On extended, boundless, vibratory and in-the-now sympathy music
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!!!1. -- Entrepôts et dépôts : archives et enregistrements vs flux {TOC} Engager une réflexion sur la question de l'auto-archivage immédiat demande au premier abord de clarifier les définitions qui s'y logent et de discerner de quoi nous parlons, et ensuite d'ouvrir les problèmes et les potentiels qui alimentent cette question et qui peuvent devenir ou générer des processus d'une œuvre. Comme cela est proposé, le ''Web 2.0'' (des blogs et des environnements interactifs de contribution) semble être le champ d'observation le plus propice : il est principalement modélisé sur les supports de l'écrit (journal, page d'un livre, index, robot de recherche, etc.) au travers d'interfaces qui favorisent la co-énonciation et la contribution. Toutefois d'autres structures de contribution dynamique interfacées graphiquement (cartes ou ''maps'', chronologies ou ''timelines'', lecteurs de flux ou ''streamings'', tablettes électroniques mobiles temps réel ou ''realtime mobile web'', etc.) proposent aussi des expériences spécifiques de contenus co-énoncés. À tout moment disponible et de nature de plus en plus gigantesque, l'ensemble se trouve relayé, « conservé » et stocké instantanément sur les mémoires des machines en réseau (serveurs). Espace documentaire ou espace-mémoire ? Dans un premier temps, c'est la nature même de l'objet d'étude qui est intrigante : parle-t-on, à propos d'archivage automatique, des techniques ou des procédures ? C'est-à-dire s'agit-il de s'appuyer sur les fonctions applicatives intégrées et disponibles dans les environnements informatiques en réseau dit ''Web 2.0'' en les amenant à une saturation ou en les détournant, voire même à les étudier sociologiquement (ce qui n'est pas le lieu ici), ou alors s'agit-il aussi de relever les déplacements de la potentialité de ces techniques, de manière plus large, informatiques et télématiques, dans les modifications de nos écritures et de nos perceptions jusqu'à celles de nos manières de construire et de faire fonctionner des œuvres ? Il peut s'agir de tout cela à la fois. En effet, les structures techniques toujours en évolution des réseaux électroniques, intègrent et se basent sur l'enregistrement et la conservation systématiques des échanges, des écritures et des dépôts des internautes. C'est ainsi que le ''Web 2.0'' basé sur l'échange et l'interaction entre les internautes (réseaux sociaux), et animé par les participations de ceux-ci, rassemble à la fois les entrepôts d'informations (le ''Web 1.0'') et des multiplicités de bassins mouvants et dynamiques d'empreintes déposées ou témoignant d'un passage et d'une attention particulière. En se rapprochant de la chronicité du quotidien (devenant ainsi aussi électronique), la forme générique du blog (et de ses variantes : ''podcasting, photoblog, audioblog, vidéoblog, mobiblog, facebook, twitter'', etc.) affiche au fil du temps les notes et articles mis en forme dans un squelette (''template'') de journal de bord (ou cybercarnet) qui sont archivés et enregistrés automatiquement. Généralement cette structure est outillée en supplément d'un moteur de recherche et permet la gestion des commentaires et annotations associés à chaque article et que peuvent laisser les lecteurs et les co-listiers (ou co-participants à une discussion collective ou à l'élaboration d'un sujet). Cette opération d'archivage ou de stockage automatique est devenue une fonction d'enregistrement de l'historique de ce qui se passe chronologiquement, et est propre à ces environnements télématiques tout autant que, comme le remarque Maurizio Ferraris, de tout système numérique : |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |tl ''« Toute donnée qui transite par voie numérique est aussi d'abord et avant tout une donnée enregistrable et le plus souvent, voire de plus en plus fréquemment, une donnée qui est effectivement enregistrée et conservée. »'' (Maurizio Ferraris. ''T'es où ? Ontologie du Téléphone Mobile''. Paris : Albin Michel, 2006. Cité par Madeleine Pastinelli. La mémoire et l’oubli dans l’univers de l’archive totale. EspacesTemps.net, Textuel, 