« Tout ce qui bouge sur un écran est du cinéma. » (Jean Renoir) |
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FOLIOSCOPE, n. m.
mot-clés : - machines-vision -
Définition :(Edit)
le mot "folioscope" - composé d'une racine latine "folio", ablatif de folium, "feuille" et du terme "scope", du grec skopein, "observer" - veut dire littéralement "observateur de feuille", ce qui ne rend pas du tout compte de l'objet qu'on a entre les mains ! Le mot a été inventé à la fin du XIXe siècle à un moment où l'on cherchait à caractériser toutes les inventions autour du pré-cinéma et de fait il n'a jamais été réellement utilisé, pas plus d'ailleurs que le terme "kinoegraph" utilisé par Linnett, le premier à avoir obtenu un brevet pour un flip book.
Ce n'est qu'au début du XXe siècle que le nom de flip book s'est imposé et qu'il a remplacé pratiquement tous les autres mots même si certains ont continué à utiliser thumb movie (film avec le pouce), "cinéma de poche" ou living picture book. De la même façon les anglais ont très vite adopté Flick Book qui a la même signification que flip book et qu'ils continuent à utiliser.
(Pascal Fouché, Blog, avril 2005)
http://www.flipbook.info/blog.php
Origines :
L'origine du folioscope est incertaine et pourtant on l'attribue au Français Desvignes vers 1834. Toutefois, le folioscope est breveté par l'Anglais Linnett en 1868, par l'Américain Van Hoevenbergh en 1872 et 1882. Un folioscope est un livret où chaque position est dessiné sur une page. Le mouvement est recomposé par effeuillage.
autres noms :
machines -> feuilleteur, effeuilloir, folioscope
fongibles -> flipbook, cinéma de poche, thumb movie, film à pouce
Feuilleteurs, effeuilloirs, folioscopes(Edit)
par Pascal Fouché
En 1894, l'américain Hermann Casler invente le Mutoscope. C'est la première machine qui applique le principe simple de la persistance de la vision étudié par Muybridge et Marey. Des images prises avec un Mutograph, une des premières caméras photographiques, sont assemblées comme une roue et feuilletées mécaniquement, après avoir éventuellement introduit une pièce dans la machine, en actionnant une manivelle à la vitesse de 16 à 18 images par seconde ce qui donne l'impression de mouvement. Les Américains Coleman Sellers et George Burnham avaient déposé un brevet dès 1861 pour un appareil nommé Kinematoscope qui anticipait ce principe mais qui était basé sur la stéréoscopie, inventée dès 1832, le fait de regarder deux images légèrement différentes pour les voir en relief. Le Mutoscope est en quelque sorte la première machine à feuilleter ; même si ce n'est pas à proprement parler un flip book qu'elle feuillette, les autres machines à feuilleter découleront en définitive de ce principe très simple. Son brevet déposé le 21 novembre 1894 aux Etats-Unis est accepté le 5 novembre 1895.
Le Mutoscope, qui connaîtra un rapide succès aux États-Unis dans ce que l'on appelle les « penny arcade », sortes de salles de jeux de l'époque, a aussi été appelé en Angleterre du nom de l'une de ses plus célèbres roues d'image : « What the Butler Saw ». Il a été très populaire jusqu'en 1910 à peu près, date à laquelle la concurrence des projections de cinéma lui a été fatale, même s'il a continué à être utilisé. |
Le 10 août 1896, Charles Auguste Watilliaux et Siméon Claparède obtiennent à Paris un brevet (n°256.039), pour un « Appareil donnant l'illusion du mouvement par la succession rapide de photographies ou dessins ». Il est réalisé à partir de chronophotographies de Georges Demeny. Les illustrations montrent bien le fonctionnement de l'objet. C'est probablement le premier appareil qui applique à taille réduite et avec un système très simplifié les principes du mutoscope[1]. Charles Auguste Watilliaux avait auparavant développé son folioscope (voir notre partie historique) et il prévoit que cet appareil puisse s'appliquer « à des photographies ou dessins disposés sur le cylindre d'après le système des livres connus depuis longtemps sous le nom de livres magiques, dont les tranches sont rognées en échelon de telle façon qu'en feuilletant le livre à tel ou tel endroit on aperçoive tel ou tel sujet ». Il fait là un parallèle avec les Magic Books dont nous avons vu le peu de rapports avec les flip books, si ce n'est le feuilletage. |
Auguste et Louis Lumière, inventent le Kinora qui est breveté en Angleterre en 1896. C'est en quelque sorte un dérivé simple du Mutoscope puisqu'il s'utilise également avec une manivelle mais sans pièce et avec une roue d'images beaucoup plus petite. Il en existe de nombreuses versions qui différent seulement dans la présentation. Des négatifs des premiers films tournés pour le cinéma ont alimenté la production de ces images jusqu'à la première guerre mondiale. Une recension en a été faite qui a été récemment rééditée[2]. |
En 1898, l'anglais Henry Short dépose un brevet pour ce qu'il appelle le Filoscope, une sorte de Jouez l'animationmini-Kinora qui ne s'actionne plus par une manivelle mais en tournant à la main le support d'images qui est feuilleté uniquement par le métal. Les images n'étant plus sur une roue, on se rapproche du flip book. |
En 1898 apparaît un feuilleteur français déposé par un fabricant de flip books nommé Léon Beaulieu (Brevet du 9 mars 1898). Il l'appelle « Effeuilloir mécanique pour cinématographe de poche ». Il est fait pour feuilleter réellement un flip book que l'on insère à l'intérieur et qui, comme pour le Filoscope de Short, est maniable uniquement avec la main. C'est de cette même époque que doit dater un autre feuilleteur de flip book réalisé par Léon Gaumont qui produit en même temps une version un peu plus sophistiquée du filoscope, qu'il appelle « Kinora à main » en y ajoutant une poignée pour le tenir et un verre grossissant qui permet de mieux voir les photographies. Il existe un exemplaire de ces deux feuilleteurs de Gaumont au Musée des arts et métiers à Paris[3]. |
