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!!!!Feuilleteurs, effeuilloirs, folioscopes ''par Pascal Fouché'' En 1894, l'américain Hermann Casler invente le Mutoscope. C'est la première machine qui applique le principe simple de la persistance de la vision étudié par Muybridge et Marey. Des images prises avec un Mutograph, une des premières caméras photographiques, sont assemblées comme une roue et feuilletées mécaniquement, après avoir éventuellement introduit une pièce dans la machine, en actionnant une manivelle à la vitesse de 16 à 18 images par seconde ce qui donne l'impression de mouvement. Les Américains Coleman Sellers et George Burnham avaient déposé un brevet dès 1861 pour un appareil nommé Kinematoscope qui anticipait ce principe mais qui était basé sur la stéréoscopie, inventée dès 1832, le fait de regarder deux images légèrement différentes pour les voir en relief. Le Mutoscope est en quelque sorte la première machine à feuilleter ; même si ce n'est pas à proprement parler un flip book qu'elle feuillette, les autres machines à feuilleter découleront en définitive de ce principe très simple. Son brevet déposé le 21 novembre 1894 aux Etats-Unis est accepté le 5 novembre 1895. | [../files/articles/nocinema/folioscope/Mutoscope.jpg]| Le Mutoscope, qui connaîtra un rapide succès aux États-Unis dans ce que l'on appelle les « penny arcade », sortes de salles de jeux de l'époque, a aussi été appelé en Angleterre du nom de l'une de ses plus célèbres roues d'image : « What the Butler Saw ». Il a été très populaire jusqu'en 1910 à peu près, date à laquelle la concurrence des projections de cinéma lui a été fatale, même s'il a continué à être utilisé.| | [../files/articles/nocinema/folioscope/b1.jpg|../files/articles/nocinema/folioscope/b1b.jpg|right]| Le 30 juillet 1895, Hermann Casler dépose des brevets à Paris (n°249.286) et à Londres pour ce qu'il appelle toujours un Mutoscope mais dans une version extrêmement simplifiée qui s'apparente plutôt à ce que l'on qualifiera plus tard de « viewer », un simple feuilleteur. Le 4 mai 1897 en France et le 19 mai 1897 en Angleterre, il en déposera de nouveaux pour des perfectionnements de ce Mutoscope.| | [../files/articles/nocinema/folioscope/b2.jpg|../files/articles/nocinema/folioscope/b2b.jpg|right]| Le 10 août 1896, Charles Auguste Watilliaux et Siméon Claparède obtiennent à Paris un brevet (n°256.039), pour un « Appareil donnant l'illusion du mouvement par la succession rapide de photographies ou dessins ». Il est réalisé à partir de chronophotographies de Georges Demeny. Les illustrations montrent bien le fonctionnement de l'objet. C'est probablement le premier appareil qui applique à taille réduite et avec un système très simplifié les principes du mutoscope{footnote} Il est signalé quelques mois plus tard dans « Le folioscope mécanique », La Nature, supplément au n°1232, 9 janvier 1897.{/footnote}. Charles Auguste Watilliaux avait auparavant développé son folioscope (voir notre partie historique) et il prévoit que cet appareil puisse s'appliquer « à des photographies ou dessins disposés sur le cylindre d'après le système des livres connus depuis longtemps sous le nom de livres magiques, dont les tranches sont rognées en échelon de telle façon qu'en feuilletant le livre à tel ou tel endroit on aperçoive tel ou tel sujet ». Il fait là un parallèle avec les Magic Books dont nous avons vu le peu de rapports avec les flip books, si ce n'est le feuilletage.| | [../files/articles/nocinema/folioscope/b3.jpg|../files/articles/nocinema/folioscope/b3b.jpg|right]| Le 11 septembre 1896, l'anglais Arthur Andrew Melville, qui avait dix ans auparavant déposé un projet pour un « Living Picture Book », dépose un nouveau brevet (British Patent , n°20.136) qu'il intitule « A New Device by wich the Leaves of Picture and other Books may be Turned Over in a Regular Manner ». Il s'agit, comme le montre très bien l'illustration, d'un système très simple pour effeuiller cette fois un véritable flip book.