19.02.2009)| Cette production constante d'enregistrements et d'auto-archivages immédiats, frappe justement par son automaticité et son instantanéité qui apportent un caractère d'accélération, d'irréversibilité et d'irrémédiabilité, dans le sens où semblent être supprimées les dimensions spatiales et temporelles d'un geste et de ses impacts : l'empreinte est isolée et permanente (atopique, sans lieu). Toutefois, dans certains cas, ces principes sont complétés par les possibilités de correction, de biffage, d'amendement et d'indexation d'un document, renforçant la collaboration à une élaboration collective (comme dans le cas des wikis et des CVS par exemple) et le développement des ''folksonomies'' (Thomas Vander Wal, 2004) en tant que pratiques d'indexation des documents sur Internet par les intervenants eux-mêmes (''tag clouds''). Ces procédés techniques soulèvent plusieurs interrogations liées aux effets de l'immédiateté (implacable), aux rapports entre temps réel et temps différé (qui à notre sens ne sont pas évacués pour autant, si on se réfère aux temps séparés de celui de l'écriture et de ceux de la lecture, de la réception, de la réaction, de la reprise et de la participation, ce qui indique que nous sommes dans des pratiques réflexives et intentionnelles), et finalement, aux rapports de la mémoire vis-à-vis de l'archive et de l'enregistrement systématisés. À ce sujet, il faut relever aussi les différences entre : * la mémoire individuelle, et la gestion idiomatique que chacun peut faire de ces fonctions d'enregistrement, de sauvegarde et d'archivage dans son propre environnement mais aussi dans ses relations avec ceux en réseau, * la mémoire commune, qui, d'une part, ramène à la conception de l'archive classique, liée aux temps repérés de l'archivage : collectage, récupération, sélection, validation, conservation, pérennité, mise à disposition (ou destruction), et, d'autre part, dessine un commun expérimenté et pratiqué ensemble, selon des agréments et consentements qui, malgré tout, sont modulés, modérés et régulés, * la mémoire généralisée, ramenant, de son côté, à l'archive totale, l'omniscience et la mémoire industrialisée (relevée par Bernard Stiegler). {br}{br} |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |tl ''« L’archive a lieu au lieu de défaillance originaire et structurelle de ladite mémoire. »'' (Jacques Derrida. ''Mal d’Archive''. (p. 26). Paris : Galilée, coll. «Incises », 1995)| L'imaginaire et les utopies liés à ces pratiques et ces techniques décrites plus haut sont la plupart du temps rejoints par les réalisations issues de l'industrie ou de l'invention prospective. En voici quelques exemples parmi tant d'autres : {br}{br} ---- * Le Mundaneum de Paul Otlet (1895) |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |tl ''« ^[…^] Téléscription. - Comme application particulière de la télémécanique, réaliser la possibilité : a) d’écrire facilement à distance ; b) d’ajouter à distance des inscriptions à des textes existants; c) d’opérer ces inscriptions sans déplacer les textes des livres ou des classeurs. ^[…^] Ici la table de travail n’est plus chargée d’aucun livre. À leur place se dresse un écran et à portée un téléphone. ^[...^] Le lieu d’emmagasinement et de classement devient aussi un lieu de distribution, à distance avec ou sans fil, télévision ou télétaugraphie. De là on fait apparaître sur l’écran la page à lire pour connaître la réponse aux questions posés par téléphone, avec ou sans fil. Un écran serait double, quadruple ou décuple s’il s’agissait de multiplier les textes et les documents à confronter simultanément ^[…^]. »'' (Paul Otlet. ''Traité de Documentation : le Livre sur le Livre : Théorie et Pratique''. Bruxelles : Editiones Mundaneum, 1934) http://www.mundaneum.be/ http://archives.mundaneum.org/ | |t [../files/articles/questionsarchives/mundaneum_3.jpg|../files/articles/questionsarchives/mundaneum_3b.jpg]{br}{small} Credits : Documentation Paul Otlet{/small} |t [../files/articles/questionsarchives/mundaneum_1.jpg|../files/articles/questionsarchives/mundaneum_1b.jpg]{br}{small} Credits : Documentation Paul Otlet{/small} |t [../files/articles/questionsarchives/mundaneum_2.jpg|../files/articles/questionsarchives/mundaneum_2b.jpg]{br}{small} Credits : Marc Wathieu{/small}| |t [../files/articles/questionsarchives/mundaneum_4.jpg|../files/articles/questionsarchives/mundaneum_4b.jpg]{br}{small} La salle télégraphique dans le Mundaneum à{br} Bruxelles et ses appareils électromécaniques.