En 1900 est produit par un fabricant de jouets français un « Cinématographe » dont les images sont montées sur une bande continue et s'actionnent en boucle grâce à une manivelle à l'intérieur d'une boîte parallélépipédique en carton. La tension de la bande d'images est exercée par une boule placée à l'intérieur. Les images se relèvent successivement lorsque l'on actionne la manivelle donnant l'impression de mouvement. Notre exemplaire n'est pas dans sa boîte d'origine mais, selon Pascal Pontremoli[4], le mode d'emploi qui se trouve collé à l'intérieur du couvercle est en trois langues, français, anglais et allemand et précise : « Le Cinématographe-Jouet est le plus simple et le plus pratique de tous les appareils faits jusqu'à ce jour pour la reproduction de scènes animées. Il suffit pour la mise en marche de mettre sur le treuil la collection choisie, placer à l'intérieur la boule-charge et de plonger le tout dans l'appareil. Tenir toujours le Cinématographe-Jouet dans la position verticale ». |
Une autre version, présentée dans une boîte rouge, est appelée « Cinescenic - Dessin animé » et fabriquée par les Jouets R.J.L. La boîte est de couleur brune et les bandes contenues sont des dessins qui constituent effectivement une sorte d'ancêtre du dessin animé. L'emploi de ce mot laisse à penser qu'il a été produit plusieurs années après l'autre. Au lieu d'être une boule, le contrepoids est un cylindre en métal. En 1905 sera réalisée une version électrique de ce jouet, promue dans les catalogues toujours sous le nom de « Cinématographe-Jouet » : « Moteur électrique actionnant un cinématographe. 5 vues différentes, pile et accessoires. Haut. O m 20. Long. O m 27 4. » |
Deux autres petits feuilleteurs manuels sont apparus au début du siècle. L'un est allemand, daté de 1913, appelé « Kinophot. Das lebende portrait in der tasche », publié par Samson & Cie, il contient un flip book réalisé selon le principe des Biofix : une série de photographies de gens ordinaires qui se rendent chez ce photographe et s'animent en parlant ou en faisant des gestes devant l'appareil. Le boîtier une fois ouvert se transforme en feuilleteur grâce à une partie mobile qui anime le flip book. |
Le second est encore plus simple puisqu'il s'agit simplement d'un cadre en métal avec une partie mobile qui permet de feuilleter le flip book qu'il contient. Retrouvé contenant un flip book de l'Olympia théâtre Jacques Haïk, conçu lui aussi sur le principe des Biofix, il date probablement de la fin des années vingt car Jacques Haïk a repris l'Olympia en 1929 pour en faire un cinéma et a connu de graves difficultés dès 1931. |
C'est aussi au début du siècle que sont inventés les « Viewers » américains qui permettent de feuilleter des flip books et qui sont destinés aux enfants. Le premier qui ait été signalé est un Mutoscope à construire soi-même : « A Mutoscope for Boys and how to make it » par Theodore Brown qui figure dans Boys Own Paper des 16-23 février et 9-16 mars 1901[5] qui utilise les flip books de Gies & Co (comme The Yankee Cop). |
Ils vont se développer après la première guerre mondiale. L'un d'entre-eux, semble-t-il le plus diffusé, a été réalisé par le fabricant de jouets Midgette Toy, établi à Boston. Il date probablement des années 1920 ou 1930. Sur la roue qui est actionnée par une manivelle, on peut insérer quatre flip books qui se feuillettent l'un après l'autre au fur et à mesure de l'action. |
Il s'agit de dessins réalisés par un dessinateur anonyme qui probablement travaille pour cette société. Le feuilleteur est vendu avec ses quatre flip books. Une boîte est proposée séparément qui contient huit flip books complémentaires. Nous avons pu également retrouver un cliché en négatif en cuivre qui a servi à imprimer des couvertures de ces flip books. |
Certains de ces flip books sont repris par une société dénommée Peco, autre fabricant de jouets américains mais basé à Groton près de New York. Le feuilleteur appelé « Peco Movie » est construit sur le même modèle et permet également de feuilleter quatre flip books. Seules sa forme et sa manivelle sont différents. |
En 1937, proposée par la marque Pillsbury Farina, est diffusée une machine à feuilleter en carton à monter soi-même. Elle s'assemble sans aucun point de colle et devait être offerte aux clients pour des achats de produits de la marque. En 1938, Pepsodent propose le même avec des images recto verso de deux histoires, Snow White and the seven Dwarfs et Mickey Mouse & Donald Duck, sous copyright Walt Disney. |
Midgette refait une version cartonnée de son feuilleteur avec un copyright 1942 qui porte le nom de Midgette Movie Theatre. C'est le même principe que la version en métal et les flip books sont réédités. De la même façon, une boîte supplémentaire est proposée qui reprend le graphisme du feuilleteur. | |
Ce feuilleteur allemand appelé Rotofoto date probablement aussi de l'entre-deux-guerres. C'est une sorte de mutoscope en réduction puisque les images sont montées en roue et se feuillettent avec une petite manivelle. |
Le « Cinécoloral » français date probablement des années cinquante. Il reprend le principe de la roue du Mutoscope avec également un éclairage intérieur et permet de feuilleter ce qui s'apparente à un véritable dessin animé. Mais contrairement au Mutoscope on le projette sur une surface extérieure grâce à son objectif ce qui permet notamment de le regarder à plusieurs. |
Vers 1955, apparaît une boîte qui incorpore un folioscope à manivelle réalisée par Carlier, cartonnier à Fourmies (Nord). Ces « boîtes-à-jouer » sont dénommées « Ciné "Bop" ». En carton souple elles sont destinées à contenir des friandises. Les fenêtres sont garnies de rhodoïd qui permet de voir le contenu. Le folioscope est actionné par une simple manivelle en fil de fer qui permet de mouvoir les images disposées autour de l'axe. Les images sont dessinées par Étienne Roth. Selon Pascal Pontremoli[6], il en existe au moins huit différents : « Dans l'astronef », « Le Satellite artificiel », « Les Martiens arrivent », « Hep ! Taxi », « Be-Bop », « Le trésor de la mer », « Guerre dans l'espace » et « La fusée interplanétaire ». Nous avons pu en retrouver les six premiers. |
