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« Tout ce qui bouge sur un écran est du cinéma. » (Jean Renoir)


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Walter Ruttmann, Wochenende (Week-End), 1930

Weekend (Ein Film ohne Bilder/Film without pictures) Regie: Walter Ruttmann Premiere: 15. Mai 1930 (Berlin/Haus des Rundfunks) - Radio Sendung "Hörspiele auf Tonfilmen" am 13. Juni 1930.






Walter Ruttmann, « die Sinfonie der Großstadt » (Berlin, Symphonie d'une Grande Ville), 1927(Edit)

muet, 1927, n&b, 69 min.


Sans doute par provocation, en tout cas en réaction contre l’usage redondant du son dans le parlant - mais cela a-t-il évolué depuis cette époque ? - décida-t-il d’appeler film ce qui ne s’apparente qu’à une pièce radiophonique, voire à une œuvre électro-acoustique d’esprit futuriste - bruitiste - : Ruttmann qualifiat lui-même son film de Hoerspiel, de jeu acoustique.

Week-end fut montré au deuxième congrès du cinéma indépendant de Bruxelles, en 1930. Jean Lenauer décrit le film avec pertinence dans le journal Pour vous du 24 juillet 1930 : « C’est un film parlant sans images. Oui sans images, pas un disque de phonographe mais un enregistrement sur film monté selon l’esprit du cinéma et auquel il ne manque que les images purement visuelles ; de même qu’on a fait du film muet on peut aujourd’hui, pour ainsi dire, faire du film « aveugle » ». Dans ce même article, Ruttmann explique très clairement sa conception du son cinématographique. Au lieu de l’utiliser comme un élément « décoratif destiné à souligner l’image », il souhaite produire « des choses différentes de l’image ». Le cinéaste précise : « il y a une perspective des sons comme il existe une perspective des lignes et l’on obtient, suivant que l’objet s’approche ou s’éloigne du microphone, une gamme infiniment variée de valeurs sonores ». C’est à cette recherche somme toute assez naïve de nuances sonores cueillies sur le vif avec des moyens techniques rudimentaires mais étonnamment précis et à leur juxtaposition à l’état de bribes (de signes d’une époque) suivant une trame narrative assez cocasse - surréaliste - que nous assistons à chaque fois que nous écoutons (ou regardons) ce film.


Transcription de la bande(Edit)

(par Nicole Gabriel)

Gongs, tambours, scie, enclume, cloches, craquement, machines, train, voiture qui démarre, violon, piano.

- Allo, Mademoiselle.

Sonnerie.

- S’il vous plaît. Quarante-quatre, quatre, zéro.

- Le roi des aulnes (une fillette).

Moteur, sifflet, caisse enregistreuse, foule.

- Je m’interdis cela.

- S’il vous plaît.

- Qui chevauche si tard à travers la nuit et le vent (la fillette).

Caisse enregistreuse.

- C’est le père avec son enfant.

Scie, machine à écrire.

- Mademoiselle, vous m’avez mis en relation avec un mauvais numéro.

Sifflet.

- Döner, quarante-deux, quatre, zéro.

- Quatre fois quatre font... (une fillette).

- Troisième étage : jouets, chaussures, alimentation.

Machine à écrire.

- Ecoutez-moi donc.

- Aussi instamment que poliment.

- Allo, Mademoiselle.

- Mon fils.

Scie, piano, vocalises, violon.

- Mais, Mademoiselle.

- Mon fils, c’est...

- Ce soir, nous allons...

Enclume frappée.

- Collègue de Kleidt.

Enclume.

- Dieu merci.

Caisse enregistreuse, coups sourds, scie...

- Allo.

- Regarde.

Coups sourds.

- Mon père.

- Attention.

Coups qui s’accélèrent.

- Allo.

- Père.

Coups.

- Attention.

Rafale de coups, scie électrique, puis calme.

- Neuf-cents.

