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!!!Histoire d'un travelling sonore Dans l'inépuisable source de renseignements que constitue le travail d'Olivier Curchod et Christopher Faulkner paru dernièrement ('''La Règle du jeu''', scénario original de Jean Renoir), le lecteur aura remarqué combien Renoir repoussa, jusqu'à l'extrême limite, la réalisation de cette séquence alors que le film, commencé quatre mois plus tôt, était déjà au mixage et que les premières projections devaient se tenir quinze jours plus tard. A la lecture des différentes moutures de la continuité commentées par les auteurs, force est de constater, dès la première ébauche, la présence d'un mouvement d'appareil inaugural qui, au fil des écritures, ira se précisant. Alors que, dans le scénario initial, une ouverture en fanfare suivie d'un "travelling précédant les officiels" devait démarrer le film, une première variante fait état, en remplacement de l'orchestre disparu, du "camion d'une société de radio" (p. 58). Ironisant, Octave y interpellait le chauffeur car il n'avait pas de "coupe-file" (4) pour atteindre l'aire d'atterrissage de l'avion : "Vous avez sûrement besoin de quelqu'un pour tenir votre fil… Au milieu d'une pareille foule, on va vous l'abîmer, votre fil… si on ne s'en occupe pas". L'avion ayant atterri, Octave devait alors prendre "un morceau de fil" et le suivre. S'enchaînait un "travelling nous amenant devant les gardes mobiles qui entourent l'avion" (p. 59). Enfin, la seconde variante comme la version définitive entérinent le choix que nous connaissons : "Travail de l'opérateur. En suivant le fil à travers la foule, nous arrivons jusqu'au radio-reporter qui parle à ses auditeurs" (p. 59 et 61). Dès l'origine, nous remarquons donc la présence d'un travelling conducteur dont la pertinence se précise très rapidement avec l'arrivée du camion-son de la radio. Nous relevons de plus que cette précision s'est faite au sacrifice de l'orchestre qui devait initialement accueillir Jurieux et auquel Renoir, pour des questions de temps et peut-être aussi d'argent, a préféré substituer les moyens techniques de la prise de son radiophonique. Ce qui a pour conséquence de placer '''La Règle du jeu''', dès son ouverture, sous le patronage d'un cinéma du dispositif plutôt que de la situation, l'inscrivant ainsi, et de façon manifeste, dans la modernité. Nous remarquerons enfin que le sacrifice de l'orchestre s'accompagne finalement de l'éviction d'Octave et de ses plaisanteries mais non de leur objet, à savoir ce seul fil que Renoir, peut-être dans l'urgence en ce début du mois de juin 1939, retiendra au final pour littéralement nouer cette magistrale introduction. On ne peut que saluer la pertinence d'une telle décision qui fait ainsi de la première partie du film un ensemble très homogène (que corrobore d'ailleurs le fondu enchaîné séparant la séquence C de la séquence D) tenu de bout en bout par un fil, d'un côté celui du microphone, de l'autre celui du téléphone qui, dans la séquence C, se détache, blanc sur fond noir, à gauche de Geneviève répondant de dos dans le boudoir. Fil qui d'ailleurs, pour ce qui est du microphone, n'en est pas moins rappelé symptomatiquement à notre attention sitôt qu'il disparaît du champ : * 1) Par l'intermédiaire, tout d'abord, de la radio-reporter Lise Élina (dans son propre rôle) quand, essayant de se frayer un passage au milieu de la cohue, elle lâche instinctivement un "Attention au fil !", réplique dont on ne trouve du reste pas trace dans les différentes étapes du scénario. C'est dire combien le traitement horizontal du son, cohésif, plein, continu que dessine le câble croise, ici, la crainte symptomatique du silence radiophonique, de la rupture verticale, source de discontinuité, crainte que la radio-reporter stigmatisera d'ailleurs peu après, rattrapée une fois encore par son professionalisme : en effet, elle ira jusqu'à demander à Jurieux de dire "n'importe quoi" au micro : "Dites quelques mots au micro, monsieur Jurieux... Vous avez bien quelque chose à nous dire. Trouvez quelque chose ! Dites leur n'importe quoi, qu'vous êtes content !" * 2) En la personne de l'assistant-dérouleur entraperçu au tout début. En effet, par trois fois au moins nous pouvons clairement le reconnaître. Au prix d'un faux raccord de position aux plans 5 et 6, alors que la radio-reporter essaie d'arracher désespérément quelques mots à Jurieux. Puis au plan 8, lorsque l'ingénieur de chez Caudron donne quelques explications techniques au micro. Au cours de ces trois plans, l'assistant apparaît toujours de face et bien centré, en point de fuite d'un espace se dessinant déjà en profondeur et qui n'est d'ailleurs pas sans annoncer une des figures centrales du film dégagée par Bazin (Jean Renoir, Champ libre, 1971 ; Lebovici, 1989), construction creusante comme pour mieux nous rappeler la présence de ce fil que l'assistant "assure" dans une tâche, rappelons-le, initialement confiée à Octave et que Renoir a intelligemment recyclée. La dynamique horizontale instaurée par l'ouverture sur ce "travelling filant" est, par ailleurs, un motif qui semble guider organiquement toute la mise en scène des premiers plans. A l'image de cette fulgurante sortie qui, telle une vague balayant le champ, emporte la reporter dans le mouvement de foule gauche-droite, laissant le cadre un instant traversé par ce que Jacques Aumont nomme des "paquets de gris, taches à qui on ne laisse pas le temps de consister en figures" (La théorie du film, p. 15), violente ondulation à laquelle répond le grondement de l'avion qui surgit bruyamment de l'obscurité dans un raccord de mouvement enchaînant, et par l'image, et par le son, la foule aux nuages (plans 1/2). La métaphore de ce fil qui agit donc comme un véritable levier de transmission et dont la caméra entreprend de suivre l'itinéraire semble plus qu'évidente : La Règle du jeu sera un film sur la coalescence, sur l'idée chère à Renoir du monde qui est un tout (4), suturant des espaces visuels et sonores tout autant que des individus et leur milieu, un film qui se déroulera comme le long d'un fil dont la mise en scène se devra d'éprouver la résistance. Par cette mise en scène du son, et en moins d'une minute (c'est dire si déjà le film est placé sous le signe de la vitesse), Renoir nous livre donc au moins trois figures fondamentales qui vaudront, en quelque sorte, pour tout le film : rupture, profondeur et continuité. [../files/articles/nocinema/renoir/renoir2.jpg] ----
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