On extended, boundless, vibratory and in-the-now sympathy music

http://jeromejoy.org/


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« Tout ce qui bouge sur un écran est du cinéma. » (Jean Renoir)





Sommaire / Contents


INTRODUCTION(Edit)

nocinema.org est une application en ligne développée par Jérôme Joy. Ce projet est un documentaire/fiction en ligne et une série d’interludes pour le web, dont les déroulements ne sont jamais identiques. nocinema.org est en quelque sorte un cinéma improbable et un film sans début ni fin, sans acteurs ni scénario, excepté les histoires que nous pouvons nous construire en suivant le fil des images et des sons streamés. nocinema.org est un système automatisé construit sur des processus de sélection de streaming webcams en direct autour du globe, captant des "plans" dans différents lieux, panoramisés et temporisés par le montage généré en ligne. Les sons, organisés à chaque fois selon des mixages calculés en direct, proviennent d’une base de données sonores continuellement alimentée et mise à jour par une équipe de complices : Magali Babin, DinahBird, Christophe Charles, Yannick Dauby, Chantal Dumas, Jérôme Joy, Luc Kerléo, Alain Michon, Chantal Dumas, Emmanuelle Gibello et Jocelyn Robert.

Le projet est développé sous une forme expérimentale depuis plusieurs années et était activé jusqu’en 2008 uniquement comme une interface/site web qui fût présentée, à l’invitation de Steve Dietz[1], dans une version initiale et sous le nom préliminaire « interludes » au Walker Art Center de Minneapolis à la fin des années 90. Durant les années suivantes et sous le couvert d’un hébergement amical sur le serveur de coopération artistique The Thing à New-York (jusqu’à la fermeture de celui-ci en juillet 2007, il a été la référence continuelle d’un travail d’expérimentation de création en ligne sur les potentiels de narration audiovisuelle à partir d’éléments images et sons captés et organisés en direct sur Internet. Sollicité depuis par différents lieux, festivals et centres d’art, en tant que projet artistique majeur et pionnier dans les domaines de l’art numérique en réseau et de la musique en ligne, nocinema.org prend à présent une dimension finalisée et reconnue d’œuvre en réseau, tout en continuant à développer des formes multiples (Interludes, AudioMix, etc.).




NOCINEMA.ORG(Edit)

"On saura transporter ou reconstituer en tout lieu le système de sensations, - ou plus exactement, le système d'excitations,- que dispense en un lieu quelconque un objet ou un événement quelconque. Les oeuvres acquerront une sorte d'ubiquité. Leur présence immédiate ou leur restitution à toute époque obéiront à notre appel. Elles ne seront plus seulement dans elles-mêmes, mais toutes où quelqu'un sera, et quelque appareil. Elles ne seront plus que des sortes de sources ou des origines, et leurs bienfaits se trouveront ou se retrouveront entiers où l'on voudra. Comme l'eau, comme le gaz, comme le courant électrique viennent de loin dans nos demeures répondre à nos besoins moyennant un effort quasi nul, ainsi serons-nous alimentés d'images visuelles ou auditives, naissant et s'évanouissant au moindre geste, presque à un signe. Comme nous sommes accoutumés, si ce n'est asservis, à recevoir chez nous l'énergie sous diverses espèces, ainsi trouverons-nous fort simple d'y obtenir ou d'y recevoir ces variations ou oscillations très rapides dont les organes de nos sens qui les cueillent et qui les intègrent font tout ce que nous savons. Je ne sais si jamais philosophe a rêvé d'une société pour la distribution de Réalité Sensible à domicile."
Paul Valéry in "La conquête de l'ubiquité" , in "De la musique avant toute chose" (textes de Paul Valéry, Henri Massis, Camille Bellaigue, etc.), Éditions du Tambourinaire, Paris, 1928. Reproduit in Paul Valéry, "Oeuvres", vol.II, Coll. "La Pléiade", Gallimard, Paris, 1960, pp. 1284-1287.

nocinema.org est un projet en ligne proposant au travers de séquencements d'images streamées provenant de webcams et de processus de mixages en direct et en ligne de sons, un cinéma sur les réseaux qui renouvelle le dispositif cinématographique tel que nous le connaissons.

La proposition du projet est celle d'un cinéma "à la maison" (at home), c'est-à-dire de celui d'un film reçu et construit chez soi, à partir d'une écriture composée et générée par la fragmentation d'images en direct et de sons différés[2]. Associant les pratiques et les techniques de l'Internet et du cinéma en les détournant ou en les contournant pour développer un dispositif artistique — cinématographique, sonore et musical —, le projet nocinema.org prolonge à la fois les initiatives actuelles du "documentaire/fiction" dans lesquelles le réel et la captation du réel est la condition cinématographique, et les aventures singulières de réalisateurs et d'artistes tels Marguerite Duras, Chris Marker, Georges Rouquier, Jean-Marie Straub / Danielle Huillet ou encore Rodney Graham.

