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!! rené bertrand et jean cocteau {br}{br} ---- [../files/articles/bertrand/cleons.jpg] {br}{br}Si je me suis intéressé à René Bertrand c'est par l'entremise d'une convergence ; * d'une part, la lecture d'une préface assez étonnante de Jean Cocteau à propos des soucoupes volantes et des notions de vitesse dans des distances et des dimensions incommensurables et invisibles (ce qui touche bien évidemment à mon sujet de recherche sur les auditoriums Internet et sur les perspectives d'un auditorium Terre-Mars), lecture suivie par le sondage dans les multiples écrits de Cocteau des textes pouvant toucher à ce sujet ; ce qui m'a permis de découvrir un autre auteur, très proche de Cocteau, qui aborde de près ces thèmes et auquel Cocteau se réfère constamment : René Bertrand, un nom qui ne m'était pas étranger ; * et, d'autre part, la découverte que ce nom et cet auteur m'étaient en effet bien connus puisqu'il s'agit du maire que j'ai connu dans mon village natal '''[dans lequel j'ai vécu jusqu'en 1981|jug-jug]''', et que j'avais maintes fois croisé dans mon enfance cet homme massif et de haute stature, même si je ne soupçonnais pas son œuvre que je découvre aujourd'hui. Celle-ci m'étonne assez puisqu'elle aborde les notions d'espace et de temps (de leurs articulations et de leurs modulations entre elles) au travers des découvertes scientifiques contemporaines (relativité, télépathie, etc.) et des explorations philosophiques (esthétiques), notions dans lesquelles je loge aussi ma recherche. {br}{br} ----{br} {cap}'''René Bertrand'''{/cap} est né à Nantes le 17 février 1897, de souche irlandaise et bretonne. Étudiant en médecine. Guerre 1916-1918. Prisonnier évadé en 1940. Déporté à l'intérieur en 1944. Maire de Haute-Goulaine (''Hautt-Góleinn'' en gallo, la langue d'oïl locale) '''^[[1|http://fr.wikipedia.org/wiki/Haute-Goulaine]^]''' '''^[[2|http://www.infobretagne.com/haute-goulaine.htm]^]''' de 1945 à 1977. Président de divers syndicats viticoles. Égyptologue, élève de G. Drioton, Directeur du Musée du Caire. Habitait Les Cléons (manoir ayant appartenu au XVIIe à Madame de Sévigné, et dont on voudrait que le nom provienne de Cléon, démagogue et célèbre orateur, guerrier d'Athéna '''^[[1|http://fr.wikipedia.org/wiki/Cleon]^]''' '''^[[2|http://www.compitum.fr/publications/6249-lafargue-philippe-cleon-le-guerrier-dathena]^]''' '''^[[3|http://remacle.org/bloodwolf/comediens/Aristophane/cavaliers.htm]^]'''). En 1793, les insurgés vendéens établissent un camp aux Cléons et un autre à La Louée. Le premier maire d'Haute-Goulaine de 1790 à 1795 fût François Cathelineau. Sur le site des Cléons des fouilles archéologiques ont dévoilé des vestiges d'une ville et de thermes Gallo-Romains (Entre 100 et 300) '''^[[1|http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/malraux_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_98=MATR&VALUE_98=%20HAUTE-GOULAINE%20&DOM=All&REL_SPECIFIC=3]^]'''. Les constructions gallo-romaines des Cléons s'étendent sur une surface de près de 20 hectares. Il y fût découvert également un atelier de pierres taillées (période préhistorique) et d'un trésor de monnaies comportant environ 1 300 pièces de bronze avec effigies allant de 240 à 295 après Jésus-Christ. Il découvre Jean Cocteau à la radio suite à l'impact d'une phrase dite par ce dernier : "Le temps est un phénomène de perspectives". |t Il entretînt avec Cocteau une correspondance très soutenue jusqu'à la mort de ce dernier en 1963. Cocteau préfaça son livre ''Sagesse et Chimères'' en 1953 et lui dédia la même année son propre livre ''Journal d'un Inconnu''. René Bertrand fût un pilier de la première exposition dédiée à Cocteau après sa mort et qui eût lieu à Nantes : ''Hommage à Jean Cocteau'' (préfaces par Georges Auric, Julien Lanoë et René Bertrand). Nantes, Musée des Beaux-Arts, exposition Jean Cocteau 21 mai au 15 juin 1964.{br}'''^[[documentaire de Noël Simsolo sur Cocteau (1996)|http://www.youtube.com/watch?v=UJ06xWvxlfI&list=PL85D579B47A785EBC]^]'''{br}{br}En 1952 Cocteau s'intéresse de plus en plus aux « '''[soucoupes volantes|DocSoucoupes]''' », ainsi qu'aux idées de René Bertrand sur les invisibilités et sur le bouleversement total de l'aspect du monde (révélé par les observations scientifiques et les compréhensions philosophiques).