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Jean-Luc Godard & François Truffaut, Une Histoire d'Eau, 1958
Une Histoire d'Eau(Edit)
de Jean-Luc Godard et François Truffaut
Réalisation : François Truffaut
Scénario : François Truffaut et Jean-Luc Godard
Avec : Caroline Dim (la jeune fille), Jean-Claude Brialy (le jeune homme), voix de Jean-Luc Godard.
Court-métrage
35mm NB
Durée : 12mn
Année : 1958
Une histoire d'eau est une vraie collaboration entre François Truffaut et Jean-Luc Godard, l'une des rares fois où ils travaillèrent ensemble. Truffaut proposa un jour à Godard et à Pierre Braunberger, le producteur du film, de profiter des inondations en région parisienne pour filmer à toute vitesse une histoire fantaisiste. Dix heures plus tard, il tournait. Godard vint lui prêter main-forte pour les dialogues et pour le montage et doubla Jean-Claude Brialy. Le film se présente comme « un hommage à Mac Sennett ».
Partie de Villeneuve-Saint-Georges, un jour de grande inondation, une jeune fille essaye de rejoindre Paris. Un jeune homme la prend en stop dans sa Ford Taunus. Ils zigzaguent, suivant divers itinéraires, au gré des eaux. La jeune fille commente sans cesse leur voyage et, de plus, nous fait part de toutes les digressions qui lui traversent la tête. La voix de Jean-Luc Godard, qui double l'automobiliste, intervient de temps à autre dans ce discours intérieur. Des plans aériens de l'inondation parsèment le film. Un flirt s'ébauche. Les deux jeunes gens arrivent enfin à la capitale. C'est le bonheur.
Séquences
1 - 00.53 - Inondation de février
Une jeune fille, emmitouflée, sort de sa maison cernée par une sérieuse montée des eaux, en fredonnant : « J'ai descendu dans mon jardin. » Elle nous apprend que Villeneuve-Saint-Georges est inondé, comme chaque mois de février.
2 - 01.46 - Voyage en barque
Son cousin Pépère, un pompier, place une longue planche et la demoiselle peut partir de chez elle, « en imitant Blondin ». Empruntant des bottes à son cousin Léon, elle monte dans une barque et s'éloigne. Elle n'a cessé de faire part de ses réflexions et lance au passage un hommage à Chandler ("Adieu mes jolis ! ").
3 - 01.48 - Tours et détours en stop
Prise en stop par un jeune homme, elle essaye de rejoindre Paris. Mais la voiture, telle « un petit renard galopant en souplesse dans le chemin creux », rebrousse chemin plusieurs fois devant la montée des eaux.
Le conducteur tente de voler un baiser à sa passagère, qui nous confie son amour pour Aragon et rend compte d'une conférence du maître sur Pétrarque, où, s'étendant sur Matisse, il fit l'éloge de la digression.
4 - 00.43 - Éloge de la Taunus
Les deux jeunes gens roulent sur Paris. Le conducteur, au lieu de faire sa cour à la jeune fille, vante sa voiture : « La Ford Taunus, c'est la reine », ce qui indigne sa passagère.
5 - 00.52 - Éloge de la liberté
De tours en détours, les voilà revenus à Villeneuve. On leur indique un autre itinéraire. La jeune fille s'enthousiasme pour l'esprit de liberté qui souffle en France. À Paris, « on peut marcher dans une avenue qui s'appelle Staline et déboucher dans un boulevard nommé Nicolas II ». Les deux voyageurs décident de mettre pied à terre.
6 - 01.12 - À pied. Éloge de l'image
Les voilà qui s'acheminent vers les bords de la rivière. La jeune fille s'emballe pour le paysage, cite un poème de Baudelaire et fait un éloge de l'image.
7 - 02.56 - La séduction par le rire
Le conducteur fait le loup et court après sa passagère. Ils s'étendent au bord de l'eau et la séduction se dessine, mais la jeune fille se ravise et décide qu'elle ne se laissera plus embrasser par le garçon que s'il la fait rire en lui racontant des histoires. Il s'exécute, puis ils rejoignent la voiture en barque.
8 - 01.01 - Vers Paris. Éloge de la légèreté
La Taunus roule enfin vers Paris. La passagère a la nostalgie du temps où l'on était léger et pas sérieux. « Bath, c'était clair et charmant ! » Elle aimait qu'un galant s'appelle un mirliflore et l'argent, de la galette. Mais Éluard, Larbaud et Giraudoux ont disparu.
9 - 00.33 - Bonheur à Paris. Générique
Arrivé à Paris, le jeune couple contemple la tour Eiffel qui a les pieds dans l'eau. La jeune fille, heureuse, projette de continuer la soirée chez son mirliflore. Sur des images de Paris, sa voix égrène le générique.
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