièce à l’autre, chaque forme d’écriture motivant son propre concept compositionnel, sa propre motivation esthétique et son propre processus créatif. […] Mais la plupart du temps, la partition est avant tout un objet visuel qui s’écarte de tout rôle fonctionnel ; elle a pour objectif avant tout de stimuler l’imagination. Même si les graphies sonores se prêtent mal à une quelconque classification, on peut en distinguer cinq formes qui vont définir, d’une part, divers degrés d’ouverture et de liberté pour l’interprète, et, d’autre part, des degrés de contrôle du résultat sonore, de la forme ou de la structure, de la part du compositeur : 1/ Les propositions qui définissent une succession d’événements 2/ Les propositions pour lesquelles la durée totale d’exécution est établie au préalable de l’exécution 3/ Les propositions qui orientent des hauteurs 4/ Des partitions mixtes, qui font se côtoyer des graphismes avec des éléments écrits en notation standard 5/ Les propositions qui sont strictement non-procédurales, dessinant justes des formes, des tracés géométriques ou non, des taches, des images abstraites ou non, dont le sens de lecture n’est pas explicite, qui ne définissent pas de temporalité objective, pour lesquelles même des symboles de la notation standard (des chiffres par exemple, des points assimilables à des têtes de notes, des hampes de note isolées, des bouts de portées aux lignes non parallèles, interrompues ou ne supportant ni clés ni notes, etc.), ne sont pas mis dans une disposition qui leur donne un sens prédéfini, ou dans un contexte graphique tel que leur lecture habituelle serait en contradiction avec ce contexte, perdant ainsi toute fonction notationnelle. Pour finir, d’autres catégories doivent être également mentionnées ici. Il s’agit de partitions de type « algorithmiques » ou qui ressemblent à des équations, ainsi que des notations que l’on pourrait qualifier de « topographiques » , des sortes de cartes qui déterminent le placement des actions dans l’espace. — (Étienne Lamaison, « L´interprétation des partitions graphiques non-procédurales », Thèse de doctorat en interprétation musicale, Universidade de Évora, Portugal, 2013) |