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« Hector Servadac » Sommaire« Michel Strogoff »





1875 - « Une Ville Idéale ».(Edit)




Commentaire : Une Ville idéale : Amiens en l’an 2000 — Discours prononcé par Jules Verne à l’Académie des sciences, belles-lettres et arts d’Amiens, le 12 décembre 1875. [1]


Mot-Clés : musique d'avenir, auditoire, oreilles, courant voltaïque, concert électrique[2], musique en réseau
Personnalités et œuvres citées : Wagner


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Extrait.................. « Soudain, des accords étranges se firent entendre. Les clairons sonnaient. Je me dirigeai vers l’estrade vermoulue qui, depuis un temps immémorial, tremble sous le pied des chefs de musique !...
A la place de ladite estrade s’élevait un élégant pavillon, couronné d’une légère véranda, du plus charmant aspect. Au bas du pavillon se développaient de larges terrasses, dont le dégagement se faisait à la fois sur le boulevard et sur les jardins en contrebas. Le sous-sol était occupé par un magnifique café d’un luxe ultra-moderne. Je me frottai les yeux, me demandant si le projet Féragu s’était enfin réalisé à l’extrême joie de ce brave artiste, et s’il l’avait été dans le court espace d’une nuit, sous l’influence d’une baguette magique!
Mais je n’en étais plus à chercher l’explication de faits absolument inexplicables, qui sont du domaine de la fantaisie. La musique du 324e jouait un morceau qui n’avait rien d’humain, mais rien de céleste non plus ! Là, tout était changé aussi! Aucune coupe musicale dans les phrases, aucune carrure! Plus de mélodie, plus de mesure, plus d’harmonie! Du filandreux sur de l’incommensurable, eût dit Victor Hugo! Du Wagner quintessencié! De l’algèbre sonore! Le triomphe des dissonances! Un effet semblable à celui des instruments qui s’accordent dans un orchestre, avant qu’on ne frappe les trois coups![3]
Autour de moi, les promeneurs, arrêtés par groupes, applaudissaient comme je n’avais jamais vu applaudir qu’à des exercices de gymnastes!
«Mais c’est la musique de l’avenir! m’écriai-je malgré moi. Suis-je donc en dehors du présent?»
C’était à le croire, car, m’approchant de la pancarte qui contenait la nomenclature des morceaux, je lus ce titre renversant:
«N° 1 – Rêverie en la mineur sur le Carré de l’hypoténuse!»
Je commençai à m’inquiéter de moi-même! Etais-je fou? Si je ne l’étais, n’allais-je pas le devenir? Je m’enfuis, les oreilles en sang. Il me fallait de l’air, de l’espace, le désert et son absolu silence! La place Longueville n’était pas loin! J’avais hâte de me retrouver sur ce petit Sahara! J’y courus...
C’était une oasis. De grands arbres y répandaient une ombre fraîche. Des tapis de verdure s’y déroulaient sous les massifs de fleurs. L’air était embaumé. Un joli ruisseau murmurait à travers toute cette végétation. La naïade altérée des anciens jours ruisselait d’une eau limpide. Sans des trop-pleins habilement ménagés, le bassin eût certainement débordé et inondé la ville. Ce n’était point de l’eau de féerie, du verre filé ou de la gaze peinte. Non! C’était bien la combinaison chimique de l’hydrogène et de l’oxygène, une eau fraîche et potable, dans laquelle fourmillaient des milliers de petits poissons, qui, hier encore, n’auraient pu y vivre même une heure! Je trempai mes lèvres dans cette eau, qui jusqu’alors s’était refusée à toute analyse, et elle eût été sucrée, Mesdames et Messieurs, que, dans l’état d’exaltation où j’étais, j’aurais trouvé cela tout naturel !.
[...] En tout cas, à gauche, se dressait un vaste monument de forme hexagonale, avec une superbe entrée. C’était à la fois un cirque et une salle de concerts, assez grande pour permettre à l’Orphéon, à la Société philharmonique, à l’Harmonie, à l’Union chorale, à la Fanfare municipale des Sapeurs-Pompiers volontaires, d’y fusionner leurs accords.
Dans cette salle – on l’entendait de reste – une foule immense applaudissait à la faire crouler. En dehors s’étendait une longue queue, à travers laquelle se propageait l’enthousiasme de l’intérieur. A la porte s’étalaient des affiches gigantesques, avec ce nom en lettres colossales:
PIANOWSKI
PIANISTE DE L’EMPEREUR DES ILES SANDWICH
Je ne connaissais ni cet empereur ni son virtuose ordinaire. Et quand Pianowski est-il arrivé ? demandai-je à un dilettante, reconnaissable à l’extraordinaire développement de ses oreilles.
- Il n’est pas arrivé, me répondit cet indigène, qui me regarda d’un air assez surpris.
- Alors quand viendra-t-il ? .
- Il ne viendra pas, répliqua le dilettante.
- Mais s’il ne vient pas, dis-je, quand donnera-t-il son concert ?
- Il le donne en ce moment !
- Ici ?
- Oui, ici, à Amiens, en même temps qu’à Londres, à Vienne, à Rome, à Pétersbourg et à Pékin ! ... Vous ne voyez pas que ce concert est un concert électrique !
En effet, dans ce même moment, le célèbre broyeur d’ivoire, Pianowski, jouait à Paris, à la Salle Hertz ; mais au moyen de fils électriques, son instrument était mis en communication avec des pianos de Londres, de Vienne, de Rome, de Pétersbourg et de Pékin. Aussi, lorsqu’il frappait une note, la note identique résonnait-elle sur le clavier des pianos lointains, dont chaque touche était mue instantanément par le courant voltaïque ![4]
Je voulus entrer dans la salle! Cela me fut impossible! Ah! je ne sais pas si le concert était électrique, mais je puis bien jurer que les spectateurs, eux, étaient électrisés ! »








Intérieur de la Salle Herz, Paris






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  1. http://www2.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fete/2005/dpfds2005.pdf
    http://cours.univ-brest.fr/UFR-Sciences/informatique/vareille/Master1_TER/concert_electrique/
  2. Comme dans Paris au XXème siècle, 1863. S'il s'agit dans les deux cas, d'un concert électrique, l'utilisation de l'électricité n'a pas les mêmes buts : à Paris, celle-ci sert à augmenter la puissance de l'instrument, vu qu'un seul pianiste peut jouer de deux cents pianos à la fois grâce à elle (le "procédé hongrois" est sans doute un clin d'œil à Franz Liszt dont la virtuosité légendaire défiait l'entendement); à Amiens elle sert à transmettre la musique à distance.
  3. Sur Jules Verne et la musique, voir Marcel More, Nouvelles explorations de Jules Verne, Gallimard, 1963.
  4. Curieuse application du télégraphe électrique (1820) d’Ampère. Le nom de la salle fait allusion au pianiste et compositeur Henri Herz: http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Herz et http://www.gottschalk.fr/index.php/fr/autres-compositeurs-s-fr/herz-s-fr , http://www.hberlioz.com/Paris/BPHerzF.html . Il fut l'un des pianistes-compositeurs les plus célèbres de Paris sous la Restauration, il est peu à peu détrôné par Liszt et Chopin. Il fonde alors sa propre manufacture de piano et y fait édifier l'une des premières véritables salles de concert à Paris en 1838, 48 rue de la Victoire. C'est là que Berlioz crée L'Enfance du Christ en 1854. Salle des Concerts Herz : http://en.wikipedia.org/wiki/Salle_des_Concerts_Herz . Voir également Heinrich Hertz : http://en.wikipedia.org/wiki/Heinrich_Hertz





   
   
   
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