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!!!!6.5.6. — Le service musical continu à domicile (Edward Bellamy, 1888) |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |tl ''« Alors, suivez-moi dans la chambre de musique, dit-elle. Et elle me mena dans une chambre entièrement boisée, sans tentures ni tapis. Je m’attendais à quelque invention extraordinaire, mais je ne voyais rien dans tout ce qui m’entourait qui fit soupçonner la présence d’un instrument. Edith s’amusait follement de ma stupéfaction. « Veuillez jeter un regard sur le programme d’aujourd’hui, me dit-elle, en me tendant une feuille de papier imprimé, et choisissez le morceau que vous désirez entendre. Rappelez-vous qu’il est maintenant cinq heures. » Le programme portait la date du « 12 septembre 2000 », et c’était bien le programme le plus long que j’eusse jamais lu ; il était aussi varié que long, comprenant des soli, des duos, des quatuors, des morceaux de chant et d’orchestre. Je regardais, de plus en plus ahuri, lorsque l’ongle rose d’Edith me montra une rubrique spéciale, où se trouvaient encadrés différents titres avec la mention « cinq heures ». C’est alors que je m’aperçus que ce programme représentait le menu musical de la journée tout entière et était divisé en vingt-quatre compartiments correspondants aux vingt-quatre heures. « Cinq heures » ne comprenait qu’un petit nombre de numéros, et je choisis un morceau d’orgue. « Comme je suis contente que, vous aimiez l’orgue, dit-elle ; il n’y a pas de musique qui convienne plus souvent à ma disposition d’esprit. » Elle me fit asseoir, traversa la chambre, ne fit que toucher à un ou deux boutons. Aussitôt la chambre fut envahie par les flots exquis d’une mélodie d’orgue ; envahie, non pas inondée, car je ne sais par quel artifice le volume du son avait été proportionné à la grandeur de l’appartement. J’écoutais, haletant, jusqu’au bout. Je ne m’attendais pas à une exécution aussi impeccable. — C’est grandiose, m’écriai-je lorsque la dernière vague sonore se fut perdue dans le silence ; c’est Bach en personne ! Mais où est l’instrument ? — Un moment, dit Edith. Écoutez encore cette valse avant de m’interrompre. Je la trouve si jolie. Et, pendant qu’elle parlait, le chant des violons montait dans la pièce, comme l’harmonie magique d’une nuit d’été. Quand ce second morceau fut terminé, elle dit : « Il n’y a rien de mystérieux dans notre musique, ainsi que vous semblez le croire. Elle n’est faite ni par des fées, ni par des génies, mais par de braves, honnêtes et habiles artistes, tout ce qu’il y a de plus humains. Nous avons simplement appliqué l’idée de l’économie du travail, par la coopération, au service musical comme à tout le reste. Nous avons plusieurs salles de concert dans la ville, fort bien agencées au point de vue de l’acoustique, et reliées par le téléphone avec toutes les maisons dont les habitants veulent bien payer une petite redevance ; et je vous assure que personne ne s’y refuse. Le corps de musiciens attaché à chaque salle est si nombreux que, bien que chaque exécutant ou groupe d’exécutants ne travaille qu’un petit nombre d’heures par jour, le programme de chaque journée dure vingt-quatre heures. Si vous voulez vous donner la peine de le bien regarder, vous verrez que quatre concerts, chacun d’un genre de musique différent, ont lieu simultanément, et vous n’avez qu’à presser un bouton qui relie le fil conducteur de votre maison avec la salle choisie, pour entendre ce qu’il vous plaira. Les programmes sont combinés de telle façon qu’on ait à chaque instant de la journée un choix très varié, non seulement suivant le genre de musique, instrumentale ou vocale, mais, encore suivant le caractère des morceaux, depuis le grave jusqu’au doux, depuis le plaisant jusqu’au sévère. » — Il me semble, mademoiselle, que si nous avions pu inventer un moyen de nous approvisionner à domicile de musique agréable, admirablement exécutée, appropriée à toutes les humeurs, commençant et cessant à notre gré, nous, nous serions considérés comme arrivés au summum de la félicité humaine. — J’avoue que je n’ai jamais compris comment les amateurs de musique au dix-neuvième siècle pouvaient s’accommoder d’un système aussi démodé pour s’en procurer la jouissance, répliqua Edith ; la bonne musique, vraiment digne d’être entendue, devait être inabordable pour le grand public, et obtenue aux prix de grandes difficultés par les seuls favorisés de la fortune ; encore devaient-ils se plier aux heures et aux règlements imposés par une volonté étrangère. Vos concerts, vos opéras ! mais il me semble que cela devait être exaspérant ! Pour quelques rares morceaux qu’on avait envie d’entendre, il fallait rester assis pendant des heures à avaler des fadaises. Qui donc accepterait jamais un dîner à la condition de manger de tous les plats, qu’ils lui plaisent ou non ? Cependant, il me semble que le sens de l’ouïe est aussi délicat que celui du goût. Je crois que les difficultés que vous aviez à vous procurer de la bonne musique au dehors sont cause de l’indulgence que vous témoigniez pour tous ces chanteurs et ces instrumentistes amateurs qui ne connaissaient que les rudiments de l’art, mais que vous pouviez, dû moins, entendre chez vous. En somme, soupira-t-elle, quand on y réfléchit, il n’est pas étonnant que beaucoup de vos contemporains se soient si peu souciés de la musique ; je crois que j’en aurais fait autant. — Vous ai-je bien compris, mademoiselle, quand vous disiez que vos programmes embrassent vingt-quatre heures consécutives ? Où trouvez-vous donc des personnes disposées à écouter de la musique entre minuit et l’heure du réveil ? — Il n’en manque pas, répliqua Edith, et quand même la musique à ces heures-là n’existerait que pour ceux qui souffrent, qui veillent, qui agonisent, ne serait-ce pas suffisant ? Toutes nos chambres à coucher ont un téléphone à la tête du lit, qui permet aux personnes atteintes d’insomnie de se procurer à volonté la musique appropriée à leur disposition du moment. — Y a-t-il une mécanique de ce genre dans la chambre que j’occupe ? — Bien entendu. Que je suis donc sotte de ne pas avoir pensé à vous dire cela hier soir ! Mon père vous montrera ce soir la manière de vous servir de l’appareil et, avec le récepteur à votre oreille, vous pourrez mettre au défi les plus noires idées, si elles se permettent de vous assaillir de nouveau.'' (Cent Ans Après ou l’An 2000 (Looking backward), Translated by Paul Rey, 1891 — Bellamy, Edward (1888), “Looking Backward: 2000-1887”, Boston and New York, Houghton Mifflin Company, The Riverside Press Cambridge.)| {br}{br} ----
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