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« Tout ce qui bouge sur un écran est du cinéma. » (Jean Renoir)


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Horizon Cinéma, par Jean-Michel Frodon

Ce texte redéfinit la place qu’occupe l’art cinématographique dans le nouveau rapport au monde instauré par le numérique et la globalisation. A l’aube du xxe siècle, la naissance du cinéma a correspondu à un besoin de l’humanité, qui perdure aujourd’hui encore, même s’il est devenu minoritaire vis à vis des formes plus récentes d’audiovisuel.

La thèse de Jean-Michel Frodon est que le cinéma est désormais « en situation critique », aux deux sens du terme : il est affaibli dans le contexte du tout numérique et de la mondialisation, mais ses caractéristiques propres le mettent en situation d’alimenter une réflexion critique sur le monde contemporain et la multiplicité des images qui nous entourent. « Le rapport au collectif et le rapport au réel, caractéristiques du cinéma, lui donnent la capacité d’ouvrir pour chacun à la fois un rapport et un écart avec les images et avec les histoires. Le cinéma rend possible la construction d’un lien avec le monde des humains et avec soi-même comme membre de ce monde. »

Jean-Michel Frodon est directeur de la rédaction des Cahiers du cinéma. Il a été journaliste au Monde durant 13 ans. Il a créé le groupe de réflexion sur le cinéma L’Exception et est l’auteur de nombreux ouvrages sur le cinéma.


Jean-Michel Frodon, Le Cinéma du 21ème siècle






Une mutation qui réorganise nos structures sociales collectives de façon symétrique et quelque peu contradictoire. D’une part, l’individualisme croît par rapport aux structures collectives et d'autre part, l’individu « se sent en symbiose à l’échelle de l’humanité toute entière » provoquant une standardisation des modes de vie et des modèles socio-économiques (genre pub Coca-Cola : un seul monde pour tous !).

Le système de représentation du monde qu’est l’art, la singularité de son regard par rapport au formatage de la globalisation n’en sort guère indemne. Est-il menacé ? La question mérite d’être posée car la mise en forme d’une perception du monde est le propre de toutes les grandes civilisations, ce qui les fait perdurer et permet d’en saisir la complexité et les mécanismes.

Geste singulier, individuel, accompli par un artiste, l’émotion esthétique a développé au cours des siècles divers modes d’expression. La société industrielle des deux siècles précédents a généré des arts qui lui correspondaient dont le principal est le cinéma (« une invention sans avenir » prédisait Louis Lumière, opinion que Jean-Luc Godard rappelle malicieusement dans Le Mépris).

Le cinéma possède quelques caractéristiques fortes : être issu de l’âge des machines, être un art collectif, et être un art de l’enregistrement. Ces caractéristiques lui permettront-elles de s’adapter à l’ère du numérique ? Pourquoi pas. En tout cas, le numérique, qui a commencé à s’implanter dans la post-production, gagne l’enregistrement via la DV-Cam, la HD-Cam (même si des firmes comme Panavision ou Aaton mettent au point une caméra permettant de passer de l’analogique au numérique en changeant de magasin) et dans un avenir proche la diffusion en salles.

Le numérique, s’il n’est pas un support neutre, a l’avantage de permettre aux films à petits budgets de se réaliser mais provoque des réactions contradictoires tant du côté des professionnels que du côté des critiques. D’une part, se tient un discours annonçant qu’avec la fin des techniques analogiques et l’essor des projections numériques dans les multiplexes, on assiste à la mort du cinéma. De l’autre, un discours post-moderniste qui prétend que le cinéma se décline avec la webcam ou la caméra de surveillance, que les dispositifs évacuent la place du réalisateur (on n’est pas loin de la fontaine/urinoir de Marcel Duchamp). Dès lors, quelle est désormais la position du septième art dans un régime dominé par un audiovisuel numérique ?

Tout d’abord, il se distingue radicalement de la télévision ou le flux continu d’images offre du temps insécable tandis que le cinéma offre du temps sécable (+ ou- 90 minutes). De même, la télévision défend une logique de diffusion et non d’élaboration créative.

Jean-Michel Frodon a une belle formule pour définir l’espace cinématographique : un dispositif critique. « Ses caractéristiques particulières le mettent en situation d’alimenter une réflexion critique sur le monde contemporain caractérisé par le couple numérisation/globalisation » même s’il est affaibli et donc en position critique lui-même, instable. C’est l’écart vis-à-vis du dispositif dominant, c’est-à-dire « son rapport au collectif et son rapport au réel » qui singularise le cinéma par rapport au régime général des images. Si la télévision tend à homogénéiser la représentation ou si le jeu vidéo fragmente le monde à travers les différentes possibilités d’interventions du sujet (interactivité –encore que… on peut en discuter), le cinéma s’appuie sur un autre régime de croyance. Il y a un désir chez le spectateur de vouloir croire « sinon il ne se passe rien ». Le pouvoir du cinéma est d'ouvrir à un monde imaginaire. Un imaginaire se branche sur un autre imaginaire pendant un laps de temps déterminé. Le cinéma réorganise le monde selon nos désir ou pour être plus précis : " Le cinéma substitue à notre regard un monde qui s'accorde à nos désirs" dit Jean-Luc Godard dans le générique du Mépris (détournant une phrase qu'il attribue finement à André Bazin).

Cette croyance est-elle encore compatible avec les processus socio-économiques et idéologiques de la globalisation et du formatage qui l’accompagnent ? Le cinéma est un espace de liberté dans un monde qui tend à abolir les écarts. Ceux-ci sont précisément la caractéristique de la démarche artistique. Le cinéma créatif passe d’une position majoritaire (l’âge d’or des années 30-70 ) à une position minoritaire. S’il connaît actuellement une phase de mutation, il n’est pas inutile de rappeler que de phénomène de foire à ses débuts, il a passé les trente premières années du XXème siècle à vivre les turbulences du muet, de la colorisation, du son, bref, à se transformer.

Jean-Michel Frodon conclut que grâce à cette position minoritaire :

....................« L’art, pour ceux qui le font mais aussi pour ceux qui s’y confrontent, ne construit jamais du majoritaire. Il peut y avoir beaucoup de minorités, qui ne se confondront jamais en une majorité, encore moins en un unanimisme. Tant mieux. Il revient aux membres de ces minorités, c’est-à-dire en principe à chacun, de transformer de manière dynamique, critique, volontariste, ce « laisser-faire » propre au système totalisant en force de mise en crise (c’est le sens premier, et ultime, du mot critique) du dispositif global. Mettre en crise ce dispositif, y compris dans les conforts qu’il nous offre, c’est redonner la possibilité de se construire : cet enjeu est donc au sens général, mais également dans son acceptation plus précise, un enjeu d’éducation. Le cinéma est apte à jouer un rôle important pour les enfants en phase de construction de leur personnalité mais aussi pour tous, à tout âge, puisque la construction de soi comme sujet est un processus qui ne cesse jamais ».

Auteur de l'article : Jean-Michel Vlaeminck

Référence : Jean-Michel Frodon, Horizon Cinéma, collection 21ème siècle, éditions des Cahiers du Cinéma, 96 pages.

Source : http://www.cinergie.be/article.php?action=display&id=474




Jean-Michel Frodon, Horizon Cinéma






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