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!! ZET FORUM : : : : : : : : : ---- {br}{br} {html} <p><b>Vendredi 30 / samedi 31 janvier : La Zone d'Essai Temporaire de Jérôme Joy : LABO<br> 31 janvier 2004, par luc kerléo</b></p> <p>ZET Jérôme Joy</p> <p>Inverser l'entonnoir<br> En sortant de la ZET je passe sur la place de l'église St Nicolas (Nantes). il est 18h30 et les cloches remplissent l'espace de leurs sons qui se mélangent et produisent une tonalité continue, un son global. La présence spatiale du son est assez impressionnante. (Je me demande même comment se fait-il que les passants ne s'arrêtent pas un moment pour écouter quelque chose qui surpasse le relief sonore que peut produire un orchestre symphonique). Ce phénomène me re-projette dans ce qui m'est apparu dans la ZET. En travaillant avec les artistes de l'équipe APO Jérôme a monté un système de multi-diffusion consistant à diffuser un seul CD sur plusieurs systèmes d'amplis et haut-parleurs. Les systèmes utilisés sont de nature très hétérogène. Dans une salle on a : enceintes sono, enceintes monitoring, enceintes pour autoradio, haut-parleurs aigus en pavillon (« tweeter piézo »), petits haut-parleurs large bande, petites enceintes multimédia. Dans un véhicule garé en haut du Bd de Strasbourg on a une enceinte + un caisson de basses. Jérôme était arrivé avec 2 CD déjà gravés contenant le résultat de séances de travail extérieures à la temporalité de la ZET.</p> <p>_la question du support médiatique et de « l'entonnoir inversé »<br> Le CD est un support médiatique par excellence. Il est sensé transmettre quelque chose qui a été généré dans une situation différente de celle dans laquelle il est habituellement donné à son destinataire de l'écouter (exemple : écoutant le CD de l'enregistrement d'un concert de Jimi Hendrix nous sommes en présence de l'enregistrement sonore d'un événement et non en train de vivre cet événement). Un média n'est pas conçu pour produire une présence réelle mais une représentation de présence. De plus cette représentation est d'ordre technique et non poétique. Petit rappel pour illustrer et développer ce propos : dans le système de l'enregistrement stéréophonique commercial les techniciens qui produisent l'enregistrement présupposent que l'auditeur doit être dans un champ d'écoute relativement précis pour avoir la meilleure écoute possible (à l'un des angles d'un triangle dont les deux autres angles sont les enceintes acoustiques, haut-parleurs tournés vers lui). Toute la situation d'écoute est pensée au préalable pour, et à la place de, l'auditeur. Il est entendu que si ce dernier conçoit une autre situation d'écoute il entendra moins bien. <BR> Ce qui n'est pas envisagé par l'approche technique (approche qui est répandue dans notre culture et qui n'est pas réservée aux techniciens) c'est que la lecture d'un média puisse produire autre chose que ce qui avait été conçu à l'origine du projet médiatique. <BR> Dans le cas de la ZET de Jérôme Joy c'est la source sonore elle-même qui n'a pas de définition pré-conçue. Les pistes sonores en elles-mêmes n'ont pas de référent acoustique, dans la mesure où elles ont été produites par des outils numériques (sons de synthèse). De plus elles n'ont pas été conçues dans l'idée d'être diffusés dans une situation précise. Les pistes son sont monophoniques, et non pas stéréophoniques, ce qui implique qu'elles ne contiennent pas de modèle d'illusion d'un espace, d'une acoustique (l'effet « 3D » de la stéréo). On peut considérer que par rapport aux pistes son classiques celles de Jérôme sont pauvres. Mais ici ce que Jérôme et APO33 nous donne à entendre ce ne sont pas des pistes sonores mais une situation d'écoute. Dès le départ Jérôme avait gravé des supports audio (CD) dans l'idée de produire une situation d'écoute, de construire cette situation avec la situation matérielle et humaine qu'il trouverait sur place. Ainsi on part d'un point assez condensé pour aboutir à une situation sonore beaucoup plus ample, à l'inverse donc du schéma médiatique.