{/small}{br}{small} Credits : Documentation Paul Otlet{/small} |t [../files/articles/questionsarchives/mundaneum_5.jpg|../files/articles/questionsarchives/mundaneum_5b.jpg]{br}{small} Organisation d'un tiroir bibliographique universel, 1905.{/small}{br}{small} Credits : Documentation Paul Otlet{/small} |t [../files/articles/questionsarchives/mundaneum_7.jpg|../files/articles/questionsarchives/mundaneum_7b.jpg]{br}{small} Credits : Documentation Paul Otlet{/small}| |t [../files/articles/questionsarchives/mundaneum_6.jpg|../files/articles/questionsarchives/mundaneum_6b.jpg]{br}{small} Le siège du Mundaneum est situé à Mons en Belgique.{br} Le centre compte plus de 18 millions de fiches bibliographiques.{br}Google et le Mundaneum ont signé un partenariat en mars 2012{br} visant à promouvoir les pionniers belges du Mundaneum,{br} précurseurs en quelque sorte des moteurs de recherche en ligne.{/small} {footnote}{small}http://www.rtbf.be/info/regions/detail_google-a-conclu-un-partenariat-avec-le-mundaneum?id=7729053 {/small}{/footnote} |t [../files/articles/questionsarchives/mundaneum_8.jpg|../files/articles/questionsarchives/mundaneum_8b.jpg]{br}{small}Quelques tiroirs à fiches du Répertoire Bibliographique{br} Universel de Paul Otlet, aujourd'hui au Mundaneum à Mons.{/small} |t | {br}{br} ---- * L'Internet Archive — www.archive.org |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |tl ''Les serveurs de l'Internet Archive, organisation située en Californie et qui se consacre à l'archivage du Web depuis 1996, enregistrant de manière régulière et incrémentale les versions des sites web à l'aide de robots automatisés qui collectent, aspirent et indexent. Sur le site de l'Internet Archive, la Wayback Machine (machine à remonter le temps) permet d'accéder à l'historique des versions des « clichés » des documents et sites enregistrés dans la « bibliothèque » accessible à tous. Seul le Web dit « visible » est archivé. Les auteurs peuvent demander à retirer de l'archive les contenus qui sont reproduits selon les règles amiables gérant les droits d'auteur. Une copie des archives est conservée en « miroir » à la Bibliotheca Alexandrina en Égypte.'' http://www.archive.org/ http://www.bibalex.org/ | |t [../files/articles/questionsarchives/archiveorg_1.jpg|../files/articles/questionsarchives/archiveorg_1b.jpg] |t [../files/articles/questionsarchives/archiveorg_2.jpg|../files/articles/questionsarchives/archiveorg_2b.jpg]{br}{small}Internet Archive, San Francisco, 2000.{br} Crédits photographiques : Katja Dell pour betacity.de{/small} |t | |t [../files/articles/questionsarchives/archiveorg_alexandrina_1.jpg|../files/articles/questionsarchives/archiveorg_alexandrina_1b.jpg]{br}{small}L'Internet Archive à la Bibliotheca Alexandrina en Égypte.{br} Crédits photographiques : John Kannenberg{/small} |t [../files/articles/questionsarchives/archiveorg_alexandrina_2.jpg|../files/articles/questionsarchives/archiveorg_alexandrina_2b.jpg]{br}{small}L'Internet Archive à la Bibliotheca Alexandrina en Égypte.{br} Crédits photographiques : John Kannenberg{/small} |t [../files/articles/questionsarchives/archiveorg_alexandrina_3.jpg|../files/articles/questionsarchives/archiveorg_alexandrina_3b.jpg]{br}{small}L'Internet Archive à la Bibliotheca Alexandrina en Égypte.