On extended, boundless, vibratory and in-the-now sympathy music
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!!Presentation {br}{br} ---- '''THE HANDPHONE TABLE'''{br}sous-titre / ''subtitle'' : (When you we're hear){br}sous-titre / ''subtitle'' : (Remembering sound){br}Laurie Anderson{br}1978. ---- |t Durée approximative |t |t — | |t Dates de composition |t |t — '''1978'''| |t Création |t |t — '''MoMA, Museum of Modern Art, PROJECTS Gallery, New York City, Sept 15 - Oct 29, 1978'''{br}- ''[MoMA (programme 1971) (pdf)|http://www.moma.org/momaorg/shared//pdfs/docs/press_archives/5652/releases/MOMA_1978_0088_81.pdf?2010]''| |t Dispositif : |t |t — installation (pour des auditeurs / ''for listeners''){br}Table en bois de pin, avec couvercles, deux magnétophones et deux amplificateurs encastrés — dim : 79,6 x 91,20 x 152,5 cm| |t Éditeur : |t |t — | ---- {br}{br} [../files/articles/anderson/1978_handphonebig.jpg]{br}{small}(Courtesy of Canal Street Communications){/small} {br}{br} |t [../files/articles/anderson/1978_handphoneschema.jpg]{br}{br}{small}Exemples de tweeters à compression et moteur d'aigu ou de medium :{br}[../files/articles/anderson/1978_compresseur_1.jpg|../files/articles/anderson/1978_compresseur.jpg][../files/articles/anderson/1978_compresseur2_2.jpg|../files/articles/anderson/1978_compresseur2.jpg][../files/articles/anderson/1978_compresseur3_3.jpg|../files/articles/anderson/1978_compresseur3.jpg]{br}Autres possibilités haut-parleur vibreur (buttkicker ou body shaker) et transducteur (Rolen Star Audio Transducer) :{br}[../files/articles/anderson/1978_compresseur4_4.jpg|../files/articles/anderson/1978_compresseur4.jpg][../files/articles/anderson/1978_compresseur5_5.jpg|../files/articles/anderson/1978_compresseur5.jpg]{/small}{br}{br}{br}[../files/articles/anderson/1978_handphonedetail.jpg]{br}{small}(Courtesy of Musée d'Art Contemporain de Lyon - Credits photo : Blaise Adilon){/small}{br}{br}{br}[../files/articles/anderson/1978_handphonedetailelbows_640.jpg|../files/articles/anderson/1978_handphonedetailelbowsbig.jpg]{br}{small}(Courtesy of Musée d'Art Contemporain de Lyon - Exposition collective Ce Fabuleux Monde Moderne, 10 sept 2015 / 3 jan 2016){/small}{br}{br}{br}[../files/articles/anderson/1978_MOMA_1_640.jpg|../files/articles/anderson/1978_MOMA_1.jpg]{br}[../files/articles/anderson/1978_MOMA_2_640.jpg|../files/articles/anderson/1978_MOMA_2.jpg]{br}{br}{br}---- En 1978, un an après ''Jukebox'', la tête dans les mains, les coudes sur la table, les oreilles bouchées, ''Handphone Table'' dévoile quelque chose d’immuable resté jusque là dans l’ombre : mes os conduisent en moi des sons captés à l’intérieur du plateau. Spectateur-auditeur, je suis simplement mais complètement traversé par un vers à peine audible de George Hubert, poète du 17ème siècle, qui dit à peu près ceci : « Now I in You without a body move ». Happé par le grain des voix électroniques, j’embrasse un monde continu ; j’en suis le réceptacle ; l’enceinte. Mon corps est ce lien entre je et le monde. Il est au centre, mais pas central ; juste un corps conducteur ; un fil, comme on le dit au sujet de la lecture. Métaphorique et incarnée, l’œuvre a pourtant l’évidente apesanteur d’un objet très léger qu’on déplace sans peine. Déplacer la lourdeur des faits, c’est tout le propos de Laurie Anderson. — {small}Thierry Raspail - Source : http://archive.grame.fr/Biennale/MES2002/laurie.html ){/small}|t |t |t |t |t |t |t |t |t {small}''(English version below)''{/small}{br}{br}---- « ''The Handphone Table (When You We're Hear'') »{br}{br}— — « Le principe de base de la ''Handphone Table'' c'est la transmission du son par les os. Une musique stéréo est amplifiée et transformée et les impulsions sont transmises à des ^[tiges métalliques^] qui sont en contact avec le plateau de la table en quatre endroits. Si l'auditeur appuie ses coudes sur la table et met les mains sur ses oreilles, il va entendre des sons qui sont transmis par le bois et les os de ses avant-bras - qui sont aussi poreux que le bois. Sa tête devient, pourrait-on dire, le haut-parleur.