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1.4. Télémusique(Edit)
La télémusique consiste généralement en un dispositif de concert dont un ou plusieurs de ces acteurs sont délocalisés par rapport à l’espace du concert, ou, si ce dernier est absent, lorsque les acteurs (musiciens, chef d’orchestre, auditeurs) ne sont pas dans le même espace physique et acoustique, tout en étant “synchrones”. Cette situation correspond à celle d’un concert synchronisé multi-sites consistant en des jeux et performances simultanés entre des espaces interconnectés. Ainsi un système de communication (télématique, téléphonique, etc.) en duplex ou en multiplex est à établir pour connecter ces acteurs qui se retrouvent de cette manière en situation acousmatique. Il peut s’agir dans ce cas d’une transmission à deux sens à partir de captations et de diffusions simultanées, d’un lieu à l’autre, ou entre plusieurs lieux. Cet exemple est pris en compte par le terme de télémusique et peut être complexifié, en plus de la transmission sonore, par l’utilisation de communication et de transmission de données et de flux de variables entre les machines et les instruments. Dans ce sens, il sera intéressant d’identifier, à la suite de Michael Pelz-Sherman et de Timothy Place (Place, 2000; Pelz-Sherman, 1998)[1], les différents constituants et acteurs d’une situation musicale et les relations qui les associent dans chaque type de musique en réseau : environnement, auditeur, instrument, performeur, compositeur.
Un dispositif de télémusique comprend une instrumentation inter-spatialisée (dans et entre plusieurs espaces) combinée avec des interactions en réseau entre musiciens et entre les instruments, et entre des éléments de l’environnement et des inputs et outputs instrumentaux. Ceci peut être étendu (via des interfaces de communication instrumentale) à des systèmes d’interaction et de communication entre les auditeurs et les musiciens, entre les auditeurs et les instruments, etc. Cette inter-spatialisation nécessite de construire sur les instruments des extensions de communication instrumentale et de contrôle de modulation qui permettent d’articuler l’évolution musicale collective.
Ceci rejoint les propos de Franziska Schroeder :
« Un concert de musique en réseau multi-sites [ce que nous nommons télémusique] peut aller de l’exécution d’une œuvre musicale à partir d’une partition avec un autre musicien situé dans un lieu distant, à l’improvisation avec d’autres performeurs situés dans différentes espaces virtuels et acoustiques, à jouer des algorithmes (le partenaire pouvant être alors une machine), de jouer un concert dans un espace virtuel [tel que l’environnement multi-utilisateurs Second Life]. » (F. Schroeder, site web, SARC, Queen’s University Belfast)[2] |
La télémusique se caractérise moins par sa capacité à être communiquée et transmise sur les réseaux que par son système organologique propre à l’interconnexion d’instruments et/ou de musiciens au travers d’espaces acoustiques et virtuels. Les caractères liés à la spatialité (distribution spatiale) et à la temporalité (synchronisation et a-synchronisation) qui se trouvent associés dans le cas de la situation télémusicale, font apparaître le développement de scénarios. En effet, les actions dans un dispositif de télémusique sont engagées dans la construction d’un scénario et d’une grille de “circuits”, que chaque acteur (compositeur, performeur, auditeur) “travaille” et expérimente. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, au stade actuel de son développement, la télémusique embrasse deux situations :
- l’une, s’établit sur une configuration “expérimentale” offrant un aspect expérientiel de la situation musicale “live” par l’investigation en direct (l’expérience du présent), propre à l’improvisation (tout autant que la composition), des limites et des excès des possibilités du système et des contextes environnementaux ;
- la seconde, explore les questions liées à l’écriture et la structure musicales comprenant autant les dimensions de l’orchestration (le dispositif spatial instrumental et l’organisation des actions instrumentales), que la composition pour de tels dispositifs.
Ces deux facettes ne sont pas antagonistes et peuvent être combinées et associées dans une même œuvre : ce que peut couvrir par exemple le terme de “comprovisation” pour discerner une composition écrite comportant des éléments d’improvisation et d’indétermination qui permettent d’élargir les échelles de temps. Notons au passage qu’il n’y a pas lieu d’opposer la composition et l’improvisation, afin, d’une part, d’éviter tout centrisme de l’histoire de la musique occidentale, qui de fait fragilise aujourd’hui cette opposition, et, d’autre part, de considérer l’acte musical dans ses dimensions anthropologiques croisant de multiples cultures et pratiques.
L’intérêt d’une telle démarche est de prendre en compte la situation “hic, illic, simul et nunc”[3] d’un concert de télémusique et d’y développer des formes d’écriture et d’expériences d’écoute et de jeu.
(à compléter : notation, partition et distance - la configuration spatiale et scénique distribuée (fragmentation vs centralisation) - Se développent Scénarios à utiliser la distance (Pedro Rebelo) -> circuit, partagée, Franzeska, dramaturgie, indices, relations musiciens, performeurs et auditeurs (tous acteurs), formes de collaboration et d’interactions, formes d’adresse, les réseaux comme nouveau medium de la performance (collaboration, authorship, presence et environnement), la question du lieu, la nature topologique et organisationnelle des réseaux affecte la création sur ce medium)
Ces situations de réactions propres à la co-présence dans un même espace physique (face-à-face) seront compensées dans la musique en réseau, multi-sites et utilisant la simultanéité, par des effets de téléprésence (pour un rendu de la coprésence) et de téléacoustique (rendus d’acoustiques à distance ou d’acoustiques jumelles[4]) tout en incluant les propriétés de la communication en réseau (latence, désynchronisation, etc.) en tant qu’acoustique virtuelle (i.e. la traversée d’un troisième espace conjoint aux espaces d’émission et de réception).
http://fr.medici.tv/event-pierre-henry-paroxysms/embed/
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- ↑Place T.A. (2000). Object Frameworks in Game-Based Musical Composition. University of Missouri - Kansas City, Dec. 2000; Pelz-Sherman M. (1998). A Framework for the Analysis of Performer Interactions in Western Improvised Contemporary Art Music. PhD diss., University of California - San Diego.
- ↑http://www.sarc.qub.ac.uk/~fschroeder/
- ↑Du latin : hic (ici), illic (là-bas), simul (ensemble, en même temps), nunc (maintenant).
- ↑Comme dans le cas de Netrooms - The Long Feedback de Pedro Rebelo (2008/2010) : http://pedrorebelo.wordpress.com et http://www.sarc.qub.ac.uk/~prebelo/netrooms/ http://netrooms.wordpress.com