{br} Crédits photographiques : John Kannenberg{/small} | {br}{br} ---- * Microsoft SenseCam |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |tl ''Microsoft a récemment créé en 2009 un appareil photo qui se porte en pendentif nommé SenseCam. SenseCam prend automatiquement des photos toutes les 30 secondes et chaque fois qu’il se passe un événement faisant réagir soit l’accéléromètre, soit le capteur de luminosité. SenseCam possède également des capteurs infrarouges et sonores qui détectent la présence d’autres personnes qu’il s’empressera de prendre en photo avec son capteur grand angle (qui voit sur 130°). Chaque photo est également géolocalisée grâce à au GPS que SenseCam contient.'' (Cité de http://www.et-demain.com/) http://research.microsoft.com/en-us/um/cambridge/projects/sensecam/ | |t [../files/articles/questionsarchives/sensecam_1.jpg] |t [../files/articles/questionsarchives/sensecam_2.jpg|../files/articles/questionsarchives/sensecam_2b.jpg]| {br}{br} ---- * Lookcie |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |tl ''Looxcie (2010) enregistre en continu votre vie telle que vous la vivez. Quand survient quelque chose de mémorable, appuyez un instant sur le bouton clip pour obtenir une vidéo des dernières 30 secondes. Faites un appui long et votre vidéo sera immédiatement postée sur votre réseau social. Vous venez de partager, très simplement, ce qui vient de se passer, sans rien rater de l'action en cours.'' http://www.lookcie.com/ | |t [../files/articles/questionsarchives/lookcie_1.jpg|../files/articles/questionsarchives/lookcie_1b.jpg] | {br}{br} ---- ---- |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |tl ---- '''FOCUS'''{br}{br}Le Réseau Universel vu et envisagé dès 1934 par Paul Otlet dans le projet du Mundaneum (réalisé en collaboration avec Henri La Fontaine), anticipant l'Internet d'aujourd'hui : ''« 1) un Réseau Universel d’Information et de Documentation, mettant en rapport coopératif tous les organismes particuliers de documentation, tant publics que privés, à la fois pour la production et l'utilisation. Le Réseau, de quelque manière que ce soit, doit relier les uns aux autres les centres producteurs, distributeurs, utilisateur, de toute spécialisation et de tout lieu. »'' (Paul Otlet. ''Traité de Documentation : le Livre sur le Livre : Théorie et Pratique''. (p. 415). Bruxelles : Editiones Mundaneum, 1934)|t | |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |tl [../files/articles/questionsarchives/mundaneum_10.jpg] |t [../files/articles/questionsarchives/mundaneum_11.jpg] | |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |tl [../files/articles/questionsarchives/mundaneum_12.jpg] |t [../files/articles/questionsarchives/mundaneum_13.jpg]| |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |tl [../files/articles/questionsarchives/mundaneum_14.jpg] |tl [../files/articles/questionsarchives/mundaneum_15.jpg|../files/articles/questionsarchives/mundaneum_15b.jpg] | |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |tl [../files/articles/questionsarchives/mundaneum_16.jpg|../files/articles/questionsarchives/mundaneum_16b.jpg] |tl [../files/articles/questionsarchives/mundaneum_17.jpg|../files/articles/questionsarchives/mundaneum_17b.jpg] | |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |tl [../files/articles/questionsarchives/mundaneum_18.jpg|../files/articles/questionsarchives/mundaneum_18b.jpg] |t | {br}{br} ---- |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |tl ''« Ce qui me frappe le plus dans la mémoire, ce n’est pas qu’elle redit le passé — c’est qu’elle alimente le présent. »'' (Paul Valéry. ''Cahiers I''. (p. 1221). Bibliothèque de la Pléiade. Paris : Gallimard)| {br}{br} |t [../files/articles/questionsarchives/memex_1.jpg|../files/articles/questionsarchives/memex_1b.jpg]{br}{br}{small}Vannevar Bush. ''As We May Think'', In The Atlantic Monthly, July, 1945, Volume 176, No. 1. (p. 123).{/small}|t La comparaison entre archivage et auto-archivage soulève plusieurs problèmes : l'archivage, dans son sens traditionnel, n'est pas et ne peut pas être une opération automatique immédiate. Archiver demande toute une séquence parfois très longue dans laquelle se succèdent les opérations citées plus haut et qui ont recours à plusieurs compétences humaines. Rendre automatique (tout enregistrer, tout conserver) mettrait sans doute en péril notre condition vitale, comme Irénée Funes, devenu incapable d'oublier à cause de sa mémoire absolue, dans la nouvelle de José Luis Borges (''Funes ou la Mémoire'', 1942) ; notre cerveau fait d'ailleurs l'inverse : il sélectionne. {br}Pourtant, nos environnements numériques nous permettent de continuellement archiver, stocker et sauvegarder, et cela, en effet, de manière automatisée et programmée : que cela soit par