Clocher sonnant l’heure, coucou d’une horloge, sirène, avion, homme sifflotant, moteur.

- Nous allons nous dépêcher.

- Bon appétit.

- Fais-le donc.

- Oui pourtant.

Moteur, bruit de pas, portes, cloches, sifflement.

- Bonjour.

Klaxons, rires, chanson : « La randonnée, c’est la joie du marcheur ». Coq, poules, chanson, moteur, cloches, chœur interprétant l’hymne allemand en sourdine, tourterelle, chanson sur la randonnée, coq, fillettes (...) tourterelle, homme, rires, cris d’animaux de basse-cour, chanson, marche (...) voiture, fanfare lointaine re rapprochant (...) miaulements, accordéon, chanson, bouteille qu’on débouche, aboiements, rires, chanson, cloches de bétail, horloge, sonneries de réveil, sirènes, voiture, baillements, caisse enregistreuse, véhicules, machine à écrire, moteur, soupir.

- Aussi, s’il vous plaît...(chiffres), machine à écrire.

- Zéro ( ?)


Walter Ruttmann est une des plus attachantes personnalités du cinéma que j'aie rencontrées. Son étonnant visage, son regard profond, son corps long, ses mains maigres et nerveuses traduisent bien l'individu et son esprit.

Rien n'est plus difficile que d'arracher à cet homme une confession intellectuelle. Plus on le connaît et plus on respecte son silence. Il semble que toute question vienne troubler le travail intérieur intense que son cerveau poursuit sans trêve.

Il s'exprime comme il pense : des paroles s'échappent, des phrases se forment mais il faut lire entre les mots, interpréter pour en saisir jusqu'au fond la subtilité. Qu'on me pardonne si je n'y arrive pas toujours et qu'on me permette aussi de remercier sa femme, la pianiste Nina Hamson qui souvent, guidée par uninstinct féminin admirable, devine et explique avec une intelligence rare, ce que Ruttmann ne précise que dans des oeuvres.

Ruttmann a terminé il y a quelques temps à Berlin Hoerspiel (Jeu acoustique) intitulé Weekend. C'est un film parlant sans images. Oui, sans images, pas un disque de phonographe mais un enregistrement sur film monté selon l'esprit du cinéma et auquel il ne manque que les images purement visuelles ; de même qu'on a fait du film muet on peut aujourd'hui, pour aisni dire, faire du film "aveugle"

Fasciné par la possibilité de photographier le son, Walter Ruttmann a poussé là jusqu'à la perfection les recherches dont il nous avait donné une première idée avec Mélodie du monde.

"- L'invention du film sonore et parlant coïncide, dit-il avec le désir qu'ont, à l'heure actuelle, les musiciens et les gens de théâtre, d'élargir leurs moyens d'expression.

Je vous accorde que les effets qu'on a tirés jusqu'ici sont loin de justifier mon assertion. Il est rare que le sonore soit employé avec intelligence. On ne l'utilise trop souvent que comme un facteur décoratif destiné à souligner l'image et on néglige à peu près completement l'interet essentiel de ce nouveau moyen : la possibilité d'exprimer à l'aide des sons des choses différentes de l'image.

Hors des limites imposées aux instruments, nous disposons aujourd'hui d'un champ étendu : tout ce qui est audible nous appartient et nous pouvons puiser dans la vie même plus que nous l'avons fait avec le film muet. Ce domaine se trouve encore élargi par les conditions de l'espace ; il y a une perspective des sons comme il existe une perspective des lignes et l'on obtient, suivant que l'objet s'approche ou s'éloigne du microphone, une gamme infiniment variée de valeurs sonore.

J'entends bien que le fait de reproduire les sons naturels, les bruits que nous pouvons saisir au passage dans la vie, n'est pas plus de l'art que le fait de photographier au hasard les images qui se presentent qutour de nous. Mais il en est la matière. L'art intervient pour choisir, coordonner, composer une suite harmonieuse de tous ces éléments épars.