De ces mêmes années doit aussi dater ce feuilleteur « Show Boat » réalisé en carton par une entreprise nommée Anchor Manufacturing Company basée à Springfield dans le Missouri. Il contient une bande d'images enroulée qui devait être actionnée par une manivelle. |
Plus récemment est repris, pratiquement sans changement, sinon qu'il est un peu plus petit, le feuilleteur à monter soi-même qui avait été fait par Pillsbury Farina et Pepsodent. Cette fois c'est Kellogg's qui le diffuse avec ses produits. |
En 1984, la société Intervisual Communications Inc. de Los Angeles commercialise des « Livres Théâtres » dont la version française est publiée par Albin Michel Jeunesse. Il en existe trois. La roue d'images est simplement actionnée avec le doigt. En 1990, le mensuel Schtroumpf , destiné aux enfants, offre dans son numéro du 10 août, un « schtroumphoscope » en planches à monter 8. Il s'agit d'un feuilleteur dont les images recto verso tournent autour d'un crayon, sur le même principe que celui réalisé par Kellogg's. |
Au tournant du XXe siècle, on pouvait trouver trois feuilleteurs à monter. Le premier a été réalisé en 1996 par Derek Read en Angleterre. Il s'agit d'un mutoscope à monter, qu'il appelle curieusement « Mutascope », distribué par Robenau Toys. Le deuxième, en noir et blanc, produit par le Deutsches Filmmuseum de Francfort et daté de 1997, appelé Moving Picture Machine, est exactement fait sur le modèle du Pepsodent et du Kellogg's. Le troisième, également allemand, produit sous le nom de Papier-Kino par Bären Presse en 2001 est très original (www.baerenpresse.de). |
Enfin récemment, un passionné de jouets optiques américain, Joe Freedman propose ces feuilleteurs entièrement faits à la main avec plusieurs versions d'images à animer (www.sarabande.com). |
En 2001 également, le célèbre dessinateur Chris Ware, auteur de Jimmy Corrigan , faisait paraître dans le n°15 de sa revue, The Acme Novelty Library , un “Professional Futuristic 3-D Picture Viewer” à découper et monter qui a une forme très originale. |
(Pascal Fouché, http://www.flipbook.info/feuilleteurs.php )
Historique du Flipbook(Edit)
Par Pascal Fouché
Un flip book est une réunion d'images assemblées destinée à être feuilletée pour donner une impression de mouvement et créer une séquence animée à partir d'un simple petit livre et sans l'aide d'une machine.
Très populaire à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, mais encore fabriqué de nos jours, le flip book (du verbe to flip over ou to flip through : feuilleter) est le nom américain, plus connu que son appellation française, du folioscope (parfois aussi appelé kineograph, feuilletoscope ou cinéma de poche). Les anglais utilisent les termes flick book ou flicker book et les allemands Abblätterbuch (livre à feuilleter) au XIXe siècle et depuis Daumenkino : « le cinéma avec le pouce », appellation que l'on retrouvait parfois aux États-Unis au début du siècle (thumb book ou thumb cinema) comme celles moins courantes de flip movie, fingertip movie, riffle book, living picture book ou hand cinema.
Certains auteurs ont rapproché le flip book du Magic Book ou Blow Book , catégorie de livres en vogue au XIXe siècle qui permettait des animations ou des illusions d'optique qui n'ont à voir avec le flip book que parce qu'ils utilisent le principe de l'animation. L'acteur et historien de la magie, Ricky Jay a consacré un splendide ouvrage à ces petits livres.[7]
Le flip book se présente comme un petit carnet, à l'origine plutôt agrafé et maintenant plus souvent broché, que l'on tient d'une main et que l'on effeuille de l'autre avec le pouce soit de l'avant vers l'arrière soit de l'arrière vers l'avant. Les images (Voir l'animation) ou dessins qu'il contient donnent l'illusion d'être ainsi animés plus ou moins rapidement selon la vitesse à laquelle on le manipule. Longtemps qualifié de « cinématographe de poche » ( pocketcinema en anglais, Taschenkinematographen en allemand), il fait le lien entre le livre, la succession de dessins qui préfigure le dessin animé, et l'image animée qui donnera naissance au cinéma. « Véritable cinéma sans caméra ni projecteur, son principe fait de n'importe quel carnet le "kit" d'un film de poche potentiel » écrit Gérald Dupeyrot dans un article consacré au flip book publicitaire[8], un des très rares articles consacré aux flip books.
Si le flip book s'utilise le plus souvent comme un petit livre, il peut se présenter sous plusieurs formes : en carnet agrafé, broché ou relié comme n'importe quel livre, en feuillet(s) avec des images à découper qui s'assemblent également sous la forme d'un carnet, et en planche d'autocollants à placer au bord des pages d'un cahier ou d'un carnet. Il est possible de l'utiliser dans les deux sens s'il est imprimé recto verso et certains sont plus rarement imprimés par deux dos à dos.Daumenkino De quelques pages à plus d'une centaine de pages, pour être feuilleté aisément et imprimer un rythme à la séquence représentée, une trentaine de pages sont un format idéal. Certains livres ont également utilisé cette technique pour créer des animations en plaçant une suite d'images sur la marge extérieure qui peut être feuilletée ou en utilisant le flip book pour étayer une démonstration, sportive notamment.
Fait pour être feuilleté, et en particulier par les enfants auxquels il a été souvent destiné à l'origine, le flip book est un objet dont la fragilité s'explique par son caractère éphémère. N'étant pas fabriqué pour être conservé, il est difficile à trouver en bon état et à archiver ce qui rend d'autant plus difficile la récollection. Les bibliothèques n'en conservent que rarement des exemplaires parce que beaucoup ne sont pas commercialisés de manière traditionnelle. Il n'y a que depuis que certains utilisent l'ISBN (le numéro d'identifiant du livre) qu'ils sont enregistrés comme des livres.