{br}À titre d'exemple, sa préface pour le livre de '''[Jimmy Guieu|http://leslecturesdelonclepaul.over-blog.com/article-portrait-de-jimmy-guieu-95938211.html]''' ''Black Out sur les Soucoupes Volantes'' en 1956 : {br}{br}[../files/articles/bertrand/guieu1p.jpg|../files/articles/bertrand/guieu1.jpg]{br} [../files/articles/bertrand/guieu2p.jpg|../files/articles/bertrand/guieu2.jpg] [../files/articles/bertrand/guieu3p.jpg|../files/articles/bertrand/guieu3.jpg]{br}{small}''(Cliquez sur les images pour les agrandir)''{/small}{br}{br}''Voir un engin, une "soucoupe", me stupéfierait moins que d'apprendre qu'il n'en existe pas et qu'ils résultent d'un psychose, l'hypnose collective ne pouvant se produire sur d'innombrables personnes séparées par le temps et par l'espace — à moins que le temps-espace n'existe pas selon nos concepts, ce qui soulève un autre problème.'' (Jean Cocteau, Le Passé défini, 1957){br}{br}''"Soucoupe" hier, dans le Var (incontestable). Bond formidable sans le moindre bruit.'' (Jean Cocteau, ''idem'') |t |t |t |t |t [../files/articles/bertrand/nantes64.jpg]{br}{br}[../files/articles/bertrand/bertrandtelecocteau2.jpg]| {br}{br} Cocteau évoque de manière omniprésente René Bertrand dans le ''Passé Défini'', journal de vie, publié à titre posthume selon la volonté de l’auteur, qui s’étend sur douze ans : de 1951 jusqu’à la mort du diariste en 1963. En parallèle, l’écrivain rédige le ''Journal d’un inconnu'', débutant par une longue dédicace à René Bertrand suivie d'un préambule, de février à juin 1952 et l’imprime la même année. Après un chapitre constitué, à la différence des autres, tous discursifs, de 46 formules parfois très courtes, comme « qui s'affecte d'une insulte s'infecte », on croit le livre achevé lorsqu'on tombe sur une « Lettre finale » et son « Post-scriptum » toujours à R. Bertrand. |t |t |t |t |t |t "À la poésie multiforme que décline l'organigramme de son œuvre, ^[Cocteau^] semble bien près d'ajouter une section inédite : poésie de science. Dans ce Journal, en effet, il glisse d'un inconnu : lui, l'homme qu'il est dans le secret, à l'inconnu du monde, à ses grandes énigmes. Il faut rappeler qu'« Esprit es-tu là ? », le signe de ralliement des spirites, en fut le premier titre. le ''Journal d'un inconnu'' explore le registre de l'invisible et adore de nouveaux dieux, comme Einstein ou Héraclite, à la suite et après la lecture de ''L'Univers cette unité'' de René Bertrand. Échange de dédicaces, colonisation de l'index du ''Passé défini'', ce sympathique vigneron et maire de Haute-Goulaine devient le grand homme de Cocteau durant la dernière décennie de son existence. Il lui reconnaît dans la spéculation scientifique « une méthode de poète ». Le poète se passionne pour les soucoupes volantes - l'essai en témoigne. Parapsychologie, occultisme, tout ce en quoi pourrait s'incarner l'invisible l'intéresse. Sans esprit critique, il assimile toutes ces lectures et y adhère au point de remettre en question les bases les plus sûres. Il cite à deux reprises le paradoxe d'Eddington : « Les événements n'arrivent pas. » Tout : choses, bêtes et gens, baignerait dans un « éternel présent ». Les aventuriers de la science le confirment dans ses théories sur l'espace-temps. Le chapitre « Des distances », où il postule une « différence fondamentale entre le petit et le loin » - je cite ''Le Passé défini'' - lui cause une légitime fierté, car elle « sera un jour une source de curieuses découvertes ». Seul M. Einstein serait capable de nous dire si Jean Cocteau a raison de considérer les distances comme'''trompeuses''. " (In Touzot Jean. ''Les essais sur soi-même''. In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 2001, N°53. pp. 367-377)| {br}{small}''(Cliquez sur les images pour les agrandir)''{/small} |t [../files/articles/bertrand/cocteaudistances1p.jpg|../files/articles/bertrand/cocteaudistances1.jpg]|t |t |t [../files/articles/bertrand/cocteaudistances2p.jpg|../files/articles/bertrand/cocteaudistances2.jpg]{br}[../files/articles/bertrand/cocteaudistances3p.jpg|../files/articles/bertrand/cocteaudistances3.jpg]|t |t | t[../files/articles/bertrand/cocteaudistances4p.jpg|../files/articles/bertrand/cocteaudistances4.jpg]{br}[../files/articles/bertrand/cocteaudistances5p.jpg|../files/articles/bertrand/cocteaudistances5.jpg]| [../files/articles/bertrand/cocteaudistances6p.jpg|../files/articles/bertrand/cocteaudistances6.jpg] {br}{br} Commencé en février 1952, achevé d’imprimer en janvier 1953, ''Journal d’un inconnu'' a d’abord eu pour titre "Esprit es-tu là ?", question rituelle posée par les adeptes des séances de tables tournantes (comme le fut Cocteau dans sa jeunesse) cherchant à entrer en communication avec l’au-delà. Un autre titre lui a succédé, "La Conspiration du silence", qu’éclaire un passage du livre : « Jadis, l’artiste était entouré d’une conspiration du silence. L’artiste moderne est entouré par une conspiration du bruit. Rien dont on ne discute et qu’on ne dévalorise. » Ces deux titres indiquent bien quels sont les deux sujets tressés ensemble par Cocteau dans son essai : le poète dans la société, l’homme dans l’univers '''^[[1|http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/caief_0571-5865_2001_num_53_1_1433?_Prescripts_Search_tabs1=standard&]^]'''. Dans ^[la^] dédicace et [la^] lettre finale, Cocteau rend hommage à celui qui a déclenché son désir de reformuler des thèmes qui l'ont toujours hanté, au philosophe René Bertrand, auteur de "L'Univers, cette unité", publié trois ans auparavant. Cet ouvrage propose une conception de l'inconscient et du rêve qui pouvait à bon droit lui paraître familière. Pour René Bertrand, en effet, le sommeil approche une vérité d'ordre cosmique : "les hommes, dans leur sommeil travaillent et collaborent aux événements de l'univers" (citant Héraclite, in "L'Univers, cette unité", p.185, et in ''Sagesse et Chimères'', pp. 187-188). (In Revue des Sciences Humaines, n° 233 à 234, Faculté des lettres de l'Université de Lille, 1994, p.72) À René Bertrand, il écrit : "vous me traitez de savant, je vous traite de poète". (In La Table Ronde, N° 94 Du 01/10/1955) |t |t |t |t |t |t ''"Le Journal d'un inconnu" s'attaque au problème de l'invisibilité ou plus généralement encore à l'invisible. Ce livre qui est dédié au savant René Bertrand qui devint mon ami, est sorti de moi en partie à cause de lui.'' (Jean Cocteau).| |t |t |t |t |t |t ''L'homme est un infirme. Je veux dire qu'il est limité par des dimensions qui le finissent et l'empêchent de comprendre l'infini où les dimensions n'existent pas. ^[...^] Les phénomènes m'attirent plus que ce qui en résulte, ^[et^] le surnaturel du naturel me frappe avant le reste. ^[...^] Dans une œuvre, l'invisible l'emporte sur le visible. ^[...^] La radio nous permet de prendre au piège un phénomène de fabulisme. La voix emboîte la vitesse de la lumière et nous parvient plus rapidement de loin qu'aux auditeurs qui l'entendent de près, par l'entremise de la vitesse du son, moins alerte. ^[p. 137^]'' (Jean Cocteau, extraits du "Journal Inconnu").| {br}{br} Voici la dédicace de Jean Cocteau à René Bertrand dans le ''Journal d'un inconnu'' (1953), suivie de la lettre finale et du post-scriptum : [../files/articles/bertrand/cocteauinconnup.jpg|../files/articles/bertrand/cocteauinconnu.jpg] [../files/articles/bertrand/cocteaudedicace1p.jpg|../files/articles/bertrand/cocteaudedicace1.jpg] [../files/articles/bertrand/cocteaudedicace2p.jpg|../files/articles/bertrand/cocteaudedicace2.jpg] [../files/articles/bertrand/cocteaups1p.jpg|../files/articles/bertrand/cocteaups1.jpg] [../files/articles/bertrand/cocteaups2p.jpg|../files/articles/bertrand/cocteaups2.jpg] [../files/articles/bertrand/cocteaups3p.jpg|../files/articles/bertrand/cocteaups3.jpg]{br}{small}''(Cliquez sur les images pour les agrandir)''{/small} {br}{br} Et des extraits de deux lettres envoyées par Jean Cocteau en 1954 : [../files/articles/bertrand/lettreavril1954p.jpg|../files/articles/bertrand/lettreavril1954.jpg] [../files/articles/bertrand/lettreoctobre1954p.jpg|../files/articles/bertrand/lettreoctobre1954.jpg]{br}{small}''(Cliquez sur les images pour les agrandir)''{/small} {br}{br} {br}{br} ----
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