| | [../files/articles/nocinema/folioscope/kinora.jpg|right]| Auguste et Louis Lumière, inventent le Kinora qui est breveté en Angleterre en 1896. C'est en quelque sorte un dérivé simple du Mutoscope puisqu'il s'utilise également avec une manivelle mais sans pièce et avec une roue d'images beaucoup plus petite. Il en existe de nombreuses versions qui différent seulement dans la présentation. Des négatifs des premiers films tournés pour le cinéma ont alimenté la production de ces images jusqu'à la première guerre mondiale. Une recension en a été faite qui a été récemment rééditée{footnote}The Kinora Library. A descriptive List of Moving Pictures that you may see in your own home, Hastings, The Projection Box, 2001. Voir aussi Barry Anthony, The Kinora. Motion pictures for the home 1896-1914, Londres, The Projection Box, 1996.{/footnote}.| | [../files/articles/nocinema/folioscope/b4.jpg|../files/articles/nocinema/folioscope/b4b.jpg|right]| Le 17 août 1897, Charles Auguste Watilliaux et Siméon Claparède obtiennent un nouveau brevet (n°266.424) pour un appareil qui a pratiquement les mêmes fonctions que celui de l'année précédente mais qui est baptisé « Cinébaroscope ». La différence essentielle est que les images se reflètent dans un miroir afin d'être vues par l'utilisateur à travers une fenêtre.| |[../files/articles/nocinema/folioscope/filoscope.jpg|right]| En 1898, l'anglais Henry Short dépose un brevet pour ce qu'il appelle le Filoscope, une sorte de Jouez l'animationmini-Kinora qui ne s'actionne plus par une manivelle mais en tournant à la main le support d'images qui est feuilleté uniquement par le métal. Les images n'étant plus sur une roue, on se rapproche du flip book.| | [../files/articles/nocinema/folioscope/scenesanimes.jpg|right]| En 1898 apparaît un feuilleteur français déposé par un fabricant de flip books nommé Léon Beaulieu (Brevet du 9 mars 1898). Il l'appelle « Effeuilloir mécanique pour cinématographe de poche ». Il est fait pour feuilleter réellement un flip book que l'on insère à l'intérieur et qui, comme pour le Filoscope de Short, est maniable uniquement avec la main. C'est de cette même époque que doit dater un autre feuilleteur de flip book réalisé par Léon Gaumont qui produit en même temps une version un peu plus sophistiquée du filoscope, qu'il appelle « Kinora à main » en y ajoutant une poignée pour le tenir et un verre grossissant qui permet de mieux voir les photographies. Il existe un exemplaire de ces deux feuilleteurs de Gaumont au Musée des arts et métiers à Paris{footnote}Visibles dans la partie Communication du Musée, ils portent les numéros d'inventaires 16964-0001 et 16964-0002. Il existe aussi une autre version du Kinora à main au musée Gaumont.{/footnote}.| | [../files/articles/nocinema/folioscope/brevet_baulieu.jpg|../files/articles/nocinema/folioscope/brevet_baulieu_gf.jpg|right]| En 1900 est produit par un fabricant de jouets français un « Cinématographe » dont les images sont montées sur une bande continue et s'actionnent en boucle grâce à une manivelle à l'intérieur d'une boîte parallélépipédique en carton. La tension de la bande d'images est exercée par une boule placée à l'intérieur. Les images se relèvent successivement lorsque l'on actionne la manivelle donnant l'impression de mouvement. Notre exemplaire n'est pas dans sa boîte d'origine mais, selon Pascal Pontremoli{footnote}Ce jouet a été décrit par Pascal Pontremoli dans« De l'animoscope au zootrope », Le Vieux Papier, 1997.{/footnote}, le mode d'emploi qui se trouve collé à l'intérieur du couvercle est en trois langues, français, anglais et allemand et précise : « Le Cinématographe-Jouet est le plus simple et le plus pratique de tous les appareils faits jusqu'à ce jour pour la reproduction de scènes animées. Il suffit pour la mise en marche de mettre sur le treuil la collection choisie, placer à l'intérieur la boule-charge et de plonger le tout dans l'appareil. Tenir toujours le Cinématographe-Jouet dans la position verticale ».| | [../files/articles/nocinema/folioscope/cinematographe.jpg|right]| Une autre version, présentée dans une boîte rouge, est appelée « Cinescenic - Dessin animé » et fabriquée par les Jouets R.J.L. La boîte est de couleur brune et les bandes contenues sont des dessins qui constituent effectivement une sorte d'ancêtre du dessin animé. L'emploi de ce mot laisse à penser qu'il a été produit plusieurs années après l'autre. Au lieu d'être une boule, le contrepoids est un cylindre en métal. En 1905 sera réalisée une version électrique de ce jouet, promue dans les catalogues toujours sous le nom de « Cinématographe-Jouet » : « Moteur électrique actionnant un cinématographe. 