{br}J'ai conçu cette table après une soirée particulièrement frustrante. J'écrivais un chant sur la machine à écrire électrique ; après quelques pages je m'arrêtai pour lire ce que j'avais écrit. Je dus constater que ce chant était impossible à chanter. Découragée, j'appuyais ma tête sur mes mains et restais assise comme ça pendant un moment. Chanté à haute voix, ce chant était tout autre que sur le papier - comme s'il était écrit dans une autre langue. Tandis que mon désespoir grandissait, je perçus brusquement un son grave, difficile à identifier plus précisément. C'était le bourdonnement de la machine à écrire qui se transmettait au plateau de la table. J'ai imaginé alors écrire une pièce dans laquelle se combineraient la dépression, la méditation, la possibilité d'un passage de courant et un son qui apparaît davantage dans le souvenir qu'il n'est entendu : chants intérieurs. J'ai composé ces chants dans des fréquences basses parce que les sons graves peuvent être mieux transmis et avec moins de perte que les aigus. Comme instruments j'ai prévu l'orgue Fender-Rhodes, le piano, le violon et la voix humaine. Les sons ont été basculés d'un côté à l'autre ; ils semblent davantage perceptibles au bas du visage que lors d'une écoute par casques. La différence entre les sons clairs mais plats de l'orgue et les mêmes sons du piano avec ses harmoniques chantantes est particulièrement nette. On pouvait entendre l'orgue dans une oreille, le piano dans l'autre, et inversement.{br}Le texte ("And I remember you in my bones" écrit avec un vers inversé du poème d'amour composé en 1633 par Georges Herbert : "Now I in you with a body move") est construit sur des rythmes répétés et alternés. J'ai introduit le "son orthophonique" dans de nombreuses actions et je "dispose" alors les lieux pour que les ondes sonores puissent être non seulement entendues mais senties. Cette œuvre est une sorte de version privée d'une musique dans l'espace. » — {small}(Laurie Anderson, In catalogue de l'exposition Écouter par les Yeux, objets et environnements sonores, ARC Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, 18 juin - 24 août 1980, p. 42){/small}{br}{br}{br}---- —— « J’ai conçu cette table pour le Projects Gallery du Museum of Modern Art en 1978. L’idée m’en est venue quand j’étais en train d’écrire une histoire à l’aide d’une machine à écrire électrique : ça n’avançait pas, ça me donnait le cafard, je me suis pris la tête dans les mains et c’est là que je l’ai entendu, cette sorte de bourdonnement très fort émis par la machine, amplifié par la table et qui montait par mes bras jusque dans ma tête. Un son très clair et très fort. Ainsi j’ai pris le parti de fabriquer une table parlante, qui comporterait à l’intérieur des platines cassette et des compresseurs de sons ^[[moteurs ou chambres de compression de haut-parleur|http://www.sonomag.com/Data/Archives/Uploads/ArtImages/WEB082006_PAV004.gif] ^] branchés sur des tiges en acier. Le bout de chaque tige rentre en contact avec une sorte de capteur incrusté dans la surface de la table à la manière d’un nœud. Si l’on met ses coudes sur les prises, le son monte le long des os des bras, il suffit alors de placer les mains sur ses oreilles en guise de casque. Quant aux sons, je voulais qu’ils relèvent du souvenir plutôt que de l’immédiateté, enfin des sons qui vibraient dans les os, les faisaient chanter et... ^[…^] J’ai écrit trois morceaux pour ''The Handphone Table'', dont le premier comporte un duo de basses. À gauche, j’ai placé les harmoniques résonantes d’un piano acoustique, à droite, les basses d’un Fender Rhodes, les deux basculant progressivement d’une oreille à l’autre. J’ai également composé un morceau pour violon, en forçant tellement sur le basculement que l’auditeur a carrément l’impression d’avoir l’archet dans la tête. Pour les deux morceaux, je me suis limitée aux graves. Étant donné que la parole se fait beaucoup dans les aigus, j’avais beaucoup de mal à bien faire “parler” ma table. J’ai fini par trouver une solution en filtrant les sons d’un vers mis en musique ("And I remember you in my bones" écrit en inversant et réorganisant les lettres, du poème d'amour composé en 1633 par Georges Herbert, poète métaphysique anglais du XVIIe siècle) : “Now I in you without a body move”. En opérant le basculement, le vers est devenu : Now I (gauche) in you (droite) without (gauche) a body (droite) m... o... v... e... (de gauche à droite). ^[Et ceci^] est lu avec des rythmes répétés et alternés. On peut écouter les deux ''songs'' en étant assis à cette table : d'un côté, “Now You in Me Without a Body Move” et à I‘autre bout de la table : “And I Remember You in My Bones.” J'ai introduit le "son orthophonique" dans de nombreuses actions et je "dispose alors des lieux pour que les ondes sonores puissent être non seulement entendues mais senties. Cette oeuvre est une sorte de version privée d'une musique dans l'espace. » — {small}(Laurie Anderson){/small}{br}{br}{br}[../files/articles/anderson/1978_handphonewords_450.jpg]{br}{br}{br}Comme le décrit ci-dessus Laurie Anderson, chaque