</p> <br><br><br> <hr> <p><b>Vendredi 30 / samedi 31 janvier :<br> 2 février 2004, par jerome</b></p> <p> Le feedback est nécessaire ;-) Prolonger les situations et les dispositifs mis en place ces jours-ci par des échanges permettant de prendre conscience à nouveau de ce qui s'est passé est essentiel. J'aime bien ton hypothèse de fin (et d'envoi) : la notion d'amplification provoquée par une situation et non pas une réduction ou une "représentation" souvent indiquée comme partielle d'un geste ou d'un état sublime de l'art (entonnoir). Je pense que c'est exactement cela : toute situation construite à partir d'une expérimentation "discutable" - non-objectivée - propose à chaque fois cette inversion dont tu parles. Il y a plus à découvrir et à problématiser qu'il n'y était prévu. Les situations deviennent imprévisibles, imprévues sans être pourtant "accidentalisées" et sans être dans le cas de ces deux jours "performatrices". Transductions ?</p> <p>Nous pourrions continuer de prolonger les analogies (à partir de la situation amplifiante) : résistante ? condensatrice ? capacités ? (David Tudor aurait raison).</p> <p>A propos du support cd, qui ne reste qu'un support, celui-ci peut pourtant devenir dans certaines circonstances aussi le point de départ d'espaces supposés, non pas dans son incription et l'inhérence matériologique du son (comme en électro-acoustique et en musique instrumentale, l'espace interne), mais dans le fait de sa reproduction sur une amplification justement, où se réalisent des événements sonores qui n'étaient pas inscrits en tant que tel sur le support. J'ai expérimenté souvent ces états "volatiles" dans certaines de mes pièces faites spécialement que pour cd (Pièce Stéréophonique par exemple) et à reproduire sur des systèmes de lecture. Il n'y a jamais eu d'écoute idéale, et il n'y a que des écoutes subjectives, au-delà de toute fétichisation ;-)</p> <p class="spip">A suivre...</p> <br><br><br> <hr> <p> <b>Vendredi 30 / samedi 31 janvier : La Zone d'Essai Temporaire de Jérôme Joy : LABO<br> 31 janvier 2004, par Bernard</b></p> <p> Pour réaction initiale, sur les deux premières zones sur le lieu même, impression nouvelle le soir concert JJ, étrange en ceci : non inanité mais superfétation de la situation-protocole du concert rapport au flux continu travaillé l'après-midi semblant simplement se poursuivre dans un autre lieu-découpage d'espace n'ayant pas vraiment lieu d'être. Le support sonore avec/sur lequel se déroulaient les conversations de l'étage opérait identiquement dans la salle dédiée-concert avec simplement un blocage de ces conversations. Non forcément voulu par JJ, mais instauré par la trace résiduelle, rémanente, habituée, du protocole-concert.</p> <p class="spip">Apparaît une déshabituation de l'accoutumance à ces protocoles au fur et à mesure des pratiques apo33 quotidiennisant le flux sonore produit-transformé-évoluant en permanence ; le concert apo33 devenu concertation incessante donne à perdre de vue que soit l'art est là, et non avant ni après, et/ou que soit l'art est avant et après, et non là.</p> <p>Ce nouvel état est issu du travail sur flux sonores continus, streaming, webradio, -et autres éléments à identifier éventuellement ?</p> <br><br><br> <hr> <p> <b>Vendredi 30 / samedi 31 janvier :<br> 2 février 2004, par jerome</b></p> <p > Continuité de la discussion.<br> En effet le terme de concert est superflu par rapport aux situations, à la durée relativement longue (2 jours), qui ont été construites. D'ailleurs, il me semble que ce terme n'a jamais été évoqué avant et pendant mon séjour/atelier. L'action déroulée est partie d'une hypothèse simple : il n'y a pas d'attente dans une écoute, il n'y a pas d'idéalité dans l'espace d'écoute.</p> <p class="spip">Comment peut-on "identifier" ou "reconnaître" ces moments d'évaluation (en tant qu'espace commun, et non en tant qu'espace public - avec ses médiations consensuelles -) ouverts par les déplacements aussi minimes soient-ils (interstices) de nos manières de faire ? <BR> La question des "zones d'écoute" que nous avons lancée en expérimentation, via les relais d'espaces, via la distribution furtive de ces situations, via l'essai d'implication sociale non-revendiquée, et via la production continue, peut interroger de nombreuses notions qui sont depuis quelque temps prises comme principes implicites de l'activité artistique : l'adresse, le protocole social de la représentation, l'estime, la puissance, les statuts (oeuvre, artiste), etc. Ces principes n'étant plus les motivations de nos pratiques, nous engageons des hypothèses qui peuvent enrichir voire controverser les "états de fait".