La magie du flip book, c'est de s'adresser à tous les âges et toutes les nationalités et de ne pas nécessiter de connaissances particulières pour l'utiliser ce qui lui donne un caractère universel. Ceux qui se lancent dans cette quête sont plus souvent intéressés par le côté ludique du flip book que par son contenu. De témoignage sur les débuts du cinéma à l'utilisation de l'illustration ou de la photographie et jusqu'aux flip books d'artistes qui ont été réalisés depuis les années cinquante, c'est une réunion, qui comme toute collection de livres peut réserver nombre de surprises.
On a vu des flip books utilisés dans des films, comme dans la comédie musicale Footlight Parade de Llyod Bacon et Busby Berkeley en 1933 dans lequel James Cagney anime un bateau qui prend le large sur un jeu de cartes. Un épisode de la série télévisée « Les Experts. Miami » intitulé « Paparazzi » montre également les enquêteurs qui constituent un flip book avec les photos prises en rafale par le photographe assassiné, reconstituant ainsi la scène à laquelle il a assisté. On en trouve aussi dans des romans comme Ragtime de E.L. Doctorow dans lequel l'un de ses personnages, dessinateur de silhouettes, invente le flip book avant de devenir producteur de cinéma dans les Etats-Unis du début du siècle[9]. Il est présent aussi dans des publicités comme celle des UGC Ciné Cité au début du XXIe siècle.
Si le flip book est absent de toutes les histoires du livre, il peut se rattacher aux livres animés mais n'est pas considéré comme tel par les amateurs de livres à systèmes ou de livres à transformations (les movable books en anglais). Il est cependant parfois considéré comme un livre-objet ou un livre d'artiste et à ce titre peut apparaître dans certaines publications (livres ou revues) consacrées à ce type de livres. Ainsi Johanna Drucker dans The Century of Artists' Books[10] explique que le flip book est un genre de livre en soi mais n'en donne qu'un exemple et n'en retrace pas l'histoire. La revue Book Unbound. The Journal of Artists' Books, signale parfois des flip books d'artistes comme notamment ceux de Stephanie Ognar[11]. C'est en définitive dans les ouvrages sur les débuts du cinéma que l'on trouve le plus d'informations, même si elles sont souvent contradictoires ou parcellaires, sur ce genre méconnu le plus souvent considéré soit comme un jouet pour enfants, soit comme un objet un peu étrange qui ressemble à un livre mais qui tient plus de la bande dessinée genre déjà lui-même peu considéré même si certains bibliophiles commencent à s'y intéresser.
Entre l'invention de la photographie et la première séance publique du cinématographe Lumière en décembre 1895, la photographie du mouvement en images successives avait inspiré bien des scientifiques. L'illusion provoquée par la persistance des images rétiniennes les a conduit à inventer de nombreux jouets optiques, qualifiés aujourd'hui de « pré-cinéma », ancêtres du cinéma actuel : thaumatrope, phénakistiscope, zoetrope, praxinoscope, etc[12]. Le flip book (Voir l'animation) est le plus simple de ces jouets optiques puisque son utilisation ne nécessite pas d'appareillage spécifique. Il est en général présent dans les musées consacrés à l'histoire du cinéma[13] comme une étape entre l'image et le cinéma. Il est en définitive le seul medium pour lequel le consultant peut maîtriser la façon dont il le reçoit : lentement, rapidement, en revenant en arrière, en recommençant autant de fois qu'il le souhaite alors que les autres techniques de cinéma ou d'animation en font un récepteur passif.
On ne sait pas dater précisément l'apparition du flip book, mais on peut penser que de même qu'avant l'apparition du cinéma bien des créateurs avaient été fascinés par l'image, de tous temps des artistes ont pu dessiner sur leurs carnets des suites d'images que l'on pouvait feuilleter. À Heidelberg se trouve un manuscrit enluminé dont certaines pages contiennent des images successives dans lesquelles seules quelques détails changent racontant en quelque sorte une histoire (voir la reproduction numérisée : http://digi.ub.uni-heidelberg.de/sammlung1/cpg/cpg67.xml?docname=cpg67&pageid=PAGE0001). On ne peut pas savoir si l'ouvrage pouvait ou non être utilisé comme un flip book mais le principe est là[14].
La réalisation de flip books artisanaux ou imprimés est aussi difficile à dater. Dans un film documentaire, réalisé en Allemagne en 1986, consacré à la préhistoire du cinéma et intitulé Was geschah wirklich zwischen den Bildern ?[15] Werner Nekes parle du flip book et attribue son invention à un peintre nommé Lautenburg en 1760 sans en dire plus. Interrogé, Werner Nekes a admis que l'information venait du livre d'Adolf Hübl, 51 Jahre Film[16] publié en 1947 qui précise que ce peintre est allemand parce que né à Fulda. En fait il s'agit du peintre français Philip James de Loutherbourg (1740-1812), aussi appelé Lutherbourg ou Lauterbourg, qui est effectivement né à Fulda et mort en Angleterre qui a réalisé ce qu'il a appelé un « Eidophusikon », panorama animé à partir de peintures présentées successivement sur le principe de la Camera Obscura. On parle de lui dans les ouvrages sur le pré-cinéma mais sans que le rapport avec le flip book soit mentionné.
Les ouvrages sur la préhistoire du cinéma situent plutôt la naissance du flip book au XIXe siècle, liée en fait au passage de la photographie au cinéma. On sait par exemple que l'Allemagne a très vite été un pays de prédilection pour ce genre d'objets comme les États-Unis où on les a parfois appelés Penny book et où Thomas Edison a réalisé des films pour accompagner ses bandes sonores dont il a également tiré des flip books. On connaît également toutes les inventions qui visaient à animer les images : John Paris et son Thaumatrope en 1825, Joseph Plateau et son Phenakistoscope en 1832, Coleman Sellers et son Kinematoscope en 1861, Charles-Émile Reynaud et son Praxinoscope en 1877, Thomas Edison et son Kinetoscope en 1891.