5 vues différentes, pile et accessoires. Haut. O m 20. Long. O m 27 4. »| | [../files/articles/nocinema/folioscope/cinescenic.jpg|right]|Deux autres petits feuilleteurs manuels sont apparus au début du siècle. L'un est allemand, daté de 1913, appelé « Kinophot. Das lebende portrait in der tasche », publié par Samson & Cie, il contient un flip book réalisé selon le principe des Biofix : une série de photographies de gens ordinaires qui se rendent chez ce photographe et s'animent en parlant ou en faisant des gestes devant l'appareil. Le boîtier une fois ouvert se transforme en feuilleteur grâce à une partie mobile qui anime le flip book.| | [../files/articles/nocinema/folioscope/kinophot.jpg|right]| Le second est encore plus simple puisqu'il s'agit simplement d'un cadre en métal avec une partie mobile qui permet de feuilleter le flip book qu'il contient. Retrouvé contenant un flip book de l'Olympia théâtre Jacques Haïk, conçu lui aussi sur le principe des Biofix, il date probablement de la fin des années vingt car Jacques Haïk a repris l'Olympia en 1929 pour en faire un cinéma et a connu de graves difficultés dès 1931.| | [../files/articles/nocinema/folioscope/feuilleteur2.jpg|right]| C'est aussi au début du siècle que sont inventés les « Viewers » américains qui permettent de feuilleter des flip books et qui sont destinés aux enfants. Le premier qui ait été signalé est un Mutoscope à construire soi-même : « A Mutoscope for Boys and how to make it » par Theodore Brown qui figure dans Boys Own Paper des 16-23 février et 9-16 mars 1901{footnote}Décrit par Stephen Herbert dans Theodore Brown Magic Pictures. The art and inventions of a multi-media pioneer, Londres, The Projection Box, 1997.{/footnote} qui utilise les flip books de Gies & Co (comme The Yankee Cop).| | [../files/articles/nocinema/folioscope/rouge.jpg|right]| Ils vont se développer après la première guerre mondiale. L'un d'entre-eux, semble-t-il le plus diffusé, a été réalisé par le fabricant de jouets Midgette Toy, établi à Boston. Il date probablement des années 1920 ou 1930. Sur la roue qui est actionnée par une manivelle, on peut insérer quatre flip books qui se feuillettent l'un après l'autre au fur et à mesure de l'action.| | [../files/articles/nocinema/folioscope/midgette1.jpg|right]| Il s'agit de dessins réalisés par un dessinateur anonyme qui probablement travaille pour cette société. Le feuilleteur est vendu avec ses quatre flip books. Une boîte est proposée séparément qui contient huit flip books complémentaires. Nous avons pu également retrouver un cliché en négatif en cuivre qui a servi à imprimer des couvertures de ces flip books.| | [../files/articles/nocinema/folioscope/MidgettePrint2.jpg|right]| Certains de ces flip books sont repris par une société dénommée Peco, autre fabricant de jouets américains mais basé à Groton près de New York. Le feuilleteur appelé « Peco Movie » est construit sur le même modèle et permet également de feuilleter quatre flip books. Seules sa forme et sa manivelle sont différents.| | [../files/articles/nocinema/folioscope/peco.jpg|right]|En 1937, proposée par la marque Pillsbury Farina, est diffusée une machine à feuilleter en carton à monter soi-même. Elle s'assemble sans aucun point de colle et devait être offerte aux clients pour des achats de produits de la marque. En 1938, Pepsodent propose le même avec des images recto verso de deux histoires, Snow White and the seven Dwarfs et Mickey Mouse & Donald Duck, sous copyright Walt Disney.| | [../files/articles/nocinema/folioscope/snowwhite.jpg] [../files/articles/nocinema/folioscope/Pillsbury.jpg]|Midgette refait une version cartonnée de son feuilleteur avec un copyright 1942 qui porte le nom de Midgette Movie Theatre. C'est le même principe que la version en métal et les flip books sont réédités. De la même façon, une boîte supplémentaire est proposée qui reprend le graphisme du feuilleteur.