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!!!!6.5.5. — Le Téléphonoscope (Albert Robida, 1882) |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |tl ''« L'ancien télégraphe électrique, cette enfantine application de l'électricité, a été détrôné par le téléphone et ensuite par le téléphonoscope, qui est le perfectionnement suprême du téléphone. L'ancien télégraphe permettait de comprendre à distance un correspondant ou un interlocuteur, le téléphone permettait de l'entendre, le téléphonoscope permet en même temps de le voir. Que désirer de plus ? Quand le téléphone fut universellement adopté, même pour les correspondants à grande distance, chacun s'abonna, moyennant un prix minime. Chaque maison eut son fil ramifié avec des bureaux de section, d'arrondissement et de région. De la sorte, pour une faible somme, on pouvait correspondre à tout heure, à n'importe quelle distance et sans dérangement, sans avoir à courir à un bureau quelconque. Le bureau de section établit la communication et tout est dit; on cause tant que l'on veut et comme on veut. Il y a loin, comme on voit, de là au tarif par mots de l'ancien télégraphe. L'invention du téléphonoscope fut accueillie avec la plus grande faveur; l'appareil, moyennant un supplément de prix , fut adapté aux téléphones de toutes les personnes qui en firent la demande. L'art dramatique trouva dans le téléphonoscope les élements d'une immense prospérité; les auditions théâtrales téléphoniques, déjà en grande vogue, firent fureur, dès que les auditeurs, non contents d'entendre, purent aussi voir la pièce. Les théâtres eurent ainsi, outre leur nombre ordinaire de spectateurs dans la salle, une certaine quantité de spectateurs à domicile, reliés au théâtre par le fil du téléphonoscope. Nouvelle et importante source de revenus. Plus de limites maintenant aux bénéfices, plus de maximum de recettes ! Quand une pièce avait du succès, outre les trois ou quatre mille spectateurs de la salle, cinquante mille abonnés, parfois, suivaient les acteurs à distance; cinquante mille spectateurs non seulement de Paris, mais encore de tous les pays du monde. Auteurs dramatiques, musiciens des siècles écoulés ! ô Molière, ô Corneille, ô Hugo, ô Rossini ! qu'auriez-vous dit au rêveur qui vous eût annoncé qu'un jour cinquante mille personnes, éparpillées sur toute la surface du globe, pourraient de Paris, de Pékin ou de Tombouctou, suivre une de vos oeuvres jouée sur un théâtre parisien, entendre vos vers, écouter votre musique, palpiter aux péripéties violentes et voir en même temps vos personnages marcher et agir ? Voilà pourtant la merveille réalisé par l'invention du téléphonoscope. La Compagnie universelle du téléphonoscope théâtral, fondée en 1945, compte maintenant plus de six cent mille abonnés répartis dans toutes les parties du monde; c'est cette Compagnie qui centralise les fils et paye les subventions aux directeurs de théâtres. L'appareil consiste en une simple plaque de cristal, encastrée dans une cloison d'appartement, ou posée comme une glace au-dessus d'une cheminée quelconque. L'amateur de spectacle, sans se déranger, s'assied devant cette plaque, choisit son théâtre, établit sa communication et tout aussitôt la représentation commence. Avec le téléphonoscope, le mot le dit, on voit et l'on entend. Le dialogue et la musique sont transmis comme par le simple téléphone ordinaire; mais en même temps, la scène elle-même avec son éclairage, ses décors et ses acteurs, apparaît sur la grande plaque de cristal avec la netteté de la vision directe; on assiste donc réellement à la représentation par les yeux et par l'oreille. L'illusion est complète, absolue; il semble que l'on écoute la pièce du fond d'une loge de premier rang. M. Ponto était grand amateur de théâtre. Chaque soir après son dîner, quand il ne sortait pas, il avait coutume de se récréer par l'audition téléphonoscopique d'un acte ou deux d'une pièce quelconque, d'un opéra ou d'un ballet des grands théâtres non seulement de Paris, mais encore de Bruxelles, de Londres, de Munich ou de Vienne, car le téléphonoscope a ceci de bon qu'il permet de suivre complètement le mouvement théâtral européen. On ne fait pas seulement partie d'un public parisien ou bruxellois, on fait partie, tout en restant chez soi, du grand public international ! ^[...