magnétophone inséré dans la table contient, entre autres, l’enregistrement d’une chanson : les textes de ''And I remember You in my bones'' et ''Now You in Me without a body move'' décrivent l’expérience vécue par le spectateur, devenu acteur et auditeur. Laurie Anderson produit un objet assez simple sur le plan formel. Elle met en évidence, avec un objet de la vie quotidienne que chacun possède chez lui, une action qui peut être renouvelé en dehors de l’espace muséal dans une cuisine ou une salle à manger. La simplicité et un aspect ludique se dégagent de l’œuvre et rendent celle-ci attractive. Il existe également un jeu et une recherche sur l’espace acoustique. La source sonore est invisible (comme souvent dans le travail de Laurie Anderson) et sa matérialité n’est perceptible que par les vibrations transmises par la table. Il s’agit là du domaine de la sensation. L’artiste nous rappelle que la musique est avant tout une affaire d’ondes qui vibrent et se propagent dans un environnement spatial. ''Handphone Table'' invite par ailleurs à réfléchir sur l’échec d’un certain type de communication. La table est conçue afin que deux individus puissent s’y asseoir en même temps. Mais les deux protagonistes n’échangent pas la moindre parole, ils sont isolés l’un de l’autre par la table sonore qui court-circuite tout dialogue éventuel. La table, généralement considérée comme un objet de convivialité, devient ici une sorte de caisson hermétique à la présence extérieur, le lieu d’un dialogue de sourds-muets n’ayant pas connaissance du langages par signes. L’attitude des deux individus, la tête entre les mains, n’encourage d’ailleurs pas à la communication. Le second objet qu’on souhaite évoquer participe au même questionnement. —{small}(Mathias Aucouturier, [ETUDE CRITIQUE D'UNE PERFORMANCE LAURIE ANDERSON: United States Parts I-IV (1983)|http://choc.electrique.free.fr/united_states.html], 1997){/small}{br}{br}{br}{br}{br}{br}{br}{br}{br}{br}{br}---- ''In 1978 Laurie Anderson made the ''Handphone Table'' for MOMA, New York. The principle of the performance of ''Handphone Table'' bases on the conduction of sound through bones. Two listeners can sit at each side of a table. When the listeners put their elbows on the table and cover their ears with hands, they can hear the sounds coming through wood and bones of their own arms which, similarly to wood, have a porous structure. Technically, this effect is created by conducting amplified audiotape sounds that have been transformed into impulses to four screws that are embedded in the hollows of the tabletop. The hollows thus act as loudspeakers. The bones in our bodies, for their part, have a porous structure that makes them good conductors of sound. The cranial cavities effectually become speakers.{br}At each end of the table two pairs of slight indentations can be found. Visitors have to place their elbows in these indentations and cup their ears with their hands to be able to hear the sounds. To each indentation a steel rod is connected that leads to a tape deck containing pre-recorded material. The pre-recorded material consists of a Fender-Rhodes organ, a piano, a violin and the human voice. The text consists of two sentences: “and I remember you in my bones” together with a reversed line of an old love song written by George Herbert in 1633: “Now I in you without a body move”. Anderson created a stereo system through using a pick-up for each elbow. The clear but plain tones of the organ were audible in one ear, the acoustic piano with its singing overtones in the other ear and later the other way round. Sound is conducted from tape through driver, screw, elbow, skull and the cranial cavities effectually become speakers. Anderson designed the Handphone table after a very frustrating evening when she was writing a song on an electric typewriter. After a few pages Anderson looked up to read what she had written only to find that it was impossible to sing. Discouraged, she placed her head in her hands and sits in this position for a while. Suddenly she could hear a deep tone she could not identify: the humming of the typewriter. She decided to create a work exploiting this discovery : the ''Handphone table''. With ''Handphone Table'' Anderson creates an intimate version of her idea of space-related music that should be felt as well as heard.{br}The ''Handphone Table'' invites the anonymous observer/auditor to perform acts of sensory engagement, which disrupt usual patterns of perception.''| {br}{br} {br}{br} {br}{br} ----
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