<BR> Ces deux jours ont amené une production d'écoutes, sous le couvert d'une "expérimentation en plein air".</p> <p>Il ne s'agit pas d'alternatives, dans le sens où celles-ci revendiqueraient un autre état en contradiction avec d'autres, mais de légères controverses essentielles et nécessaires, de simples déplacements à évaluer ensemble afin de mesurer leurs singularités. Continuons....</p> <br><br><br> <hr> <p><b> web-radio Raccorps<br> 3 février 2004, par jerome</b></p> <p> Je rebondis sur l'intitulé "web-radio Raccorps".<BR> Ayant effectué cette ZET dans le cadre du projet RACCORPS, je me permets de donner quelques avis sur ce cadre qui à première vue ne me semble pas aussi évident. La définition du projet RACCORPS ne semble pas suivre de manière explicite ou s'adapter aux situations développées, notamment lors de mon séjour et de ce qui peut en suivre ou en rebondir. Les dilemnes peuvent être de plusieurs ordres et niveaux et cela est très intéressant car assez déterminant sur les modes de fonctionnement et d'attente. Ce que je remarque est tout d'abord le cadre de travail et le cadre de réflexion, sous le générique que je n'arrive pas très bien à comprendre, Raccorps, - s'agit-il de raccorder le corps ? en signifiant donc qu'il a été délié ? ou oublié ? -. Je ne pense pas qu'une des préoccupations principales des activités liées aux réseaux et aux productions continues soit de réintégrer le corps, ou plus conceptuellement les physiques des pratiques dans un espace virtuel. Je crois qu'il n'y a jamais eu dychotomie à cet endroit-là, malgré les nombreux discours alarmants sur les pertes possibles (réelles, humaines ?) liées à l'usage de la binarisation, de la reproductibilité et des "transmissions". Ce qui me semble essentiel est plutùt que les pratiques (manières de faire) se sont appropriées ces activités flottantes, invisibles, et que sans doute, elles apportent de nouvelles évaluations. Je me souviens de la formule un peu voyante, je l'avoue, que nous avions employée avec Paul Devautour lors de Lascaux2 en 1999 :</p> <p>"Imaginez un peu : l'exposition est fermée. Les oeuvres sont chez vous ! Comment cela est-il possible ? Le monde de l'art va bientùt utiliser Internet dans des domaines que l'on a du mal à imaginer aujourd'hui. Non pas comme une vitrine électronique. Ni comme une collection de sites Web. Mais en tant qu'accélérateur d'une pratique artistique de plus en plus tournée vers le collecticiel. En quelques années la pratique de l'exposition a été radicalement subvertie. Un nouveau chapitre de l'histoire de l'art est sur le point d'être écrit. Et il ne s'agira plus de ce que vous pouvez faire sur Internet, mais de ce qu'Internet a fait pour vous. www.lascaux2.org La prochaine E. E-xposition"</p> <p>Celle-ci, même si le décalage avec aujourd'hui est plus marqué (c'était il y a 5 ans) et si les coups de butoir sont trop marqués, me semble encore bien d'actualité. Le constat à faire n'est pas celui de l'actualité des technologies comme "état de fait" et ce que nous pouvons faire avec, mais la perspective à lancer serait plutùt de voir ce que l'art, ou les pratiques singulières que nous développons, peuvent apporter à l'internet (aux réseaux), et je dirais de manière plus large (et sans doute plus juste), de voir/discerner ce qu'elles peuvent apporter au territoires de la socialité. Je ne me place jamais vis-à-vis d'un espace symbolique "virtuel" possible, mais j'interroge plutùt les espaces des nécessaires possibles dans les territoires que j'investis (de manière critique pourrions-nous dire). Il me semble que dans ce sens-là Raccorps pose un socle plutùt lié à la vérification qu'à l'expérimentation.