^] — Comme c'est commode, dit Hélène, le téléphonoscope supprime l'absence ! — A peu près, répondit M. Ponto, puisque l'on peut, tant que l'on veut, causer avec l'absent que l'on regrette et le voir aussi longtemps qu'on le désire... — A la condition d'être abonné... — Ce n'est pas indispensable; il y a les téléphonoscopes de l'administration... il suffit, quand on n'est pas abonné, de se rendre au bureau de l'administration; la.personne demandée se rend au bureau correspondant et la communication est établie... Excellent pour les voyageurs, le téléphonoscope !... on ne craint plus de s'expatrier, puisque tous les soirs on retrouve sa famille au bureau du téléphonoscope ! — Encore faut-il ne pas s'en aller dans les déserts... — Il y en a si peu maintenant!... Excellent aussi pour la surveillance, le téléphonoscope! Vous voyez, Philippe ne se doute pas que nous venons de l'apercevoir dans son lit ! Cela aussi peut avoir ses inconvénients ; dans les premiers temps on voulait des téléphonoscopes partout, jusque dans les chambres à coucher; alors, quand on oubliait de fermer tout à fait l'appareil, on pouvait se trouver exposé à des indiscrétions... Ainsi, par suite d'une erreur d'employé, l'autre matin, comme je demandais à entrer en communication avec un de mes confrères, au quatrième étage, l'employé du bureau central se trompe et ouvre la communication avec le troisième étage... des personnes que je ne connais pas du tout... — Et? demanda Barnabette. — Et au lieu d'un simple banquier à son bureau, la plaque de mon téléphonoscope me montra tout à coup une dame à son petit lever... — Oh! — Oui ! j'étais indiscret; mais la dame ne s'en est pas doutée ; j'ai signalé immédiatement l'erreur à l'employé et l'on a changé discrètement la communication... Je n'ai pas même osé présenter mes excuses pour mon involontaire indiscrétion... Voilà ce que c'est que d'oublier de fermer le téléphonoscope ! — Cet affreux téléphonoscope est un appareil bien dangereux ! s'écria Barnabette. —? Il a ses inconvénients, mais que d'avantages ! la suppression de l'absence, la surveillance facile, le théâtre chez soi... — Avec le simple téléphone, on a aussi le théâtre chez soi ?... — Oui, on entend, mais on ne voit pas ! jolie différence ! Voulez-vous en juger ? attendez !» M. Ponto se tourna vers le téléphone ordinaire et fit retentir le timbre ... — Mettez-moi en communication avec le “Théâtre de chambre”! dit-il. Ce théâtre, mes enfants, reprit-il en se tournant vers les jeunes filles, n'est pas un théâtre. Le téléphone a fait naître une variété de comédiens, les acteurs en chambre, qui jouent chez eux, sans théâtre. Ils se réunissent le soir dans un local quelconque et jouent sans costumes, sans décors, sans accessoires, sans frais enfin ! C'est le théâtre économique; malheureusement, il ne peut guère jouer,que la comédie ou le vaudeville!... Ah, voici la sonnerie de réponse ! écoutons ! » Les voix des acteurs du théâtre de chambre commençaient à s'entendre dans l'appareil téléphonique. ^[...^] Le téléphone s'arrêta. — C'est la fin du cinquième acte, dit M. Ponto... Je vous avoue que cela ne m'a pas beaucoup intéressé... — Nous sommes arrivés un peu tard, dit Hélène. — Les théâtres de chambre ont de très bons acteurs, reprit M. Ponto, au grand préjudice des théâtres ordinaires, car lorsqu'un acteur a du talent, lorsqu'il est arrivé à se créer un public, il quitte le théâtre ordinaire pour fonder un théâtre de chambre avec des acteurs à lui ou même sans acteurs, car il joue parfois tous les rôles et se donne la réplique à lui-même. C'est très commode pour cet artiste : sans se déranger, il joue en robe de chambre, au coin de son feu, s'arrêtant de temps en temps pour avaler une tasse de thé... — Mon Dieu, est-ce que dans la fin de pièce que nous venons d'entendre il n'y avait qu'un seul et unique acteur ?