Cette proposition est issue d’un travail d’expérimentation mené depuis de nombreuses années sur la pratique musicale en réseau et plus précisément sur l’extension de la composition à des supports et des auditoriums élargis. Ma pratique de studio (en composition électroacoustique et électronique) depuis les années 80 m’a permis d’approcher des développements de ce que serait la « musique étendue » (ou hypermusique[3]) dans ses croisements, si nous parlons d’Internet, avec les autres médias insérés dans le web et dans les conditions que ceux-ci renvoient sur l’écriture musicale. Dans ce parcours, j’ai pu manier et aborder différentes formes de réalisations en ligne mais également, ce qui est continuel dans mon travail, de l'articulation de celles-ci et de leur fondation nécessaire avec des formes matérielles et publiques (Collective JukeBox, picNIC, PacJap, RadioMatic, Sobralasolas ! jusqu’aux dernières réalisations réalisées avec Locus Sonus). Ces formes allant de la programmation de systèmes à l’improvisation en réseau (dans le cadre d’événements), en passant par des interfaces (sur le web) et des configurations plus invisibles (réseaux de serveurs), appellent une mise à jour continuelle de leur fabrication (ou processus) et de leur implication dans la perception que nous avons de nos environnements : leurs régimes passent d’un état d’œuvres à ceux de dispositifs jusqu’aux situations (situations d’écoute, situations de perception, etc.).

Dans le cas de nocinema.org, le spectateur/auditeur construit le film par les éléments (images et sons) qu'il reçoit, créant ses propres histoires et récits par le suivi des images qui se succèdent (provenant de caméras disséminées dans différents pays autour du globe et envoyant continuellement leurs images de jour comme de nuit) et leur association avec les mixages sonores qui constituent la "bande-son". Chaque connexion propose des déroulés cinématographiques différents, constituant autant de fictions que d'accès au projet, similaires à des "interludes" mais pour cette fois "télématiques" (utilisant les réseaux Internet), réalisés en direct, quasi-documentaires au vu des images captées dans des contextes réels, sans acteur, sans scénario, sans "auteur" ou plutôt constellés d'auteurs.

Dans un film sans début ni fin, les entrelacements d'images et de sons constituent le potentiel fictionnel imaginaire que chaque spectateur investit durant le temps de sa connexion au projet. Les images sont transmises en direct dans des flux continuellement actualisés, pour lesquels le synchronisme des machines proposent pour une fois des temps partagés, dissensuels et expérimentés. En effet, la plupart de nos machines (audiovisuelles) s'appuie sur un système de diffusion d'un contenu identique pour un ensemble de spectateurs et pour un auditoire (one-to-many). Les webcams deviennent des caméras captant des scènes "fantômatiques" et improbables, les programmations activent des "moteurs" gérant le choix des webcams renouvelé chaque minute, la pixellisation des images (étrangement proches de scènes de jeux vidéo) et les travellings simulés par le déplacement de l'image agrandie dans la fenêtre du navigateur internet. Le suivi du film provoque les dramatisations et les articulations possibles d'actions et de scènes vues et entendues, sans interactivité, sans médiamétrie ni audimat, sans logique on-demand.

La "bande-son" est également réalisée en direct, simultanément à la réception du flux d'images, à l'aide de mixages jamais identiques entre plusieurs "pistes-son" dont chaque élément sonore est tiré, par des moteurs automatiques programmés qui organisent les occurrences sonores, de banques de sons alimentées par plusieurs "auteurs audio". Le mixage constitue la simulation d'une bande-son homogène qui s'associe aux images de manière fortuite, créant l'effet "no-cinématographique". Ce projet collectif rassemble plusieurs auteurs disséminés en France, au Canada et au Japon (à l'heure actuelle : Magali Babin, DinahBird, Christophe Charles, Yannick Dauby, Jérôme Joy, Luc Kerléo, Alain Michon, Jocelyn Robert).

Le développement en cours d’une interface audio (voire « radio »), intitulée audiomix veut renforcer les contructions sonores (« improvisées » par la programmation mise en place sur le serveur à partir des mêmes banques de sons), mais là sans l’attrait visuel, « cinématographique » des séquences de webcams. Cette interface audiomix active des modes de composition en ligne et en direct à partir des sons déposés sur le serveur par les auteurs, et propose une sorte de "table de mixage" accessible sur Internet. Sans image, nocinema.org ouvre une musique « infinie » composée télématiquement, en proposant des espaces électroacoustiques « sans mur ».

