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Marguerite Duras, La Femme du Gange, 1972/73
Extrait vidéo :
http://www.ina.fr/fictions-et-animations/animation/video/CPF86616288/la-femme-du-gange.fr.html
La Femme du Gange(Edit)
de Marguerite Duras
avec :
35mm
Durée : 1h40
Année : 1972-73
Un homme revient sur les lieux où il a vécu une grande et passionnante histoire d'amour avec une femme aujourd'hui décédée. La sensation qu'il ressent est tellement forte qu'il s'imagine qu'elle est toujours vivante et organise sa vie de la sorte...
MD -Dans le processus ordinaire du théâtre, prenons le théâtre comme discipline, tu as la salle, tu as la scène, où se passent les choses. Il y a entre la salle et la scène une communication constante, directe (...) Là (dans La Femme du Gange) tu as la salle, tu as la scène, et tu as un autre espace. C’est dans cet autre espace que les choses sont vécues et la scène n’est qu’une chambre d’écho. Sur la scène il y a par exemple, la réception, elle est loin, il arrive des débris de la réception, des petits morceaux, des gens qui passent dans un angle et puis disparaissent (...).
Outre le fait que "La femme du Gange" s'avère proprement non-racontable, ce serait sûrement désobliger fortement Marguerite Duras que de tenter de l'expliquer ("quel critique vous rendra compte de ce film et de son exacte portée?", demande perfidement le slogan publicitaire). Sachez cependant que, côté son, deux voix féminines se souviennent d'événements passés à S. Thala, tandis que, sur l'écran, un homme rencontre des silhouettes statiques sur le fond d'une mer dont elles semblent être issues...
''La femme du Gange, c'est en quelque sorte deux films : parallèlement au film qui se déroule en images, se déroule un film purement vocal non accompagné d'images... Les deux voix off de femmes n'appartiennent aucunement aux personnages qui apparaissent dans l'image. On peut ajouter que les personnages qui sont vus sur l'image ignorent totalement l'existence des deux femmes dont l'histoire se manifeste uniquement par le dialogue qu'elles entretiennent" dit Marguerite DURAS en préambule à son film.
Deux femmes se préparent à quitter définitivement leur maison et évoquent d'anciennes amours.
Cette oeuvre est une tentative d'intégrer le langage cinématographique à une démarche littéraire. Le son, les voix sont autonomes par rapport à l'image.''
"La séparation qui habite les êtres devient, à partir de La femme du Gange (1972-73), le principe stylistique de son cinéma. Composé de 152 plans fixes, le film est conçu par la cinéaste comme s'il était fait de deux films autonomes : celui des images et celui des voix. Ainsi, à travers un montage de type disjonctif, c'est l'intervalle qui est essentiel pour elle car il ouvre, face aux spectateurs, un espace vide dans lequel le sens résonne, sans avoir pourtant aucun lieu où prendre place. Cette dissociation entre bande-image et bande-son, Duras continuera à la décliner sous différentes formes : entre les corps - muets - qui occupent l'image d'India Song (1974) et leurs voix renvoyées dans le hors champ d'où elles parlent, entre sa voix d'auteur en train de lire le récit et une image complètement noire pendant trente minutes - sur une durée de quarante-deux - limite extrême atteinte dans L'homme Atlantique (1981). Cette norme esthétique, qui mine les mécanismes de la représentation cinématographique, devient à son tour principe idéologique, car elle parvient à ébranler les bases du cinéma dit narratif, sans pourtant démentir la narration." (Roberto Zemignan, Paris vu par Marguerite Duras, juillet 2004)
''Rapprochement avec le livre "L'Amour" (1972):
Texte extrêmement concis, grave et énigmatique. Deux hommes et une femme enceinte se retrouvent sur une plage éclairée par S. Thala, la proche ville en flammes.
" Elle ouvre les yeux. Elle le voit, elle le regarde. Il se rapproche d'elle. Il s'arrête. Il demande : - Qu'est-ce que vous faites là... il va faire nuit. Elle dit qu'elle regarde : - Je regarde. Elle montre devant elle la mer, la plage, la ville blanche derrière la plage, et l'homme, qui marche le long de la mer. Elle dit : - Ici c'est S. Thala jusqu'à la rivière. Et après la rivière c'est encore S. Thala."
Texte d'une extrême concision et d'une gravité intense. La figure indécise d'une femme enceinte et de deux hommes (l'un est venu pour se tuer), sur une plage éclairée par S. Thala, une ville en flammes. Plus hiératique qu'énigmatique.''
Ecouter Marguerite Duras:
Ecouter un extrait de la bande son:
Photogrammes:
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