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Gabriel Germinet, Maremoto, 1924
"Le 21 octobre 1924, les sans-filistes qui avaient réglé vers 18h15 leur récepteur à galène ou à lampes sur la longueur d’onde de Radio Paris (1780 m) entendirent, scandées par des signaux lointains de télégraphie en morse, d’affreuses scènes de naufrage. L’émoi fut tel pour ce qui n’était en réalité que la répétition d’un "radio-scénario" – Maremoto de Gabriel Germinet, répétition pour laquelle l’antenne émettrice était malencontreusement restée branchée – que le ministère de la Marine signifia par l’administration des PTT à Radio Paris que, "Pour la sécurité de la vie en mer ainsi que pour le bon ordre de la tranquillité de la vie publique, il y avait un intérêt capital à interdire le radio-scénario intitulé Maremoto." Et qu’"en outre, il vaudrait beaucoup mieux, au point de vue de l’encombrement de l’atmosphère et au point de vue du perfectionnement des procédés de modulation, que les postes de radio-diffusion transmettent des auditions musicales plutôt que des décors de bruit."
Dans Théâtre radiophonique, mode nouveau d’expression artistique (1935), Germinet se fera le pionnier de ces "décors de bruit", propres "à engendrer des impressions semblables à celles du rêve, si saisissant de vérité."
" Quatorze ans avant la fameuse La Guerre des mondes d’Orson Welles, la diffusion de Maremoto sur Radio-Paris, en octobre 1921 (1924?), a déclenché la première panique radiophonique de l'histoire. Un navire en perdition dans l'Atlantique y envoie par T.S.F. des appels désespérés : les auditeurs qui captèrent cette émission crurent assister en direct à un naufrage. L'émission fit la une des journaux le lendemain de sa diffusion, et fut interdite par... le ministère de la Marine."
"Gabriel Germinet, les carnets radio"
"Vous mériteriez que je vous envoie mes témoins", écrivait un auditeur à Gabriel Germinet, après avoir écouté sa pièce radiophonique, Great Guignol, diffusée en 1934 sur le poste parisien. Mais Gabriel Germinet n'en était pas à son premier (for)fait. C'était la deuxième fois que ce créateur et théoricien du théâtre radiophonique effrayait les auditeurs avec des pièces fictives qui égalaient la réalité : le 21 octobre 1924, quatorze ans avant la Guerre des mondes d'Orson Welles, les sans-filistes français crurent vivre en direct le naufrage d'un navire en perdition. La pièce radiophonique s'appelait Maremoto. Et le 28 janvier 1934, dans Great Guignol, c'est du suicide sur scène d'un comédien qu'ils furent témoins, lors de l'inauguration d'un théâtre qui n'existait pas…
Gabriel Germinet s'appelait en réalité Maurice Vinot ; c'était un ingénieur que l'imagination créatrice avait porté dans de nombreux domaines, par exemple, avant de penser à la radio, il avait inventé…la climatisation. Mais il fut aussi directeur du Poste parisien de la radio entre 1922 et 1925, écrivit ou adapta de nombreux textes pour la radio, et réfléchit alors à la personnalité de l'outil radiophonique, à sa portée sociale et artistique, à la spécificité de l'auteur de radio, et aussi à toute une série d'améliorations techniques que les ingénieurs du son redécouvrent avec enthousiasme, car beaucoup de leurs aspects se retrouvent aujourd'hui dans la pratique de l'art sonore.
En 1962, Gabriel Germinet a légué toutes ses archives écrites, manuscrits de textes radiophoniques, correspondance, notes, coupures de presse, documents sur les congrès d'art radiophonique, à la Bibliothèque de l'Arsenal. Ce fonds a été récemment transféré, avec tout le fonds «arts du spectacle», sur le site Richelieu de la Bibliothèque Nationale qui nous a pour l'occasion ouvert ses portes : ce fonds était à ce jour quasiment inexploré."
Références :
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reso_0751-7971_1992_num_10_52_2843
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