"Un jour, le cinéma en couleur suivra en gros plans les mouvements de couleurs les plus délicats, il nous découvrira un nouveau monde dont nous ne savons rien encore aujourd'hui et que, cependant, nous voyons dans la réalité de tous les jours".
Béla Balazs. L'Esprit du cinéma, 1930.

La rencontre entre le cinéma et les réseaux (ceux de l'Internet) stimule ce dispositif à la fois fictionnel et documentaire, comprenant la construction des narrations et des récits à partir d'une "incorporation", d'une appropriation et et d'un détournement des technologies. En effet, il s'agirait aujourd'hui de répondre à la logique des usages pré-construits et pré-organisés qui nous "appareillent" (et qui construisent aussi d'autres fictions mais celles-ci sans notre gré), par des propositions de récits et de pratiques, ici sous la forme d'une écriture cinématographique. Loin de vouloir poétiser notre environnement hyper-technologisé ou de rejeter de facto les appareils et les prothèses techniques que par ailleurs nous créons nous-mêmes et que nous suscitons, il s'agit d'y prendre corps, d'y constituer nos histoires, d'y inscrire nos mémoires et nos pratiques. C'est en cela que la pratique artistique est nécessaire à réfléchir et à écrire continuellement des émancipations individuelles et collectives sur nos certitudes consommatrices et passives.

Le projet nocinema.org prend à ce sujet une dimension "politique" malgré son aspect de flânerie "insensée" et d'interludes cinématographiques (on pourrait parler de "reposoirs" cinématographiques de nos machines, à l'image des reposoirs d'écran, appelés aussi "économiseurs") en contournant tous les principes de notre utilisation actuelle des technologies et des industries culturelles. Au lieu d'accélérer et de courir après ce qui nous consomme, il nous faut ralentir et écrire ces temps et espaces qui nous constituent. Paul Valéry, dans plusieurs textes au début du XXème siècle, a anticipé cette politisation (c'est-à-dire cette possibilité de préserver notre construction de situations humaines par l'apport de chacun), notamment dans cette maxime courte mais ô combien essentielle: Tout état social exige des fictions. Il est à rappeler l'étonnement et le renversement provoqué par une des premières "actions" virtuelles réalisée par un dispositif machinique, que nous avons appelé plus tard cinéma, lorsque les images projetées de l'entrée du train dans la gare de La Ciotat incitèrent les spectateurs à se baisser sur leurs sièges pour éviter la collision avec cette image plane représentant notre quotidien en mouvement, ou bien encore lorsque, d'un côté, Méliès proposait de nous faire entrer visuellement dans des changements inouïs d'échelles et nous faire voyager sur la Lune par des astuces malicieuses et techniques, et, de l'autre côté, Edison inventant l'enregistrement et la reproduction de la voix, voix qui apparût alors être celle de fantômes ou celle issue par quelle machination diabolique de l'imitation de l'homme par cette même machine.

"Il faut envisager un cinéma inachevé et incomplet pour que le spectateur puisse intervenir et combler les vides, les manques. Au lieu de faire un film avec une structure solide et impeccable. Il faut affaiblir celle-ci (...). La solution est peut-être d'inciter justement le spectateur à avoir une présence active et constructive. Je crois d'avantage à un art qui cherche à créer la différence. La divergence entre les gens plutôt que la convergence où tout le monde serait d'accord. De cette manière, il y a une diversité de pensée et de réaction. Chacun construit son propre film".
Abbas Kiarostami, Extrait d'une Conversation avec Jean-Luc Nancy, septembre 2000.


"Face aux avancées technologiques, je pense qu'il n'y a de salut que dans l'échec des performances. C'est à dire dans la face noire des techniques. Ce n'est pas par pessimisme que je dis cela, mais au contraire par optimisme. Ne pas être rigoureusement synchrone avec la technique, retarder ou accélérer les possibilités de la technique, c'est la seule manière d'être d'avant-garde. Accélérer l'accident, essayer de travailler avec. C'est tout mon souci".
Paul Virilio, Extrait d'un article paru dans les "Cahiers du Cinéma", juin 96.

Jérôme Joy
Dim 21 mai 2006.

La réalisation de Nocinema.org a été rendue possible par la collaboration avec les serveurs The Thing et nujus.net à New York.





  1. Gallery9, http://www.walkerart.org/, http://gallery9.walkerart.org/
  2. Dans la version actuelle. Il est prévu dans certaines variantes d'Interludes d'utiliser des sons en direct transmis par streaming.
  3. « Hypermusique, programmation, composition », conférence de Jérôme Joy, Imagina 98, « Les sens du numérique, nouvelles perceptions ».














   
   
   
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