— Oui, mes enfants; la baronne et le vicomte, Henri et même Angèle, c'était le même monsieur : un gros joufflu, qui a un nez de structure très peu poétique. IL a du talent, mais j'ai bien entendu qu'Angèle parlait du nez ! — Je préfère décidément le théâtre téléphonoscopique ! s'écria Hélène. — Nous avons aussi le théâtre rétrospectif, reprit M. Ponto. — Rétrospectif? — Oui, un théâtre où ne jouent que des acteurs disparus depuis longtemps, des artistes du siècle dernier! —? Comment cela? — Lors de l'invention du phonographe, à la fin du siècle dernier, on eut l'idée, excellente au point de vue de l'art et des traditions, de demander des clichés phonographiques aux artistes de l'époque. Les comédiens et les comédiennes détaillèrent dans des phonographes les morceaux à succès de leur répertoire; les tragédiennes déclamèrent leurs grandes tirades, les chanteuses dirent leurs grands airs. On constitua de cette façon une très curieuse collection de clichés qui furent déposés au Conservatoire pour servir aux études des jeunes artistes. — Et les phonographes jouent encore ? — De temps en temps on donne une matinée rétrospective. Je vous y conduirai un jour. Quelle blle troupe, mes enfants, que celle de ce théâtre rétrospectif, et comme cependant elle donne peu de soucis à son directeur : il y a une douzaine de cantatrices célèbres, autant, de ténors, cinq ou six tragédiennes, cinquante jeunes premiers, cinquante jeunes premières, descomiques fameux, des duègnes; et tout ce monde-là se tient tranquille. Les cantatrices, ô miracle ! ne demandent pas d'appointements du tout ; les ténors ne réclament, pas de décorations, les tragédiennes n'exigent pas des couronnes d'or et 50,000 francs par soirée, enfin les jeunes premières ne s'arrachent pas mutuellement les yeux. C'est inimaginable ! Il est vrai qu'ils sont en acier laminé et renfermés dans de petites boîtes. Dans ce musée de Cluny de l'art dramatique, tous les artistes sont rangés sur des tablettes ; le jour de la représentation on les époussette, on les met sur une belle table recouverte d'un tapis vert et l'on commence... On presse le bouton du phonographe et Mounet-Sully rugit une scène de Hernani; on presse un autre bouton et une tragédienne, célèbre par ses talents et par ses découvertes dans l'Afrique centrale, lors de sa tournée de 1884 à Saint-Louis, Tombouctou, Ujigi, Zanzibar, etc., Sarah Bernhardt enfin, lui donne la réplique. On presse encore un bouton et l'on entend la voix de Daubray, un fin et joyeux comédien du Palais-Royal, alternant avec celle de Céline Chaumont dans une pièce de Victorien Sardou. On presse encore un bouton et le phonographe nous chante, avec la voix de Juche, des chansons fameuses aux Variétés du siècle dernier. Ensuite un autre phonographe nous donne des échantillons de Dupuis, chanteur et comédien, dans la belle série de pièces de Meilhac, Halévy et Offenbach : "la Belle Hélène", "la Grande-duchesse de Gérolstein", etc. Dans un autre phonographe, Judic et Dupuis nous jouent les Charbonniers de Philippe Gille... Il y a comme cela deux cents instruments ; ce phonographe qui parle du nez, c'est Hyacinthe du Palais-Royal ; celui-ci, qui ténorise avec tant de charme, c'est Capoul; cette voix si suave, c'est Lassouche.:. non, je me trompe, c'est Faure..., etc.. Mais assez de théâtre comme cela, mes enfants, il se fait tard et j'entends descendre l'ascenseur qui nous ramène Mme Ponto du club des revendications féminines.^[...^] »'' (Robida, Albert (1882), “Le Vingtième Siècle”, G. Decaux, 1884, pp. 53-57, pp. 72-76; and also, In La Science illustrée. Journal hebdomadaire, Publié sous la direction de Louis Figuier, 1891/11/28, 1892/05/21, Tome 9, N°209 à 234, pp. 236-238.)| {br}{br} ----
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