défaut, ou stratégiquement en configurant son logiciel de manière à systématiquement tout enregistrer avec l'assurance d'être en mesure de pouvoir consulter ''à tout moment'' la sauvegarde réalisée. Dans l'usage traditionnel, il s'agit surtout de documenter un présent et une action pour constituer plus tard une archive. Revenir sur le document stocké et issu de l'enregistrement (''log'') en tant que tel repose rarement sur la vérification par l'auteur lui-même de ce qui s'est passé et arrivé (à moins d'avoir un but : déceler, surveiller, inspecter, modéliser, analyser, etc.). D'ailleurs, le retour au document enregistré et dans lequel intervenir n'est plus possible (comme dans le cas des commentaires de blogs et les échanges ''IRC'' et ''tweets'') ressemble à devenir en quelque sorte « spectateur de soi-même » (selon Madeleine Pastinelli, ''Op.Cit.''). Ce qui désigne une inclinaison et une difficulté qui freinent parfois la constitution d'une archive. Enregistrer son présent ou le présent et l'instant d'une action ne nous promet pas de nous en « dégager ».| |t [../files/articles/questionsarchives/mundaneum_19.jpg]{br}{br}{small}Paul Otlet. ''Encyclopedia Universalis Mundaneum'', document EUM 3-14 (n° 3831). ca. 1934, © Mons Mundaneum.{/small}|t Nous gardons en mémoire, sur des supports de mémoire, des informations de différentes natures. Nous pouvons y revenir comme bon nous semble, même si nous n'en avons pas la mémoire, ou si nous ne les avons pas mémorisés, puisque nous utilisons des prolongements techniques de nos mémoires humaines et de nos dépôts documentaires (bibliothèques). Ces capacités de mémoires techniques dépassent notre capacité humaine à mémoriser : en quelque sorte elles sont des aide-mémoires, et aussi des aides à réparer la déficience de nos mémoires. Les accès dynamiques en réseau nous permettent à tout moment de suivre ce qui s'inscrit continuellement et instantanément (et donc est stocké et sauvegardé) et d'y réagir. La variété médiatique (textes, images, sons, de différentes natures et de différents statuts) est une caractéristique unique de notre époque ; il semble que jamais auparavant une telle variété n'ait été atteinte. Nous sommes reliés à des fils en fin de compte perceptifs et à la fois informationnels : notre perception du monde, des actions de ce monde, et des actions de nos partenaires, en est durablement modifiée. La nature duelle de ces relations est liée, d'un côté, aux flux (dynamiques) et aux stocks (figés) d'enregistrement de ces flux, et, d'un autre, à l'aspect sensible de la perception de ces flux et stocks (le ''Web 2.0'' étant le nouvel agencement des deux). | |t [../files/articles/questionsarchives/mundaneum_20.jpg]{br}{br}{small}Paul Otlet. ''Traité de Documentation : le Livre sur le Livre : Théorie et Pratique''. (p. 419). Bruxelles : Editiones Mundaneum, 1934{/small}|t Le risque permanent et présent est la sur-conservation (''over-retention'') liée aux faits que ces environnements numériques négligent de détruire (ou d'oublier) : en fait, nous négligeons de les programmer pour faire cette opération. La production continuelle d'archives et d'enregistrements est antérieure au contexte numérique et en réseau, mais aujourd'hui (et dans l'avenir) cette production se retrouve démultipliée : des supports d'enregistrements (autrefois magnétiques) aux bases de données numériques (Internet). Nous serions actuellement dans un excès de présent (nommé « présentisme » par François Hartog, ''Le Témoin et l’Historien'', in Gradhiva, n°27, 2000, pp. 1-14) devenant paradoxalement et simultanément le passé dynamique de ce qui est en train d'advenir : il s'agirait en quelque sorte d'une « mémoire live » telle qu'elle a été décrite par Paul Virilio (Le paradoxe de la mémoire du présent à l’ère cybernétique, in Federico Casalegno (dir.), ''Mémoire quotidienne. Communautés et communication à l’ère des réseaux''. (pp. 81-94). Québec : Presses de l’Université Laval, 2005) ; cette dernière annonçant ce que nous pourrions nommer une « archive totale » et qui, de fait, provoque une paralysie de la mémoire : l'enregistrement stocké est de l'ordre de l'exact, de l'authentique, et du verbatim, alors que la mémoire est liée à ce qui a du sens (d'un lien, de l'autre). Tout avoir à portée de main consacre en quelque sorte l'homme immobile (même si nos déplacements, virtuels et physiques, et l'accès à des systèmes portables et mobiles se sont démultipliés), après l'homme « disloqué », devenu ubiquitaire, signalé par Paul Valéry{footnote}{small}Paul Valéry. (1937). ''Notre Destin et les Lettres''. In « Regards sur le Monde Actuel et Autres Essais ». (p. 203). Paris : Gallimard, 1945.