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« Bourses de Voyage » Sommaire« La Chasse au Météore»





1899 - « Le Village Aérien ».(Edit)


C'était un concert qui succédait aux exercices chorégraphiques.




Commentaire : Le Village aérien est un roman d'aventures dans la jungle africaine, écrit par Jules Verne entre le 29 janvier et le 30 avril 1896 (paru sous forme de feuilleton du 1er janvier au 15 juin 1901 sous le titre La Grande forêt dans le Magasin d'éducation et de récréation). De manière ludique, le roman est l'occasion de s'interroger sur le fameux « chaînon manquant » entre le grand singe et l'être humain, le débat étant à l'époque brulant depuis la parution des travaux de Darwin. Pour un lecteur du XXIe siècle, Le village aérien fait inévitablement penser au succès cinématographique mondial des films La Planète des Singes dont il fait figure de précurseur. Ce livre est facile à lire, même pour un enfant ; par contre, selon les critères du XXIe siècle, il est raciste. Jules Verne compare l'intelligence d'un noir adulte à celle d'un enfant blanc de six ans. Cet aspect de ce livre ne doit pas faire oublier que Jules Verne était contre l'esclavage, voir par exemple son livre Nord contre Sud. Il est donc indispensable de se rappeler qu'un écrivain, comme n'importe qui, est avant tout un homme de son temps, dans son siècle à la fois historique et naturaliste, si bien qu'il faut lire le roman en le restituant dans son époque, c'est-à-dire en évitant de chausser nos lunettes d'hommes du XXIème siècle.


Mot-Clés : phonographie animale, tonalité des langues, chef d'orchestre, boîte à musique, piano mécanique, orgue de barbarie, harmonie tronquée
Personnalités et œuvres citées : Loïsa Puget, Hector Berlioz, Freyschütz


Télécharger le livre « Le Village Aérien »


Illustrations : http://www.scribd.com/full/3213507?access_key=key-zkxi6uee4arz3qnexsm
Illustrations : http://www.renepaul.net/collection_verne1/galerie.htm?village_aerien




Extrait.................. « Chap. VIII — Le docteur Johausen — [...] Avant de partir pour le continent noir, le professeur Garner s’était déjà mis en rapport avec le monde des singes, – le monde apprivoisé, s’entend. De ses longues et minutieuses remarques il retira la conviction que ces quadrumanes parlaient, qu’ils se comprenaient, qu’ils employaient le langage articulé, qu’ils se servaient de certain mot pour exprimer le besoin de manger, de certain autre pour exprimer le besoin de boire. À l’intérieur du Jardin zoologique de Washington, M. Garner avait fait disposer des phonographes destinés à recueillir les mots de ce vocabulaire. Il observa même que les singes – ce qui les distingue essentiellement des hommes – ne parlaient jamais sans nécessité. Et il fut conduit à formuler son opinion en ces termes : « La connaissance que j’ai du monde animal m’a donné la ferme croyance que tous les mammifères possèdent la faculté du langage à un degré qui est en rapport avec leur expérience et leurs besoins. »
Antérieurement aux études de M. Garner, on savait déjà que les mammifères, chiens, singes et autres, ont l’appareil laryngo-buccal disposé comme l’est celui de l’homme et la glotte organisée pour l’émission de sons articulés. Mais on savait aussi, – n’en déplaise à l’école des simiologues, – que la pensée a précédé la parole. Pour parler, il faut penser, et penser exige la faculté de généraliser, – faculté dont les animaux sont dépourvus. Le perroquet parle, mais il ne comprend pas un mot de ce qu’il dit. La vérité, enfin, est que, si les bêtes ne parlent pas, c’est que la nature ne les a pas dotées d’une intelligence suffisante, car rien ne les en empêcherait. Au vrai, ainsi que cela est acquis, « pour qu’il y ait langage, a dit un savant critique, il faut qu’il y ait jugement et raisonnement basés, au moins implicitement, sur un concept abstrait et universel ». Toutefois, ces règles, conformes au bon sens, le professeur Garner n’en voulait tenir aucun compte.
[...] Assurément, le professeur soutenait qu’il avait surpris divers signes vocaux ayant une signification précise, tels : « whouw », nourriture ; « cheny », boisson ; « iegk », prends garde, et autres relevés avec soin. Plus tard même, à la suite d’expériences faites au Jardin zoologique de Washington, et grâce à l’emploi du phonographe, il affirmait avoir noté un mot générique se rapportant à tout ce qui se mange et à tout ce qui se boit ; un autre pour l’usage de la main ; un autre pour la supputation du temps. Bref, selon lui, cette langue se composait de huit ou neuf sons principaux, modifiés par trente ou trente-cinq modulations, dont il donnait même la tonalité musicale, l’articulation se faisant presque toujours en la dièse. Pour conclure, et d’après son opinion, en conformité de la doctrine darwinienne sur l’unité de l’espèce et la transmission par hérédité des qualités physiques, non des défauts, on pouvait dire : « Si les races humaines sont les dérivés d’une souche simiesque, pourquoi les dialectes humains ne seraient-ils point les dérivés de la langue primitive de ces anthropoïdes ? » Seulement, l’homme a-t-il eu des singes pour ancêtres ?... Voilà ce qu’il aurait fallu démontrer, et ce qui ne l’est pas. [...] »