</p> <p>Pourtant en travaillant sur place à Nantes, les effets du discours pourraient disparaître mais ils restent tout de même résiduels et résolus. Pourtant, l'expérimentation sur place et "en plein air" est possible, les principes d'équivalence sont justes (pas de différenciation, pas de spécialisation, évaluation commune, vie commune et partage), favorisant les découvertes de pratiques et de situations. La relation au public pourrait être sans doute plus problématisée en quittant les rendez-vous et les convocations ponctuelles (je parle pour les ZET). Mais il semble que la forme (association, programme de recherche, fonctionnement stratégique ou non) et ses orientations viennent se confronter avec plutùt qu'épouser les émergences nécessaires (et possibles), qui sont, de leur cùté, plutùt tactiques. De fait, les activités sont en passe d'être vérifiées par des logiques internes et non pas d'être éprouvées en tant qu'évaluations et hypothèses et que dispositifs ouverts. Je veux dire par là, par exemple, que je ne peux en rien "modifier" le contenu du projet Raccorps, et en même temps, je ne vois pas ce que je peux lui apporter, tant les points de vue lancés sont affirmatifs et tant il devient "spécialisé" (du haut vers le bas). C'est un curieux paradoxe. Mais qui possède ses richesses si l'on en prend conscience. C'est sans aucun doute la notion d'espace commun qui est l'enjeu de la construction d'un dispositif ouvert. Raccorps est-il un dispositif ouvert ? Est-il un espace commun ?</p> <p>Ne voyez pas dans ma réflexion des reproches ou des critiques non productives, au contraire, mais je m'interroge sur la dissociation présente entre le discours et l'espace des pratiques, (dissociation que je n'utilise pas), et ses effets (entre objectifs et hypothèses, entre espace décrété et espace évalué, entre stratégies et tactiques). Cela me semble un champ de réflexion très intéressant au sujet des localisations et des circulations, notions propres et tout-à-fait adéquates aux questions des réseaux et des pratiques critiques.</p> <br><br><br> <hr> <p><b> Atelier de création Radiophonique avec Jerome Joy le samedi 31 janvier 2004<br> 2 février 2004, par jerome</b></p> <p> Sans doute qu'il ne s'agissait pas véritablement d'un atelier de création radiophonique, l'emblème de l'ACR ayant pour moi d'autres significations et d'autres ancrages : les imaginaires radiophoniques de mes écoutes primitives d'il y a 20 ou 30 ans lorsque la radio (hertzienne) ouvraient des fenêtres à partir de narrations "phonographiées" ou bien l'inverse de phonographies narratives.</p> <p>Ce qui s'est passé est sans doute d'un autre ordre ou d'un ordre conséquent. Il s'agissait de continuer l'expérience de la veille (la création de zones d'écoute à partir d'un dispositif de haut-parleurs dans un espace réglé et à partir de décisions prises sur une écoute directe). Ce second jour a été de fixer les règles du jeu des déplacements de hp, des intensités, du placement des micros, des modifications apportées, en prenant comme référence l'écoute conséquente du second relais transmis : le flux de streaming.</p> <p>Par exemple : en diminuant les intensités (voire en les amenuisant au minimum) et en augmentant le volume d'entrée des microphones, l'écoute conséquente (du stream sortant du serveur) permettait d'approcher une "matière" plus aérienne, plus filante, plus perméable aussi aux bruits extérieurs à la salle. De même, en déplaçant les microphones, il était possible de créer des loupes sur des événements infimes produits par les différentes qualités de hp.</p> <p>Ainsi, l'écoute possible dans la salle semblait ouverte à l'émergence de peu de sons produits et amplifiés par les systèmes de haut-parleurs. Pourtant, malgré l'amenuisement (les rapports plus/moins), le dispositif offrait plus de reliefs, dont les décalages étaient d'une tout autre échelle que celle déployée la veille. Un auditeur n'ayant pas expérimenté des écoutes le premier jour, aurait donc trouvé un espace peu habité (dans la pénombre, en reprenant l'analogie de la "salle éclairée" du premier jour), segmenté en sons minima raréfiés, alors que la séquence audio reproduite à partir du lecteur cd était rigoureusement la même et toujours en continu.</p> {/html} {br}{br}{br}{br} ---- {small}'''Projects alpha index/''index des projets'' : — [Projects] —'''{/small} ---- {br}{br}{br} ----
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