{/small}{/footnote}, et qui suit l'opposition entre l'homme mobile et l'homme enraciné. | {br}{br} En enregistrant tout ce qui arrive, qu'en est-il du travail de la mémoire ? Celle-ci ''« doit réduire le mémorisable pour qu'il puisse devenir mémorable »'' (Bernard Stiegler, in ''La Technique et le Temps'', Vol. 2. (p. 140). Paris : Éd. Galilée, 1996). L'auto-archivage par son automatisation et sa programmation demande très peu d'efforts et génère un nombre considérable de documents, qui eux-mêmes peuvent être produits dans une anticipation de leur enregistrabilité (ce qui peut constituer une stratégie dans le présent et l'action). L'industrialisation galopante de l'auto-archivage immédiat participe à l'accroissement sans fin des enregistrements et des stocks, ainsi que, en conséquence, à une économie et à un marché de bases de données informationnelles et personnelles de plus en plus importants et tyranniques, financièrement parlant. Accéder à « l'intégrale », et la produire, ont un prix (autre que celui financier) : celui de la standardisation, de la rentabilisation, et de la surveillance (et du contrôle), ainsi que de l'irrémédiable obsolescence des techniques et supports d'enregistrement et d'archivage — l'obsession et la nécessité de transférer d'un support de mémoire à un autre — (et là, nous sommes sans doute loin de la féérie et du rêve du Palais de Xanadu décrit par le poète anglais Coleridge et de ses « agrafes, crochets et boucles et hameçons de la mémoire » (''hooks-and-eyes''{footnote}{small}Je propose les quatre termes afin de conserver le potentiel analogique que l'on peut trouver dans l'expression de Coleridge. La traduction littérale est une agrafe de vêtement (''crochet and loop'' dans la langue anglaise au XIVème siècle) constituée d'un crochet et d'une boucle (appelée dans le vocabulaire de la couture : une porte), tous deux métalliques, utilisés ensemble comme fixation et accroche entre deux pans de vêtement. ''« ^[…^] all the connections, and (if you will forgive so trivial a metaphor) all the hooks-and-eyes of the memory ^[...^] »'' (Samuel Taylor Coleridge. (1809-1810). ''The Friend : a series of essays to aid in the formation of fixed principles in politics, morals, and religion''. (Essay III). Chap. 1, pp. 20-21. ed. Barbara Rooke, vol. 2 of « The Collected Works of Samuel Taylor Coleridge », gen. ed. Kathleen Coburn. Princeton NJ : Princeton University Press, 1969){/small}{/footnote}) que Ted Nelson prit en référence en 1965 lors de la création de ''Xanadu'', un réseau universel similaire à une bibliothèque hypermédia globale basée sur les principes de l'hypertexte (''http'') avant le World Wide Web, pour illustrer ''« ce lieu merveilleux de la mémoire littéraire ou rien n'est oublié »''{footnote}{small}''« The magic place of literary memory where nothing is forgotten. »'' (Ted Nelson, référence inconnue){/small}{/footnote} : ''« Plus de vingt mille hectares de fertiles terres, Furent ainsi de tours et de hauts murs enclos: Et c'étaient, irisés de sinueux ruisseaux, Des jardins où croissaient l'arbre porteur d'encens; Et c'étaient des forêts vierges de l'âge des collines, De verdure encerclant les taches de soleil. »''{footnote}{small}''Kubla Khan or A Vision in a Dream'', par Samuel Taylor Coleridge (1797/1798).{/small}{/footnote}). Une autre initiative aujourd'hui est celle de la spatialisation (voire la spatio-temporalisation{footnote}{small}''Mémoires et Internet''. Sous la direction de Nicole Pignier et de Michel Lavigne. MEI Médiation & Information, Revue Internationale de Communication. Paris : Éd. L'Harmattan, 2010.