Grâce au film parlant qui permet de faire un montage des sons exactement comme les cinéastes pratiquaient jusqu'ici le montage de leurs films d'images, cette composition est désormais possible. L'image et le son se complètent alors et ceci dans une telle harmonie que l'un n'est plus, souvent, que le prolongement de l'autre.

C'est le procédé que j'ai employé dans Weekend, mon film sans image. J'ai essayé de donner au son par un montage approprié sa plus grande valeur évocatrice, et je m'en suis servi, non comme d'un jouet, mais comme d'un thème d'une partition".

Voici un extrait d'un résumé du découpage de Weekend, film qui retrace les émouvantes sonorités qu'un artisan de la taille de Ruttmann peut découvrir dans un morceau de notre vie quotidienne :

1.Jazz du travail : - jazz gai, presque musical des bruites du travail, en contrepoint travaillé rythmiquement. - contrpoint plus simple : les bruits divers sont plus clairement caractérisés. - La machinerie gémissante du travail : la fatigue, la peine du travail, l'épuisement. La machine marche ritardando.

Le "matériel" qui sert ce jazz se compose de bruits de : machines à écrire, des sonneries de téléphone, d'une caisse d'enregistrement, des machines multiples, des marteaux, des scies, des limes, des dictées et des ordres.

Ensuite vient le repos du dimanche, l'exode dans la campagne, la vie en plein air, le retour, la reprise du travail.

Il est dificile de se rendre compte de la richesse des moyens nouveaux d'après ces notes concises. peut être quelques exemples pourront-ils préciser l'idée.

Ainsi le mot "au revoir" est utilisé grâce au montage comme un accord musical. les trois syllabes qui le composent prononcées sur des tons différents, par des voix différentes, constituent un véritable développement harmonique.

Le chiffre quatre est employé à un moment donné d'une façon particulière, c'est à dire comme liaison sonore. Un abonné demande un numéro de téléphone se terminant par "quatre". Le "quatre" est repris par une voix d'enfant : quatre et quatre font... Et un garçon d'ascenseur coupe en annonçant : quatrième étage, lingerie, layettes, etc.

Ce n'est donc pas pour faire débiter des plaisanteries de plus ou moins mauvais goût que les paroles sont employées, pas plus que les bruits ne sont destinés à l'amusement des grands et des petits enfants (est ce que cela amuse réellement?). Il s'agit de rendre au monde sonore sa signification humaine.

Aisni les barrières linguistiques qui semblent créees par l'avènement de taklie "sont abolies". On comprend facilement l'intrigue en ignorant completement la langue dans laquelle s'expriment les acteurs.

Ceci m'amène d'ailleurs au prochain travail de Ruttmann

Il commencera dans peu de temps un film parlant. L'action se passe dans une petite ville provinciale du sud de la France. Une troupe de cinéma y débarque. La vie paisible des habitants est bouleversée par l'arrivée inopinée des artistes. Des complications. Révolution des habitudes/ Changements d'horizons...

Le sujet esquissé ici est dû à Ruttmann. Il y appliquera en grand ses idées sur le parlant. Il n'y aura qu'une seule version.

"Chaque mot possède son geste correspondant, m'explique-t-il. Si un Nègre est furieux, nous comprenons sa fureur, sans qu'il nous soit necessaire de connaître sa langue, le Chinois sourit et nous comprenons. Tout sera donc comprehensible et nous n'aurons pas besoin de faire cinq ou six ou je ne sais combien de versions différentes.

"M femme, Nina Hamson, y jouera aussi et chantera, mais non pas uniquement pour montrer les capacités du microphone"

Encore quelques attaques pratiques de cette importance et nous aurons de nouveau l'espoir qu'on nous rendra notre "cinéma" d'antan, enrichi et plus merveilleux que jamais."







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