Les travaux d'Eadweard James Muybridge (le Zoogyroscope) et de Étienne-Jules Marey (la Chronophotographie) dans les années 1870-1880 pour étudier le mouvement en photographie en faisant se succéder rapidement les prises de vue pour décomposer et recomposer les mouvements d'hommes ou d'animaux sont dans l'esprit les plus proches de ce que seront les flip books dont beaucoup utilisent depuis les images de Muybridge et de Marey qui s'y prêtent merveilleusement. Mais ce sont le Mutoscope d'Hermann Casler en 1890, le Kinora de Louis et Auguste Lumière produit à partir de 1897, et le Filoscope d'Henry Short en 1898, qui sont les plus proches du feuilletage d'images qui ne peut être vu que par une personne à la fois comme c'est le cas pour le flip book qui n'est bien vu que par la personne qui le manipule. Ce sont en quelque sorte des flip book mécaniques, le kinora étant aussi appelé « Flicker Reel Picture Viewer ». Le cinématographe de poche, jouet français produit au tout début du XXe siècle procède de la même démarche mais c'est un peu plus tard que l'on a développé de réelles « machines à feuilleter » les flip books comme des jouets pour les enfants (voir la partie « Feuilleteurs »).
On attribue au français Pierre-Hubert Desvignes d'avoir eu l'idée du folioscope vers 1860 parce qu'il a animé des photographies comme une sorte de Zoetrope mais c'est l'anglais John Barnes Linnett, imprimeur à Birmingham, qui a été le premier à breveter le flip book sous le nom de « The Kineograph a new optical illusion » le 18 mars 1868 ( British Patent , n°925). Sous l'objet « Improvements in the means of producing optical illusions », il décrit ainsi son invention : « producing optical illusions by presenting to the eye in rapid succession a series of pictures of objects representing the objects in the several successive positions they occupy when in motion, and thereby producing the impression of moving objects ». Il envisage aussi que le flip book puisse être recto verso : « The opposite sides of the leaves may have different pictures on them, so that one book or series of leaves will present one moving picture when the leaves are looked at on one side, and another moving picture when the leaves are looked at on the other side ». Le 14 septembre, il ajoute des schémas et les précisions suivantes : « Although I have only described the turning over of the leaves, sheets, or cards as effected by hand, yet I do not limit myself thereto, as the said leaves, or cards may be turned over by mechanical means with the same effect ». Ainsi pense-t-il déjà aux feuilleteurs sans que l'on sache, car il ne montre pas de dessin, comment il l'envisage. Les deux dessins montrent d'une part qu'il avait prévu de relier le flip book avec des œillets et comment tenir l'objet pour le feuilleter convenablement. On voit que l'objet qu'il avait conçu est resté tel quel jusqu'à aujourd'hui.
Les premiers brevets américains ont eux été attribués à Henry Van Hoevenbergh les 16 mai (U.S. Patent , n°258,164) et 20 juin 1882 (n°259,960). La différence avec Linnett est qu'il qualifie son invention d' « Optical Toy » utilisant le phénomène de la « persistance of vision ». Il a manifestement tiré profit des travaux de Muybridge. Une autre différence est qu'il utilise des feuillets qui n'ont pas la même longueur afin qu'ils soient plus faciles à feuilleter. Dans le brevet du 20 juin il prévoit que plusieurs séries de feuillets puissent être combinés dans le même flip book afin que selon qu'on le feuillette du côté droit ou du côté gauche n'apparaisse pas la même animation. C'est un principe qui sera repris une centaine d'années plus tard par le dessinateur français Lécroart qui dans un seul flip book donne à voir six histoires (trois de chaque côté) : en bizautant légèrement une page sur deux de chaque côté lorsque l'on feuillette au milieu on a toutes les images et si l'on feuillette à droite ou à gauche seulement une image sur deux ce qui produit des histoires différentes.
Dans les années 1880, on exploite semble-t-il de diverses façons l'idée d'utiliser plusieurs images pour montrer une série d'événements. Par exemple en 1882, une firme nommée Sammis & Latham réalise une succession de cinq dessins montrant un homme apprenant qu'il vient d'être père et dont la tête change au fur et à mesure qu'il apprend que ce n'est pas un mais cinq enfants qu'il vient d'avoir.
Le 17 novembre 1886, un autre anglais, Arthur Andrew Melville dépose un brevet (British Patent, n°14917) presque similaire à celui de Linnett mais dans lequel sous le nom de « The Living Picture Book », deux flip books sont tête-bêche. Il imagine également qu'il puisse y avoir trois flip books reliés en triangle, quatre et même six flip books en hexagone. Nous ne savons pas s'il en a réalisé de tels. Dix ans plus tard il imaginera lui aussi un premier feuilleteur (voir la partie feuilleteurs).
En Allemagne Maximillian Skladanowsky, qui avec son frère Émile avait organisé une séance de cinéma en novembre 1895 à Berlin quelques semaines avant celle de Louis Lumière, a eu l'idée pour faire rentrer de l'argent frais dans son affaire, de découper les images de ses films et de les réunir en carnet. Selon les historiens du cinéma ses flip books dateraient de 1892 ou 1894. En France, Léon Gaumont fait la même chose à partir de ses premiers films pour en reproduire le mouvement.
C'est un fabricant de jeux, Charles Auguste Watilliaux, 110, rue Vieille-du-Temple, à Paris, qui réalise en 1896 ce qu'il appelle un folioscope qui ressemble à celui imaginé par Melville dix ans plus tôt. Sa description nous est parvenue grâce à Gaston Tissandier qui écrit dans la revue scientifique La Nature le 21 mars 1896 :
- « Récréations scientifiques — Le folioscope — Tout le monde connaît le zootrope, (...) mais voilà que vient de paraître un objet bien plus simple encore que le zootrope jouet et qui donne le même résultat que cet appareil ingénieux. Il s'agit d'un album double dont nous représentons dans la gravure que nous publions ici les deux exemplaires brochés ensemble dos à dos. Les pages de ce double album ont 5 centimètres de hauteur et donnent chacune diverses reproductions d'une danseuse qui lève et abaisse les bras et les jambes et d'un forgeron qui bat son fer rouge, ou d'une gymnaste qui fait du trapèze.
