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Comment qualifier cette absence ? On pourra dire qu’au moment où j’écris, le destinataire peut être absent de mon champ de perception présente. Mais cette absence n’est-elle pas seulement une présence lointaine, retardée ou, sous une forme ou sous une autre, idéalisée dans sa représentation ? (...) Une écriture qui ne serait pas structurellement lisible - itérable - par-dela la mort du destinataire ne serait pas une écriture. ... Toute écriture doit donc, pour être ce qu’elle est, pouvoir fonctionner en l’absence radicale du destinataire empiriquement déterminé en général. (...) Ce qui vaut du destinataire vaut aussi, pour les mêmes raisons, de l’émetteur ou du producteur. Ecrire c’est produire une marque qui constituera une sorte de machine à son tour productrice, que ma disparition future n’empêchera pas principiellement de fonctionner et de donner, de se donner à lire et à réécrire. Quand je dis "ma disparition future", c’est pour rendre cette proposition plus immédiatement acceptable. Je dois pouvoir dire ma disparition tout court, ma non-présence en général, et par exemple la non-présence de mon vouloir-dire, de mon intention-de-signification, de mon vouloir-communiquer-ceci, à l’émission ou à la production de la marque. Pour qu’un écrit soit un écrit, il faut qu’il continue à "agir" et être lisible même si ce qu’on appelle l’auteur de l’écrit ne répond plus de ce qu’il a écrit, de ce qu’il semble avoir signé, qu’il soit provisoirement absent, qu’il soit mort ou qu’en général il n’ait pas soutenu de son intention ou attention absolument actuelle et présente, de la plénitude de son vouloir-dire, cela même qui semble s’être écrit "en son nom". (...) » (''Signature Événement Contexte'', dans Limited Inc, 1990, p. 28-29)'' {br}{br} ---- '''Écriture''' ''Quelles sont les différences entre la parole et l’écriture pour la théorie classique de l’écriture? C’est clair que (selon) Warburton et Condillac il en suit que c’est l’absence du destinateur de l’expéditeur qui distingue la parole de l’écriture. En d’autres mots, tandis que la parole est pour communiquer lorsque l’expéditeur et le destinataire sont présents ensemble, l’écriture est employée lorsqu’ils sont absents l’un de l’autre. Derrida se concentre sur cette notion de l’absence du locuteur ou expéditeur, et de l’auditeur ou destinataire: "On écrit pour communiquer quelque chose à des absents : L’absence de l’émetteur, du destinateur, à la marque qu’il abandonne, qui se coupe de lui et continue de produire des effets au-delà de sa présence et de l’actualité présente de son vouloir-dire, voire au-delà de sa vie même, cette absence qui appartient pourtant à la structure de toute écriture." L’absence de l’expéditeur et du destinataire n’est pas simplement une présence distante puisque que l’écriture peut survivre à la mort de l’expéditeur et de n’importe qui qui peut la recevoir. Ceci veut dire que l’écriture est ce qu’elle est en abstraction de toute relation à n’importe quel sujet empirique particulier. Si l’écriture fonctionne malgré l’existence continue ou non de n’importe quel utilisateur particulier, alors elle ne peut être privée mais, structurellement ou essentiellement, elle doit être ouverte à un public. L’écriture doit survivre aux lecteurs et aux écrivains "dans la mesure où, réglée par un code, fût-il inconnu et non linguistique, elle est constituée, dans son identité de marque, par son itérabilité, en l’absence de tel ou tel, donc à la limite de tout « sujet » empiriquement déterminé. Cela implique qu’il n’y a pas de code — organon d’itérabilité — qui soit structurellement secret. La possibilité de répéter et donc d’identifier les marques est impliquée dans tout code, fait de celui-ci une grille communicable, transmissible, déchiffrable, itérable pour un tiers, puis pour tout usager possible en général. Toute écriture doit donc, pour être ce qu’elle est, pouvoir fonctionner en l’absence radicale de tout destinataire empiriquement déterminé en général. Et cette absence n’est pas une modification continue de la présence, c’est une rupture de présence, la « mort » ou la possibilité de la « mort » du destinataire inscrite dans la structure de la marque... (''Signature Événement Contexte'', dans Limited Inc, 1990, p. 27-28) (''La Déconstruction et la Théorie des Actes de Langage'', Kevin Halion) http://www.e-anglais.com/thesis_fr.html {br}{br} {br}{br} ---- {html} <TABLE width="100%"><TR><TD ALIGN="left"> </TD><TD ALIGN="center"> <A HREF="index.php?page=Nocinema Studies"><small><b>Sommaire / Contents</b></small></A></TD><TD ALIGN="right"> </TD></TR></TABLE> {/html} ---- {br}{br}{br} ---- {plugin:FOOT_NOTES}
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