« Chap. XVI — Sa Majesté Msélo-Tala-Tala — « [...] À mon avis, la musique est un art inférieur qui s’adresse à un sens inférieur. Au contraire, qu’il s’agisse de peinture, de sculpture, de littérature, aucun animal n’en subit le charme, et on n’a jamais vu même les plus intelligents se montrer émus devant un tableau ou à l’audition d’une tirade de poète ! »
[...] Un superbe Wagddi – évidemment le chef d’orchestre de l’endroit – vint se poser devant l’instrument et commença à tourner la manivelle. Aussitôt la valse en question, à laquelle manquaient bien quelques notes, de se dévider au très réel plaisir de l’assistance.
C’était un concert qui succédait aux exercices chorégraphiques. Les auditeurs l’écoutèrent en hochant la tête, – à contre-mesure, il est vrai. De fait, il ne semblait pas qu’ils subissent cette impression giratoire qu’une valse communique aux civilisés de l’ancien et du nouveau monde.
Et, gravement, comme pénétré de l’importance de ses fonctions, le Wagddi manœuvrait toujours sa boîte à musique.
Mais, à Ngala, savait-on que l’orgue renfermât d’autres airs ?... C’est ce que se demandait John Cort.
En effet, le hasard n’aurait pu faire découvrir à ces primitifs par quel procédé, en poussant un bouton, on remplaçait le motif de Weber par un autre.
Quoi qu’il en soit, après une demi-heure consacrée à la valse du Freyschütz, voici que l’exécutant poussa un ressort latéral, ainsi que l’eût fait un joueur des rues de l’instrument suspendu par sa bretelle.
« Ah ! par exemple... c’est trop fort, cela !... » s’écria Max Huber.
Trop fort, en vérité, à moins que quelqu’un n’eût appris à ces sylvestres le secret du mécanisme, et comment on pouvait tirer de ce meuble barbaresque toutes les mélodies renfermées dans son sein !...
Puis la manivelle se remit aussitôt en mouvement. Et alors à l’air allemand succéda un air français, l’un des plus populaires, la plaintive chanson de la Grâce de Dieu.
On connaît ce « chef-d’œuvre » de Loïsa Puget. Personne n’ignore que le couplet se déroule en la mineur pendant seize mesures, et que le refrain reprend en la majeur, suivant toutes les traditions de l’art à cette époque.
« Ah ! le malheureux !... Ah ! le misérable !... hurla Max Huber, dont les exclamations provoquèrent les murmures très significatifs de l’assistance.
– Quel misérable ?... demanda John Cort. Celui qui joue de l’orgue ?...
– Non ! celui qui l’a fabriqué !... Pour économiser les notes, il n’a fourré dans sa boîte ni les ut ni les sol dièzes !... [...] »






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