Le fonctionnement de cet album est très simple et très facile à exécuter ; il suffit de tenir l'album verticalement entre les doigts de la main gauche, et, de la main droite, on fait courber l'extrémité des feuilles de manière que la tranche forme un biseau sur lequel se posera le pouce et que l'index et le médius soutiendront en dessous.
On laisse glisser aussitôt le pouce de la main droite sur la tranche, ni trop lentement, ni trop rapidement, pour qu'il n'y ait pas d'arrêt dans le défilé des figures successives, ni de feuillets inaperçus.
Après quelques tâtonnements on arrive à le bien faire fonctionner, et les pages des mouvements se succédant on voit le forgeron battre son fer et la danseuse qui fait ses pas.
Les deux albums réunis fonctionnent des deux côtés. En retournant cet album sens dessus dessous, on a deux autres séries à faire voir ; le dessus et le dessous des feuillets ayant chacun des séries de personnages en mouvement qui forment ainsi deux spectacles de figures à chaque volume, il y a donc quatre séries d'images dans le petit album double. »[17]
Le 1er mai 1896 Charles Auguste Watilliaux et Siméon Claparède déposent un brevet avec la description suivante :
- « Appareil donnant l'illusion du mouvement par la succession rapide de photographies ou dessins ». La Nature s'en fait l'écho dans son numéro du 9 janvier 1897 : C. A. Watilliaux après son folioscope d'images dessinées à la main s'est mis d'accord Georges Demeny pour utiliser ses images et « au lieu de les monter en cahier, il les monte autour d'un axe placé horizontalement dans une boîte en carton et muni d'une manivelle »[18]. C'est probablement le premier feuilleteur en forme de jouet. Quelques mois plus tard ils déposent un second brevet pour un appareil du même principe mais utilisant un miroir. (Sur ces jouets, voir notre partie feuilleteurs).
Le 3 avril 1897, ce sont à nouveaux deux anglais, John O'Neill et Robert McNally qui déposent un autre brevet (British Patent , n°8572) pour des flip books réalisés cette fois à partir de photographies : « The figures may illustrate a prize fight, a cock fight, a wrestling match, a skirt dance, skipping, a drinking bout, or the like, the subjects in this respect being practically unlimited. The respective movements of the figures are represented or imitated to a nicety by the rapid slipping of the leaves throught the fingers, which has the effect of producing an optical illusion as perfect as it is amusing and interesting ».
Le flip book s'est répandu à la fin du XIXe siècle en particulier sous forme de petits carnets proposés aux États-Unis sous Bon Marchéle nom de « Living Pictures » ou « Living Photograph », en Allemagne sous le nom de « Lebenden Photographien » ou en France sous le nom de « Cinématographe de Poche ». Ils étaient parfois prétextes à la contemplation de scènes un peu légères. Faciles à fabriquer et composés de photographies ou de lithographies, ils étaient vendus dans les magasins de jouets ou dans les boutiques de farces, attrapes et articles de fêtes. Leur prix de revient très bas en ont fait un objet publicitaire facilement offert par des marques (cigarettes, grands magasins…). Une vingtaine de flip books ont été réalisés par le Bon Marché à Paris au début du siècle justement sous ce nom de « Cinématographe de Poche ». Ce sont des photographies imprimées par Camille Sohet, « Imprimeur d'Art »[19].
Au Congrès International de Météorologie de 1900, le scientifique français Paul Garrigou-Lagrange a utilisé le cinématographe de poche pour montrer des cartes météorologiques en mouvement qu'il avait dessinées[20].
À la veille de la première guerre mondiale, le laboratoire photographique Biofix, présent à Londres (56 Strand) et à Paris (23 bd Poissonnière)[21], proposait à sa clientèle la réalisation d'un flip book original réalisé dans ses boutiques en photographiant celui ou ceux qui le souhaitaient. La plupart sont agraphés mais certains sont brochés grâce à un simili livre de métal au nom de Biofix. Le plus célèbre est celui qui représente Guillaume Apollinaire et André Rouveyre. Ce dernier a raconté les circonstances de cette prise de vue réalisée le 1er août 1914 en passant boulevard Poissonnière alors qu'ils se rendaient aux bureaux du journal Comoedia situés au n°27 du même boulevard :
- « Nos regards se portèrent ensemble sur un éventaire improvisé dans un petit magasin sans locataire, et la même idée nous vint : nous allions nous quitter dans une sévère circonstance… peut-être serait-il plaisant de faire prendre ainsi une telle image animée de nous deux...
Nous entrâmes et, le prix réglé, on nous fit pénétrer dans une sorte de guérite en planches recouvertes moitié cartonnage argenté, moitié zinc, avec le fond derrière nous, en tôle ondulée, où nous avions à peine la place de bouger, serrés l'un contre l'autre, emboîtés étroitement ; à douter, dans la chaleur, si on y pourrait respirer… Déjà tout cela nous amusait et nous disposait bien. En face, l'appareil braqué, massif et bas sur pattes avec son gros objectif. À gauche, dirigé droit sur nous, tout près, un cornet de carton peint en clair nous envoyait une lumière de lampe assez vive. Nous regardions curieusement notre réduit étrange, mais qui n'était tout de même pas pour nous électrocuter, innocents que nous étions lui et moi, quand une voix nous dit : "Ça commence" et toc, un déclic, et puis tout un trimbalement, un déglingage mécanique à l'intérieur de l'appareil, un amusant concert ferrovier, à petits coups réguliers qui faisaient tout tremblotter de notre échafaud, tandis que, au même temps, on nous avait lancé une lumière plus blanche et plus crue.
D'abord saisis - mais ce n'était plus le moment de fuir -, vite nous allions comprendre qu'il ne fallait pas rester immobiles. J'eus l'à-propos de me tourner vers Apollinaire et de lui dire : "Il faut bouger, dire n'importe quoi, sinon nous allons avoir l'air de deux couillons !". Cela le fit rire et, s'agitant, il balbutia quelques mots vagues que je n'entendis pas, et les accompagnant de gestes que l'on voit dans la suite des images. Soudain c'était fini»[22].