| |2 [../files/articles/nocinema/folioscope/midgette.jpg][../files/articles/nocinema/folioscope/midgette2.jpg]| | [../files/articles/nocinema/folioscope/rotofoto.jpg|right]| Ce feuilleteur allemand appelé Rotofoto date probablement aussi de l'entre-deux-guerres. C'est une sorte de mutoscope en réduction puisque les images sont montées en roue et se feuillettent avec une petite manivelle.| | [../files/articles/nocinema/folioscope/cinecoloral.jpg|right]| Le « Cinécoloral » français date probablement des années cinquante. Il reprend le principe de la roue du Mutoscope avec également un éclairage intérieur et permet de feuilleter ce qui s'apparente à un véritable dessin animé. Mais contrairement au Mutoscope on le projette sur une surface extérieure grâce à son objectif ce qui permet notamment de le regarder à plusieurs.| | [../files/articles/nocinema/folioscope/cinebop.jpg|right]| Vers 1955, apparaît une boîte qui incorpore un folioscope à manivelle réalisée par Carlier, cartonnier à Fourmies (Nord). Ces « boîtes-à-jouer » sont dénommées « Ciné "Bop" ». En carton souple elles sont destinées à contenir des friandises. Les fenêtres sont garnies de rhodoïd qui permet de voir le contenu. Le folioscope est actionné par une simple manivelle en fil de fer qui permet de mouvoir les images disposées autour de l'axe. Les images sont dessinées par Étienne Roth. Selon Pascal Pontremoli{footnote}Pascal Pontremoli, op. cit.{/footnote}, il en existe au moins huit différents : « Dans l'astronef », « Le Satellite artificiel », « Les Martiens arrivent », « Hep ! Taxi », « Be-Bop », « Le trésor de la mer », « Guerre dans l'espace » et « La fusée interplanétaire ». Nous avons pu en retrouver les six premiers.| | [../files/articles/nocinema/folioscope/showboat.jpg|right]| De ces mêmes années doit aussi dater ce feuilleteur « Show Boat » réalisé en carton par une entreprise nommée Anchor Manufacturing Company basée à Springfield dans le Missouri. Il contient une bande d'images enroulée qui devait être actionnée par une manivelle.| | [../files/articles/nocinema/folioscope/MPM.jpg|right]| Plus récemment est repris, pratiquement sans changement, sinon qu'il est un peu plus petit, le feuilleteur à monter soi-même qui avait été fait par Pillsbury Farina et Pepsodent. Cette fois c'est Kellogg's qui le diffuse avec ses produits.| | [../files/articles/nocinema/folioscope/livretheatre.jpg|right]| En 1984, la société Intervisual Communications Inc. de Los Angeles commercialise des « Livres Théâtres » dont la version française est publiée par Albin Michel Jeunesse. Il en existe trois. La roue d'images est simplement actionnée avec le doigt.{br}En 1990, le mensuel Schtroumpf , destiné aux enfants, offre dans son numéro du 10 août, un « schtroumphoscope » en planches à monter 8. Il s'agit d'un feuilleteur dont les images recto verso tournent autour d'un crayon, sur le même principe que celui réalisé par Kellogg's.| | [../files/articles/nocinema/folioscope/mutascope.jpg] [../files/articles/nocinema/folioscope/mpm2.jpg] [../files/articles/nocinema/folioscope/papierkino.jpg]| Au tournant du XXe siècle, on pouvait trouver trois feuilleteurs à monter. Le premier a été réalisé en 1996 par Derek Read en Angleterre. Il s'agit d'un mutoscope à monter, qu'il appelle curieusement « Mutascope », distribué par Robenau Toys. Le deuxième, en noir et blanc, produit par le Deutsches Filmmuseum de Francfort et daté de 1997, appelé Moving Picture Machine, est exactement fait sur le modèle du Pepsodent et du Kellogg's. Le troisième, également allemand, produit sous le nom de Papier-Kino par Bären Presse en 2001 est très original (www.baerenpresse.de).| | [../files/articles/nocinema/folioscope/sarabande.jpg|right]| Enfin récemment, un passionné de jouets optiques américain, Joe Freedman propose ces feuilleteurs entièrement faits à la main avec plusieurs versions d'images à animer (www.sarabande.com).| | [../files/articles/nocinema/folioscope/ware.jpg|right]| En 2001 également, le célèbre dessinateur Chris Ware, auteur de Jimmy Corrigan , faisait paraître dans le n°15 de sa revue, The Acme Novelty Library , un “Professional Futuristic 3-D Picture Viewer” à découper et monter qui a une forme très originale.| (Pascal Fouché, http://www.flipbook.info/feuilleteurs.php ) {br}{br} ----
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