Approche des Auditoriums InternetTypologie de l'écoute - (approche de l'écoute à distance)(Jérôme Joy) |
- ► |→ écoute causale
- ► |→ écoute sémantique
- ► |→ écoute réduite
- ► |→ écoute acousmatique
- ► |→ écoute flottante
- ► |→ écoute illicite (ou écoute indiscrète)
- ► |→ annexe : modes d'écoute (selon David Huron, 2002[1])
- ► |→ approche de l'écoute à distance
|→ écoute causale(Edit)
- Il s'agit de déterminer la cause du son, ses caractéristiques physiques. La détermination de la source et sa localisation sont le résultat de l'écoute causale.
- sous-catégories :
- écoute banale : la causalité du son, sans interroger celle-ci
|→ écoute sémantique(Edit)
- Il s'agit ici de saisir le sens, les informations véhiculés par le son sans référence forcément avec la source (la parole par exemple)
- sous-catégories :
- écoute culturelle : écoute du message
- écoute naturelle : écoute qui sert à se renseigner sur un événement
|→ écoute réduite(Edit)
- Il s'agit de saisir les éléments caractéristiques du son en vue de les traiter, les différencier. Par essence, le technicien du son doit développer cette capacité d'écoute hors de la cause et du sens. Cette écoute réduite doit finalement avoir l'objectif d'améliorer la perception du sens et/ou de la cause du son.
- sous-catégories :
- écoute praticienne : direction d'écoute spécifique
- auscultation : « On se sert, pour pratiquer l'auscultation, d'un instrument cylindrique, en bois, appelé "stéthoscope", dont une des extrémités est appliquée sur divers points des parois thoraciques, et l'autre contre l'oreille de l'observateur : de là le nom d'"auscultation médiate" donné par Laënnec à cette méthode d'exploration, pour la distinguer de l'"auscultation immédiate", qui consiste dans l'application de l'oreille contre les parois de la poitrine du malade que l'on veut "ausculter". » (In "Dictionnaire de médecine, de chirurgie, de pharmacie, des sciences accessoires et de l'art vétérinaire de P.H. Nysten", Sixième édition, Bruxelles, H. Dumont Libraire-Éditeur, 1834, pp. 73-74) — 1761 __ Inventum novum ex percussione thoracis humani ut signo abstrusos interni pectoris morbos detegendi (A New Discovery that Enables the Physician from the Percussion of the Human Thorax to Detect the Diseases Hidden Within the Chest), Joseph Leopold Auenbrugger (von Auenbrugg) (1722-1809)
- référence : Pour Pierre Schaeffer : "Écouter c'est rechercher dans les indices du son sa provenance possible (la causalité) ; ouïr (écoute banale) c'est écouter le son sans se poser de question ; entendre c'est pratiquer l'écoute réduite ; comprendre c'est percevoir la signification des sons (langage ou musique)." Ainsi, si écouter (écoute causale), c’est prêter l’oreille à la source d’un son, à viser sa cause, l’événement, ouïr, est une activité quasi-ininterrompue, l’oreille reçoit bien plus qu’on ne souhaite écouter ou comprendre. Entendre (écoute réduite) implique une intention d’écoute, une sélection en vue d’une qualification de ce qui se présente à nos oreilles. Comprendre (écoute sémantique), finalement, c’est saisir un sens en fonction d’un code, une écoute sémantique. L’écoute réduite correspond à une réduction phénoménologique appliquée à l’écoute. L’écoute réduite dépend ainsi de l’épochè, d’une mise en parenthèse de l’intention habituelle d’écoute, d’une dissociation entre le son et la cause, l’événement ou la signification.
|→ écoute acousmatique(Edit)
- écoute de sons « entendus sans que l’on puisse en voir la cause ». L’acousmatique prend comme point de départ une expérience d’écoute dans laquelle les référents visuels sont absents. L'écoute acousmatique, en s'affranchissant de l'emprise du visuel, libère les images mentales et les formes créatives de notre imaginaire.
- références :
- Pierre Schaeffer, dans le Traité des objets musicaux (1966), situe l’écoute acousmatique en opposition à l’écoute naturelle et en relation à « l’écoute réduite ».
- "Pythagore [...] dispensait, dit-on, son enseignement - uniquement oral - dissimulé derrière une tenture afin que ses disciples ne soient pas distraits par sa présence physique et puissent concentrer leur attention sur le seul contenu de son message." (Francis Dhomont, 1991)
- désigne « cette distance qui sépare les sons de leur origine » (Jérôme Peignot, 1955)
|→ écoute flottante(Edit)
- L'écoute analytique, appelée également "écoute flottante", consiste à moins se concentrer sur le contenu du discours (les mots qui sont prononcés) que sur ce qui "percole" dans la communication à un niveau infra conscient: ce qui se dit au-delà, à côté, ou même malgré les mots.
- références :
- (En psychanalyse) mode d'écoute du psychanalyste adapté à l'association libre et qui consiste à ne rien privilégier par avance de ce que dit l'analysant, de façon à laisser ce qui est important se dégager de l'enchaînement des mots et des idées, sans l'intervention intempestive du clinicien.