D'autres ateliers photographiques ont utilisé le même procédé. Nous en avons trouvé sept différents : le Kinophot (voir la partie feuilleteurs), le « Photo Cinema-Magic », sans nom de photographe ; le « Ciné Souvenir » réalisé par « Procédés Wassner de photo animée, 14, place du Havre, Paris 9e » ; un autre sans nom dont il nous manque la couverture et qui est daté au dos par son premier propriétaire : « Paris, 1932 » ; un « Moviematic Movie Book » (Voir l'animation) des laboratoires Moviematic à New York ; un sans référence de plus grand format et enfin le dernier portant la mention « Films Jacques Haïk[23] la production qui donne le ton ».
En avril 1911, un Allemand, Rudolf Schulze, dépose à Paris un brevet pour un « Livre contenant des vues cinématographiques » qui propose, ainsi que le montre l'illustration ci-jointe, d'insérer des scènes animées dans un livre « qu'on peut feuilleter dans le but de produire des images cinématographiques lesquelles sont obtenues par ce moyen que le volume tout entier, ou certaines parties de ce volume sont découpées en des bandes qui adhèrent les unes aux autres . » Le principe sera repris bien des fois (notamment par Disney) comme on peut le voir dans la partie Livres de la Typologie .
Du 7 mai au 21 août 2005 a eu lieu au Kunsthalle de Düsseldorf la première exposition d'envergure consacrée au flip book. Sous le titre « Daumenkino. The Flip Book Show » l'exposition a montré quelques flip books et feuilleteurs historiques (dont certains de notre collection) et un grand nombre de flip books d'artistes. Un catalogue[24] très illustré a été édité à cette occasion qui contient un DVD permettant de voir les flip books les plus anciens comme ceux de Linnett ou Skladanowsky et d'artistes comme Robert Breer, Andy Wharol, George Griffin, Gilbert & George, etc.
(Pascal Fouché, http://www.flipbook.info/historique.php )
Compléments(Edit)
Par Pascal Fouché
Des flip books en langue des signes (juin 2006)
Lorsque l'association Écoutez voir ! m'a demandé si je connaissais des flip books en langage des signes, j'ai signalé le seul que j'avais qui est un livre d'artiste réalisé par Barbara Fox (Today). Depuis j'en ai trouvé un autre réalisé par Serge Morin (Je t'aime).
Écoutez voir ! a eu la bonne idée d'en éditer deux (réalisés par Olga Éditions) : Bonne Fête et Bon Anniversaire.
Un cadeau amusant et original y compris pour ceux qui ne comprennent pas la langue des signes.
Une réalisation intéressante (mai 2006)
Un flip book qui nous vient de Liège réalisé par l'Atelier d'Architecture Pierre Hebbelinck représente ce qu'ils ont appelé "deux temps dans l'énoncé de la création". À partir d'une commande concernant l'aménagement d'une maison qui s'est déroulé entre 1989 et 2005 à raison en moyenne de deux demandes par an, ce flip book montre deux séries de photographies à feuilleter de Marie-Françoise Plissart et aux versos des dessins et photographies relatives aux différentes réalisations.
L'originalité que j'ai voulu montrée avec la photo ci-dessous pas très réussie est qu'il y a en fait deux flip books en un qui sont reliés par leur dernière page de couverture qui est commune. C'est le premier de ce genre que je vois... encore une idée originale.
On peut en voir la fiche ici : http://www.flipbook.info/blog_fiche.php?id=3243
Et on peut se le procurer à cette adresse : http://www.pierrehebbelinck.net/
Flip book ou pas flip book ? (mars 2006)
J'ai failli ne pas l'acheter trois fois avant de me décider pour savoir s'il s'agit ou non d'un flip book. Il se présente en deux blocs reliés ensemble l'un au-dessus de l'autre. La partie supérieure comporte des débuts de phrase et la partie inférieure des fins de phrase.
Le jeu est de feuilletter la partie supérieure en s'arrêtant sur une phrase et de feuilleter la partie inférieure pour s'arrêter sur une autre et lire la phrase entière. L'auteur l'explique ainsi au dos : "Il vous suffit de choisir aléatoirement une proposition dans le bloc supérieur du xyloglossaire en faisant défiler les pages avec le pouce de la main gauche, et de la faire correspondre avec le complément du bloc inférieur que le hasard et le pouce de votre main droite auront déterminé pour vous".
Si l'on considère que c'est en feuilletant que l'on construit une phrase au hasard, on peut le considérer comme un flip book mais il n'y a pas de continuité quand l'on feuillette un seul des blocs (contrairement aux Mémoires d'un bègue d'Henri Dhellemmes). Et dans ce cas ne faudrait-il pas considérer les Cent mille milliards de poèmes de Raymond Queneau comme un flip book ? Je ne crois pas. La grande différence est que l'on peut feuilleter les deux blocs pour aider le hasard.
En tout cas le fait qu'il ait la taille et l'apparence d'un flip book avec une reliure originale donne un objet unique et un concept intéressant.
Le premier flip book daté de 2006(février 2006)
En fait le premier que j'ai trouvé fin janvier ce qui ne veut pas dire qu'il n'y en ait pas d'autres. J'espère d'ailleurs qu'il y en a déjà d'autres... Bref le premier que j'ai ajouté à ma collection et donc inséré sur le site : il s'agit d'un flip book publicitaire réalisé par Chanel pour ses bijoux "Les Coeurs de Chanel".
Chanel en avait d'ailleurs déjà fait un en 2003. Décidément les marques de luxe aiment bien les flip books. Tant mieux.
Réaliser un flip book à partir d'une vidéo (décembre 2005)
Pour réaliser soi-même un flip book à partir d'un fichier vidéo .avi, on nous a signalé ce nouveau logiciel qui peut se télécharger gratuitement : http://www.donationcoder.com/Software/Mouser/FlipbookPrinter/index.html
Le site renvoie également pour les utilisateurs Mac à Movie Flipper un logiciel qui existe depuis 2002 à partir de fichier Quicktime : http://www.lamarchefamily.net/nakedsoft/
John Maeda (décembre 2005)
John Maeda graphiste,créateur numérique et professeur au MIT, dont des oeuvres projetées sur grands écrans sont présentées à la Fondation Cartier pour l'art contemporain à Paris depuis le 19 novembre et jusqu'au 16 février 2006. La Fondation Cartier a publié deux extraits de ses oeuvres qui font des flip books très réussis.