{/small}{/footnote}) des données accessibles sur les réseaux. En effet, en reliant les données à des marqueurs contextuels et relatifs à des réalités physiques (datation, localisation et origines géographiques, détails sur l'émetteur, sur le sujet, etc., mais aussi la création d'interfaces similaires à des cartographies et des historiques), il s'agit de rendre hybrides les attaches de ces données archivées en entrelaçant les dimensions communes de chronicité et de spatialité, environnementales et spécifiques à chaque milieu respectif (en ligne et dans son propre contexte ; internaute et extranaute{footnote}{small}Voir le symposium Locus Sonus #4 Audio Extranautes, décembre 2007. http://locusonus.org/ {/small}{/footnote}), et ainsi, de permettre de les rendre (re-)mémorables. En parallèle, l'accroissement de la mobilité connectée (pouvoir se connecter à tout moment et en tout lieu) augmente ces effets de circulation multi-dimensionnelle et de spatio-temporalisation « en direct » au sein des données. Le rapport analogique à la bibliothèque universelle tend à disparaître : nous « n'entrons plus dans une bibliothèque », nous sommes continuellement dans celle-ci (nous nous y situons et y coordonnons) et nous l'alimentons aussi en permanence (l'Internet n'étant plus déconnecté des espaces physiques et des temps de consultation). Ces fonctionnalités de spatio-temporalisation combinées à celles des mobilités se sont multipliées ces dernières années pour donner naissance à de nombreuses interfaces interactives et géo-localisées (comme par exemple, les cartes sonores – les ''soundmaps'') et applications de ''locative media'' (l'art des médias géo-localisés) et de ''cloud computing''. {br}{br} |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |tl ---- '''FOCUS'''{br}{br}[../files/articles/questionsarchives/inukjuak.jpg|../files/articles/questionsarchives/inukjuakb.jpg] | |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |tl {small}''Inukjuak SoundMap'', réalisée par l'artiste Nimalan Yoganathan, en 2010, http://www.inukjuaksoundmap.com/ . Les cartes sonores apparaissent comme des archives d'écoute des environnements. Celle-ci répertorie des séquences d'enregistrements du quotidien (sons naturels et sons sociaux) du village Inukjuak sur le territoire du Nunavut.{/small}| |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |tl {br}{br}[../files/articles/questionsarchives/tanaka.jpg|../files/articles/questionsarchives/tanakab.jpg] | |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |tl {small}''Net_Dérive – Participative Locative Media Work'', par Atau Tanaka et Petra Gemeinbock, Paris 2006. ''« Net_dérive explore de nouvelles manières de faire de la musique à plusieurs en errant dans la ville, un dispositif de « musique sociale » recourant au téléphone portable, à la géolocalisation et au réseau sans fil. Les données sonores et visuelles captées sont automatiquement envoyées via le réseau sans fil sur un serveur central qui génère en temps réel une pièce audiovisuelle mouvante, en constante évolution, liée à la position et au cheminement des promeneurs. »'' (Marie Lechner). http://www.ataut.net/site/Net-Derive {/small}| |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |tl {br}{br}[../files/articles/questionsarchives/mediasphere.jpg|../files/articles/questionsarchives/mediasphereb.jpg] | |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |tl {small}La Médiasphère vue par la société Brainstorm, 2007. http://www.brainstormbrand.com/. Ce diagramme comme indiqué date de 2007, il faudrait ajouter aujourd'hui les réseaux de cloud computing rendant associatifs et à tout moment et tout endroit disponibles et accessibles nos capsules de stockage.