- (Dans la communauté des systèmes Multi-Agents) l’écoute flottante (overhearing) permet aux agents d’entendre les « conversations » des autres, sans pour autant être impliqué dans leurs échanges.
|→ écoute illicite (ou écoute indiscrète) (Edit)
- (eavesdropping en anglais) — EAVESDROP : écouter aux portes, écouter ce qui se dit, espionner, écouter quelqu’un de façon indiscrète, écouter les conversations privées de quelqu’un, mettre les conversations de quelqu’un sur écoute, écouter secrètement ou indiscrètement, écoute clandestine. — Du vieil anglais “yfesdrype” ; composé d'eaves et drop, là où l'on peut entendre la pluie tomber.
|→ annexe : modes d'écoute (selon David Huron, 2002[2]) (Edit)
- Distracted listening
- Tangential listening
- Metaphysical listening
- Signal listening
- Sing-along listening
- Lyric listening
- Programmatic listening
- Allusive listening
- Reminiscent listening
- Identity listening
- Retentive listening
- Fault listening
- Feature listening
- Innovation listening
- Memory scan listening
- Directed listening
- Distance listening
- Ecstatic listening
- Emotional listening
- Kinesthetic listening
- Performance listening
|→ approche de l'écoute à distance (Edit)
Écouter à distance se différencie de l'écoute régulière par le fait que l'auditeur ne se trouve pas dans le même espace acoustique que la source sonore (ou l'émetteur). Un intermédiaire ou un relais technique joint et connecte les deux espaces pour faire circuler le son (en quelque sorte un circuit).
Dans le cas de l'écoute régulière, l'auditeur et les sources sonores sont dans le même espace acoustique en respectant les conditions de localisation et de distance (éloignement, proximité). L'auditeur perçoit l'étendue des sons (dans le sens de Gallet) dans le même lieu où le son est produit. Ce lieu peut être un espace ou une articulation d'espaces joints acoustiquement (réverbérations, résonances).
L'écoute à distance permet de d'écouter en proximité ce qui est loin, distant et éloigné, (à l'aide d'appareils et de dispositifs[3]), et autorise la modulation de la proximité et de la distance dans l'expérience de l'écoute (d'où des dimensions organologiques et instrumentales qu'il faudrait étudier ; et les aspects syntoniques -selon Schütz- pour suivre ou s'accorder sur le flux sonore que l'auditeur reçoit et auquel il peut réagir localement). La notion et les qualités de distance seraient à expliciter : distance géographique, distance culturelle, écarts temporels, etc. ; tout autant que celle de flux et de courant.
En établissant la typologie des écoutes ci-dessus, nous voyons que les différentes focalisations de l'acte d'écouter (ou de l'intention d'écouter) peuvent s'appliquer tout autant à l'écoute à distance. L'écoute à distance n'est donc pas une catégorie de cette typologie, mais une condition et une situation d'écoute indépendante de la focalisation et de l'intention d'écouter.
En psychoacoustique musicale, la perception des sons dans l’espace est essentiellement reliée à la perception binauriculaire, c’est-à-dire au fait d’avoir deux oreilles. La localisation des sons dans l’espace est complémentaire des autres sens, notamment la vision et la perception de son corps dans l’espace (proprio-perception - le lien entre l'espace du corps et l'espace extrapersonnel) (voire de la kynesthésie, c'est-à-dire la perception des mouvements). La localisation comprend trois dimensions spatiales, soit l’azimut (gauche-droite), le plan vertical (haut-bas), et la distance. Sans doute nous pourrions parler d'écoute proprio-perceptive (à vérifier) (ou écoute endogène, dans le sens d'appartenir au même espace simultanément ; où écoute diégétique)[4], dans le sens où, l'auditeur et les sources sonores appartenant au même espace acoustique, l'auditeur prend conscience de et peut positionner son corps dans cet espace acoustique en fonction de la localisation et du flux des sons ; ce qui n'est pas le cas de l'écoute à distance, car nous ne pouvons pas mobiliser notre corps dans l'espace sonore d'origine (d'où proviennent les sons) (par exemple : il n'y a pas de danger : l'espace est médié).
écoute diégétique | écoute à distance |
- ↑
- ↑http://www.musiccog.ohio-state.edu/Huron/Talks/SMT.2002/handout.html
- ↑Il faudra étudier si l'effet est proche ou similaire à celui obtenu avec l'utilisation de jumelles, dans le cas de la vision à distance, ou encore avec celui des webcams dans le cas du live video streaming.
- ↑La proprioception est la perception de l’espace liée à l’équilibre et à la relation avec la force de gravité. En physiologie, la proprioception désigne l'ensemble des récepteurs, voies et centres nerveux impliqués dans la sensibilité profonde, qui est la perception de soi-même, consciente ou non, c’est-à-dire de la position des différents membres et de leur tonus, en relation avec la situation du corps par rapport à l’intensité de l’attraction terrestre.