Regardez une plante (Tabebuia) pousser à toute allure (juillet 2005)
Tel est le titre de ce flip book original réalisé par Gilles Raynaldy pour la Cité des sciences et de l’industrie à Paris. Pour les besoins de l’exposition « Opération Carbone », présentée du 18 mai 2004 au 12 juin 2005, quatrième exposition du programme thématique « Gérer la planète » consacré au développement durable, des plants de Tabebuia ont été photographiés, au début toutes les heures puis toutes les demi-heures, entre le 13 février et le 22 mars 2004. Des 1104 photos obtenues, Gilles Raynaldy en a sélectionné 40 qui ont fait l’objet d’un tirage plastifié et relié placé dans l’exposition devant des plants de Tabebuia pour pouvoir être feuilletés par les visiteurs.
L’exemplaire présenté a été changé lorsqu’il était abîmé et il n’est resté que deux exemplaires, un conservé par le photographe et celui-ci (http://www.flipbook.info/blog_fiche.php?id=2688).
Une version réduite en a été faite et mise sur le site internet de la Cité des sciences et de l’industrie pendant l’exposition pour être imprimée et découpée (http://www.flipbook.info/blog_fiche.php?id=2252).
Marilyn (mars 2005)
Apparemment ce que j'avais pris pour une simple planche de photographies du film dans lequel Marilyn Monroe joue avec les Marx Brothers et dont je pensais qu'elle aurait pu servir à faire un flip book (voir la reproduction dans la partie cinéma de notre typologie), est effectivement la planche qui a servie à confectionner le flip book de la série Flip-O-Vision consacré à ce film "Love Happy". La copie ci-jointe montre bien que les photos sont les mêmes même si elles n'ont pas toutes été utilisées. Il est donc possible qu'il existe une telle planche pour chaque Flip-O-Vision.
Nouvel éditeur à Genève (mars 2005)
Un nouvel éditeur de flip books. C'est suffisamment rare pour être remarqué. Olga Éditions, installé à Genève, a publié fin 2004 deux flip books originaux. Le premier appelé La Chute montre le moment où Fidel Castro est tombé de l'estrade à la fin d'un discours le 20 octobre 2004. Le deuxième Désordre est une charge de CRS. Assurément deux idées qui sortent de l'ordinaire. En attendant la suite.
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- ↑ Il est signalé quelques mois plus tard dans « Le folioscope mécanique », La Nature, supplément au n°1232, 9 janvier 1897.
- ↑The Kinora Library. A descriptive List of Moving Pictures that you may see in your own home, Hastings, The Projection Box, 2001. Voir aussi Barry Anthony, The Kinora. Motion pictures for the home 1896-1914, Londres, The Projection Box, 1996.
- ↑Visibles dans la partie Communication du Musée, ils portent les numéros d'inventaires 16964-0001 et 16964-0002. Il existe aussi une autre version du Kinora à main au musée Gaumont.
- ↑Ce jouet a été décrit par Pascal Pontremoli dans« De l'animoscope au zootrope », Le Vieux Papier, 1997.
- ↑Décrit par Stephen Herbert dans Theodore Brown Magic Pictures. The art and inventions of a multi-media pioneer, Londres, The Projection Box, 1997.
- ↑Pascal Pontremoli, op. cit.
- ↑Ricky Jay, The Magic Magic Book. An inquiry into the Venerable History & Operations of the Oldest Trick Conjuring Volumes designated « Blow Books », New York, The Whitney Museum of American Art, 1994.
- ↑Gérald Dupeyrot, « Flip Story », BàT, mars 1981, pp.32-35.
- ↑E.L. Doctorow, Ragtime , Laffont, 1976 (repris dans la collection « J'ai Lu », n°825).
- ↑Johanna Drucker, The Century of Artists' Books, Granary Books, 1995.
- ↑Book Unbound, Spring 2001, page 16.
- ↑Sur les jouets optiques, voir la remarquable série d'articles de Pascal Pontremoli parus sous le titre « De l'animoscope au zootrope » dans Le Vieux Papier, fascicules 338 (octobre 1995), 340 (avril 1996), 342 (octobre 1996) et 344 (avril 1997). Repris en plaquette la même année.
- ↑À l'American Museum of the Moving Image de New York, on peut même réaliser son propre flip book en se faisant filmer devant une caméra qui enregistre 40 images qui imprimées et assemblées constitue un flip book inédit et original.
- ↑Merci à Christin Müller de nous l'avoir signalé.
- ↑Werner Nekes, Was geschah wirklich zwischen den Bildern ? Gurtrug-Film, 1986 (sorti aux États-Unis sous le titre Film Before Film , Kino on Video, 1999).
- ↑Adolf Hübl, 51 Jahre Film, Wien, Eberle Verlag, 1947.
- ↑Gaston Tissandier, « Récréations scientifiques – Le foliosocope », La Nature, n°1190, 21 mars 1896.
- ↑« Le folioscope mécanique », La Nature , supplément au n°1232 du 9 janvier 1897.
- ↑Voir leur description dans : Georges Naudet, « Les Folioscopes du Bon Marché », dans Pascal Pontremoli, op.cit., pp. 16-17.
- ↑La Nature, n°2358, 25 mai 1919.
- ↑Le Bottin du commerce mentionne l'existence de Biofix jusqu'en 1921.
- ↑« Apollinaire filmé en 1914 », Le Point, juin 1944.
- ↑Jacques Haïk a inauguré la salle de l'Olympia en 1930. Il construira ensuite Le Grand Rex en 1932 et Le Français boulevard des Italiens en 1939. La salle de l'Olympia est restée dans le groupe des sociétés Jacques Haïk jusqu'en 1987.
- ↑Coédité par le Kunsthalle de Düsseldorf et Snoeck, éditeur à Cologne.