{/small}| {br}{br} ---- |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |tl ''« Aldus bibliothecam molitur, cuius non alia septa sint, quam ipsius orbis »'' (Alde est en train d’édifier une bibliothèque qui n’a pas d’autres limites que le globe terrestre lui-même) (Erasme. ''Festina lente''. Adages II.1.1, 17 In « Opera Omnia », Vol. 2. (p. 103A). Ed. Jean Le Clerc, 1706 ; et aussi : In André Chevillier. ''L'Origine de l'Imprimerie de Paris'' — Dissertation Historique et Critique. (p. 126). Chez Jean de Laulne, 1694) | {br}{br} S'agit-il de tout archiver ? Et de tout stocker ? avec l'objectif d'un accès universel (le Web et l'Internet étant toujours perçus et imaginés comme une vaste bibliothèque universelle et une encyclopédie vivante{footnote}{small}''« The Web is thus comparable, from the readers' viewpoint, to both a vast library including millions of readily available and indexed publications. From the publishers' point of view, it constitutes a vast platform from which to address and hear from a world-wide audience of millions of readers, viewers, researchers, and buyers. Any person or organization with a computer connected to the Internet can "publish" information. »''. (Cour Suprême des Etats-Unis — Reno v. American Civil Liberties Union, 521 U.S. 844, 117 S. Ct. 2329, 138 L. Ed. 2D 874, 1997]. — ''« The set of digital libraries on distributed networks can be viewed collectively as a global digital library »'' (L’ensemble des bibliothèques numériques sur les réseaux distribués peut être vu collectivement comme une bibliothèque numérique mondiale) (Christine Borgman. ''From Gutenberg to the Global Information Infrastructure : Access to Information in the Networked World''. (p. 151). Cambridge (Mass.) : MIT Press, 2000){/small}{/footnote} — à l'image de la bibliothèque numérique Gutenberg Project lancée en 1971 par Michael S. Hart), rejoignant, au-delà de celle la biosphère, les notions : * de ''noosphère'' (la sphère de la pensée humaine, selon Pierre Teilhard de Chardin, d'Édouard Le Roy et Vladimir Vernadsky{footnote}{small}Vladimir I. Vernadsky, ''The Biosphere and the Noosphere'', American Scientist, (janvier) 1945, 33(1), p.1-12. ; Pierre Teilhard de Chardin, ''Le Phénomène Humain''. Paris : Seuil, 1955. ''« Et ceci nous conduit à imaginer, d'une façon ou d'une autre, au delà de la biosphère animale une sphère humaine, une sphère de la réflexion, de l'invention consciente, des âmes conscientes (la noosphère, si vous voulez). »'' (Pierre Teilhard de Chardin, ''Hominization'' (Paris, 6 mai 1923, inédit), in « The Vision of the Past ». Trad. Par J.-M. Cohen. (p. 62). London : Collins, 1966){/small}{/footnote}), * de ''logosphère'' (revue par Gaston Bachelard, 1951, pour désigner la sphère de la parole au temps de la généralisation de la radio) * jusqu'aux notions actuelles, d' ''infosphère'' (Luciano Floridi, 1999{footnote}{small}Luciano Floridi. ''Information Ethics: On the Philosophical Foundation of Computer Ethics''. In Ethics and Information Technology 1 (1):33-52, 1999.{/small}{/footnote}), * de ''blogosphère'' (Brad L. Graham, 1999{footnote}{small}http://www.bradlands.com/weblog/comments/september_10_1999/ {/small}{/footnote} ; William Quick, 2002{footnote}{small}http://web.archive.org/web/20071227073108/ http://www.iw3p.com/DailyPundit/2001_12_30_dailypundit_archive.php#8315120 {/small}{/footnote}), * de ''médiasphère'' (Régis Debray, 1990), d' ''hypersphère'' ou de ''cybersphère'' (Régis Debray, 2005 ; Louise Merzeau, 1998{footnote}{small}Louise Merzeau. ''Ceci ne tuera pas cela''. In Les Cahiers de Médiologie, n° 6, 2ème semestre 1998, « Pourquoi des médiologues ? », p. 37 ; Régis Debray. ''Bonjour l’hypersphère''. In Médium n°4, juillet-août-septembre 2005, p. 6.{/small}{/footnote}), * et d' ''audiosphère'' (Vincent Tiffon, 2008{footnote}{small}Vincent Tiffon. ''L'influence de l'outil : pour une étude raisonnée des interactions entre innovations techniques et inventions musicales en audiosphère'', EMS08 Electroacoustic Music Studies, 3-7 juin 2008, Paris, Ina-Grm et Université Paris-Sorbonne.{/small}{/footnote}). Au-delà du paradigme universaliste et de celui de la grégarité (que nous observons trop souvent), l'important dans ces « écosystèmes » est de distinguer et d'examiner les pratiques particulières et singulières (diverses, expérientielles, etc.) dans leurs manières à constituer (et ainsi « mémoriser ») des pratiques ''ensemble''. {br}{br}{br}{br} ---- |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |t |tl ''« La démocratisation effective se mesure toujours à ce critère essentiel : la participation et l’accès à l’archive, à sa constitution et à son interprétation. »'' (Jacques Derrida. ''Mal d’Archive''. Ibid., p.15)| {br}{br}
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